samedi 26 septembre 2009

Les photos dans les articles de Chroniques de Buenos Aires

Une entrée dans Barrio de Tango pour vous informer que j'ai enfin pu intégrer quelques photos dans les articles des Chroniques de Buenos Aires relatifs à mon séjour du mois d'août 2009...
Il me reste encore à publier quelques articles sur le Festival et le Mundial toujours en souffrance, un article de la série Dimanche à Buenos Aires et les photos du dernier spectacle au cours duquel Alorsa a chanté et que j'ai eu la chance, la triste chance, de voir le 27 août dernier, à la Ciudad Cultural Konex...

vendredi 25 septembre 2009

Le Café La Poesia déclaré sitio de interés cultural par la Legislatura Porteña [Actu]

Décidément, c’est la fête à Horacio Ferrer (1) en ce moment ! Je vous ai déjà parlé de la sortie de son tout dernier livre, qu’il dédicace en fin d’après-midi à Zivals ce soir même (lire l’article) et de la remise d’un doctorat Honoris Causa à l’Université USAL (Universidad del Salvador) mercredi prochain (lire l’article). Depuis la capitale argentine, en août, je vous avais relaté le très beau spectacle qui lui rendait hommage au Festival de Tango de Buenos Aires, au Teatro Avenida, pour les 40 ans de la création de Balada para un loco (lire l’article). Eh bien, lundi en huit, ce sera encore un autre hommage qui lui sera rendu dans un cadre particulièrement symbolique et à n’en pas douter très émouvant pour lui...

Le Café La Poesia, où Horacio Ferrer a fait la connaissance de sa femme, l’artiste peintre Lulú (Lucía) Michelli,

¿Te acordás del café La Poesía,
esa mágica noche en San Telmo?
Buenos Aires urdió nuestro encuentro,
tan romántica y dulce Lulú.
(Lulú, vals, paroles Horacio Ferrer, musique Raúl Garello) (2)
Te souviens-tu du café La Poésie,
De cette nuit magique à San Telmo ?
Buenos Aires ourdit notre rencontre,
Si romantique et si tendre Lulú.
(Traduction Denise Anne Clavilier)

sera officiellement déclaré (3) sitio de interés cultural (ça se traduit tout seul) le lundi 5 octobre à 11 h du matin (ça, en revanche, c’est moins agréable : Horacio Ferrer est un nochero, il vit plus volontiers la nuit que le jour... Alors 11 h du mat ! Quel est le legislador (4) qui a inventé pareille torture ?).

Le Café La Poesia fait l’angle des rues Bolivar et Chile et c’est dans le quartier de San Telmo (c’est écrit au-dessus !).

Au cours de cette cérémonie, le Maestro (on y arrive) recevra la statuette du Mozo Notable (le garçon de café remarquable) pour l’ensemble de sa carrière (elogio a la trayectoria).

Felicitaciones, Maestro !
Et félicitations aussi au patron de La Poesia et à tout le personnel de ce sympathique café de ce tout aussi sympathique coin de San Telmo (y a-t-il d’ailleurs à San Telmo un coin antipathique ?)

Pour en savoir plus :
Dans la Colonne de droite, vous trouverez plusieurs liens thématiques qui vous guideront au milieu des 850 articles déjà publiés dans Barrio de Tango (celui-ci est précisément l’article n° 850 et je suis fière et heureuse qu’il rende hommage à un poète que j’admire beaucoup, que j’adore traduire même si je sue sang et eau à chaque fois, à l’exception notable de Lulú d’ailleurs, et à un homme auquel je voue une très respectueuse affection) :
les poètes et les Troesmas dans la rubrique Les artistes (Horacio Ferrer figure sous l’un comme sous intitulé), Barrio de San Telmo dans la rubrique Quelques quartiers, villes et lieux pour savoir ce qui se passe dans ce coin du centre historique de la capitale argentine et enfin le raccourci Horacio Ferrer, dans la rubrique Vecinos del Barrio qui se traduit Les habitants du quartier (section Poètes).
Dans la partie basse de la Colonne de droite, vous trouverez aussi le lien vers le site de la Academia Nacional de Tango, que le Maestro Ferrer a fondée il y a 19 ans et qu’il préside toujours aujourd’hui.

(1) "c’est la fête à" : expression française très populaire, très fréquente et néanmoins épouvantable barbarisme au regard de l’Académie Française. Mélange entre "c’est la fête de quelqu’un" (anniversaire, fête patronymique, remise de prix) et "faire la fête à quelqu’un" (bien l’accueillir, lui souhaiter la bienvenue, l’honorer, lui rendre hommage). A ne pas confondre avec l’expression "c’est sa fête !", qui est une antiphrase (c’est l’intonation du locuteur qui vous l’indiquera) et qui veut dire exactement l’inverse, à savoir que la personne n’est pas "à la fête" : elle passe un mauvais moment. Par exemple, étant donné que la cérémonie est à 11h du matin, on pourrait presque dire, pour s’amuser et faire un mot d’esprit (parce que ce n’est pas tout à fait exact), que pour Horacio Ferrer, la cérémonie à 11h du mat, "ça va être sa fête !" Voir plus bas dans la suite de l’article l’explication horaire...
(2) Cette valse a été enregistrée à deux reprises et les deux enregistrements valent le détour... Par le chanteur uruguayen, feu Gustavo Nocetti, qui était aussi un ami personnel du Maestro Horacio Ferrer, dans Homenaje a Woody Allen, édité par Melopea Discos (avec l’orchestre dirigé par le Maestro Raúl Garello lui-même), en 1992. Et par Horacio Ferrer en personne, qui le récite sur solo de bandonéon du Maestro Garello, dans Diálogo de Poeta y Bandoneón, édité par Pichuco Records pour le CD et par Aguila Taura pour le DVD, en 2004.
Dans les poèmes et letras qu’il a écrits pour sa femme (pardon, "pour la femme dont il est l’homme", selon l’expression qu’il emploie lui-même -il faut l’inventer tout de même !), Horacio Ferrer cite plusieurs cafés et plusieurs lieux de Buenos Aires, avec cette précision hallucinante qu’ont les poètes de cette ville pour évoquer la matérialité urbaine en mélangeant un réalisme hallucinant et une vision très personnelle, métaphorique souvent chez Horacio Ferrer, surréaliste chez Homero Expósito, romantique chez Enrique Cadícamo, glauque chez Celedonio Flores, magnifié par le temps qui passe chez Homero Manzi...
(3) La declaración de interés cultural est une forme de distinction qui provient d’une institution (ici l’assemblée législative de la Ville Autonome de Buenos Aires, mais ce peut être un conseil municipal, un gouvernement provincial, un ministère national, une Academia au sens solennel du terme, pas au sens de simple école artistique...). En l’occurrence, la déclaration par une assemblée législative procède d’un vote en bonne et due forme, suivi de l’édition d’un document écrit, voire d’une cérémonie avec dévoilement de plaque et tous les symboles qui peuvent accompagner une remise de décoration... A Buenos Aires et dans toute l’Argentine en général, c’est une distinction qui a beaucoup de valeur.
(4) Legislador : parlementaire, membre élu du Parlement. En France, on dira volontiers dans ce cas "représentant du peuple".

jeudi 24 septembre 2009

Daniel Melingo à ND Ateneo demain soir [à l’affiche]

Affiche extraite du site de ND Ateneo

Daniel Melingo, qui vient de recevoir le prix Gardel 2009 (1) pour son album Maldito Tango (meilleur album masculin de tango), se produit le 25 septembre à 21h, en remplacement de son récital, qui aurait dû avoir lieu le 25 juillet et qui a été annulé pour cause de politique de prévention anti-grippe A. C’était au beau milieu de sa tournée européenne. Un aller-retour pour rien ! Enfin pas tout à fait puisqu’il y a eu aussi l’annonce des Gardel de l’année.

Ce sera donc vendredi 25 septembre, au Théâtre ND Ateneo, Paraguay 918, dans le quartier de Retiro.

La contagion étant à présent du passé, en tout cas au niveau collectif, les concerts annulés réapparaissent les uns derrière les autres.

Autour du chanteur, demain soir, il y aura pour l’accompagner Rodrigo Guerra (banjo, oud, bouzouki, trombone, scie musicale), Pato Cotella (contrebasse), Gustavo Paglia et Leandro Snaider (bandonéons) et Hernán Reinaudo (guitare). Ils jouent ensemble sous le nom de groupe de Ramones del Tango.
Daniel Melingo est actuellement en plein enregistrement de son prochain disque. A suivre...
Pour en savoir plus sur les prix Gardel de cette année, lire mon article de présentation des candidats avant le vote et mon article sur la remise ou plus exactement la non remise des prix (pour cause de grippe A) après le vote.
Tous mes articles sur Daniel Melingo (dont celui sur l’interview accordée à Página/12 en avril de cette année) sont accessibles en cliquant sur son nom dans le bloc Pour chercher, para buscar, to search, en haut de l’article, ou dans la rubrique Vecinos del Barrio, dans la Colonne de droite.
Vous pouvez également lire les articles consacrés à Hernán Reinaudo, le guitariste tous azimuts du tango d’aujourd’hui. Hernán dispose de son propre raccourci parmi les Vecinos del Barrio (habitants du quartier).

(1) Ce choix, qui est celui des professionnels argentins de la musique et du disque, a surpris les observateurs et fait grincer pas mal de dents dans le landerneau tanguero de Buenos Aires. Dans l’ensemble, le palmarès tango des prix Gardel cette année n’était pas celui que l’on attendait, il faut reconnaître aussi qu’il a laissé de côté de très grands musiciens. Daniel Melingo pour sa part est sans doute plus apprécié en dehors des frontières qu’en Argentine même où son esthétique et ses choix musicaux, comme compositeur et comme instrumentiste, partagent fortement le public en deux groupes. Ou on aime ou on déteste. En tout cas, là-bas, il ne laisse personne indifférent. Il a fait récemment, en mai, la couverture de El Tangauta, une des revues spécialisées les plus importantes de Buenos Aires.
Parmi mes amis, j’ai un nombre à peu près équivalent de musiciens qui détestent son style (et généralement ne connaissent pas l’homme, parfois même ne l’ont jamais vu sur scène) et d’autres qui apprécient et le musicien et le chanteur et l’artiste de scène, les uns connaissant l’homme, les autres non.

Julio Coviello en quatuor au Musetta Café ce soir [à l’affiche]

Affiche diffusée par Julio Coviello

Julio Coviello est le premier bandonéon de la Orquesta Típica Fernández Fierro. Il donne ce soir, à Almagro, esquina Billinghurst y Tucumán, un concert en formation de quatuor, dans un café, le Musetta.

L’accompagnent un pianiste, un contrebassiste, un guitariste (guitare électrique) et un chanteur, Mariano Mazzei.
L’affiche annonce un tango à tempo réduit (corto), qui ne tourne pas autour du pot (sin vueltas) et qui ne mâche pas ses mots (crudo)...

A voir, à 20h (c’est tôt et ce n’est pas cher : 10 $).
En plus, l’affiche est très originale.

mercredi 23 septembre 2009

Cucuza en milonga et au CCC [à l’affiche]

Le chanteur Cucuza se produira samedi à la milonga del Morán, au Club Social Deportivo Morán, Pedro Morán 2446, à 22h, dans le quartier périphérique d'Agronomia. Il sera accompagné du Trío Malo Conocido. Et il y aura aussi un démonstration des danseurs Roxana Suarez et Sebastián Achaval.
* * * * *

Le mercredi 30 septembre, à 21h30, il sera au CCC Floreal Gorini pour la reprise, sans Alorsa (1), de son spectacle Con-Vivencia Tanguera, où avec de nombreux artistes invités, il chante des tangos classiques et des tangos d’auteurs actuels, comme Raimundo Rosales et Luis Alposta, Héctor Negro et Daniel Melingo.
Alorsa, qui était venu la première fois, à l’automne, sera présent encore une fois grâce à la magie de la vidéo et du DVD qu’il avait enregistré et autoproduit (Tangos y otras hierbas). J’imagine que pour tout le monde, mercredi prochain, ce sera un gros pincement au coeur. Je pense à Walter Alegre, le coordinateur de la Ciudad del Tango qui organise la programmation de Tango de Miércoles, à Cucuza lui même, à Juan Vattuone, à Moscato Luna (avec qui Alorsa rêvait de venir un jour chanter en Europe), à Cardenal Domíguez avec qui nous avions passé ce bon moment à discuter, le 24 août au soir, jusqu’à pas d’heure, après leur spectacle successif à la Ciudad Cultural Konex à l’Abasto.

Tous ces artistes seront là, mercredi prochain, pour partager cette deuxième soirée.
Un abrazo grandote a todos.

Pour en savoir plus sur les artistes cités plus haut : cliquez sur leur nom dans le bloc Pour chercher, para buscar, to search, entre le titre et le corps de l’article ou dans la rubrique Vecinos del Barrio, dans la Colonne de droite, partie supérieure (vous trouverez leurs noms sous les sections Poètes, Auteur-compositeurs-interprètes ou chanteurs). Sous ces raccourcis, j’ai rassemblés tous les articles que je leur ai déjà consacrés dans Barrio de Tango.
Pour en savoir plus sur la première édition de Con-vivencia Tanguera, vous pouvez vous reporter à l’article initial où j'annonçais le spectacle et au Retour sur images qui l'avait suivi.




(1) Il nous a quittés pour toujours le 30 août dernier, à notre plus grande surprise et notre plus grand chagrin.

Horacio Ferrer honoré par l’Université du Sauveur [à l’affiche]

Le poète Horacio Ferrer, président de la Academia Nacional del Tango, pour le cas où vous ne le sauriez pas (1), recevra le 30 septembre à 18h30 le diplôme de Docteur Honoris Causa de la Universidad del Salvador des mains de son recteur, le Docteur Juan Alejandro Tobías.

La Universidad del Salvador (université du Sauveur, en français) est l’université de la Compagnie de Jésus à Buenos Aires. Elle est située avenue Tucumán à la hauteur du numéro 1845. La cérémonie aura lieu dans l’amphithéâtre San Ignacio de Loyola.
Horacio Ferrer délivrera ensuite une conférence sur le thème : Le Tango, l’Art et le Mystère.


Pour ceux d’entre vous qui connaissent Barrio de Tango depuis un bon moment déjà, vous vous souviendrez peut-être de l’interview qu’il avait donnée à Marcelo Villegas sur la créativité et où il abordait déjà des thèmes similaires ou connexes (cf. mon article sur l'édition de février 2009 de Noticia Buena).

Ce n’est pas la première fois que le Maestro Horacio Ferrer est distingué ainsi par une autorité ecclésiale. Généralement par les Jésuites d’ailleurs et ce n’est pas un hasard. Les Jésuites sont de toutes les congrégations catholiques celle qui a toujours eu le plus de soucis de respecter les spécificités culturelles de cette terre, depuis l’aventure des Missions au nord de l’Argentine, à la frontière avec le Paraguay et la Bolivie. Il n’est donc pas étonnant que le Cardinal Bergoglio, archevêque de Buenos Aires et lui-même prêtre de la Compagnie, puis l’Université del Salvador se manifestent de la sorte. C’est que l’oeuvre poétique de Horacio Ferrer intègre à la fois la quête identitaire spécifique à la culture naissante de l’Argentine (et de l’Uruguay, Horacio Ferrer a les deux nationalités) et la quête spirituelle, pour ne pas dire la dimension mystique de l’homme, à sa façon à lui bien sûr, qui n’est pas celle d’un saint Ignace mais qui, pour autant, n’est pas à négliger pour quiconque veut bien se laisser travailler de l’intérieur par la question ouverte de la transcendance. Voyez non seulement María de Buenos Aires, où cela saute aux yeux et aux oreilles bien sûr (pour autant que vous vous donniez la peine de le lire, ce qui n’est pas à la portée de tout le monde, vu la complexité du vocabulaire et de la syntaxe dans cette oeuvre), comme dans deux autres pièces scèniques que sont les deux oratorios, Oratorio Carlos Gardel (musique d’Horacio Salgán, 1976) et, beaucoup moins connu mais tout aussi beau, El Pueblo joven (musique d’ Astor Piazzolla, 1971) et aussi dans bien des tangos, des valses, des milongas, comme Lulú, Mi loco bandoneón, El Gordo triste, Preludio para año 3001 ou Yo Payador...

En illustration de l’article, le carton d’invitation officiel... Joli, non ?

Pour en savoir plus sur Horacio Ferrer : cliquez sur son nom dans le bloc Pour chercher, para buscar, to search, ci-dessus, sous le titre ou dans la rubrique Vecinos del Barrio, dans la section des Poètes. Vous accéderez ainsi à l’ensemble des articles que je lui ai déjà consacrés dans ce blog, depuis sa création le 19 juillet 2009.

Pour aller plus loin :
Le site de la Universidad del Salvador
Le site de la Academia Nacional del Tango est accessible dans la Colonne de droite, en partie basse, dans la rubrique Les Institutions. Le Maestro Horacio Ferrer ne dispose pas de site Internet personnel.
(1) Vous ne lisez pas assez Barrio de Tango, dans ce cas. Ou alors vous le lisez mal.

mardi 22 septembre 2009

Homero Manzi porté au grand écran : sortie jeudi prochain [à l’affiche]

Affiche du film

Jeudi prochain, le 23 septembre, sortie à Buenos Aires du film de Eduardo Spagnuolo, Homero Manzi, un poeta en la tormenta, un long métrage dramatique qui raconte la courte et féconde vie du poète, journaliste, compositeur, scénariste, écrivain, cinéaste et militant de la cause nationale que fut Homero Manzi, né dans le domaine de Añatuya, en province de Santiago del Estero, le 1er novembre 1907, et décédé, à Buenos Aires, le 3 mai 1951, à seulement un peu plus de 43 ans. C’est son fils, le Maestro Acho Manzi, qui a participé à l’élaboration du scénario. Un gage d’authenticité, car Acho Manzi est très vigilant sur ce qui se fait, se dit et s’écrit sur son père.

C’est l’acteur Carlos Portaluppi qui prête ses traits au poète avec, semble-t-il, beaucoup de réalisme. Acho Manzi lui-même est interprété par le jeune Martín Slipak. Elément remarquable, le film ne passe pas sous silence la douloureuse aventure extraconjugale du poète avec son interprète de prédilection, la grande chanteuse, Nelly Omar, elle-même parolière et compositrice. C’est un aspect de la vie de Homero Manzi qui est resté pieusement tu jusqu’à la mort de l’épouse légitime, Doña Casilda, il y a quelques années seulement. Nelly Omar elle-même s’était bien gardé d’en dire un seul mot pendant près d’un demi-siècle et quand elle en parle aujourd’hui, on peut deviner une distance amère entre la vieille dame d’aujourd’hui et ses souvenirs terriblement prégnants (voir mon article sur l’interview qu’elle avait accordée fin avril à Página/12 avant son concert annuel au Luna Park).

Second élément qui mérite de retenir notre attention : le film ne s’arrête pas à l’oeuvre du poète ou de l’artiste (1) mais il parle aussi de son engagement politique et de son compagnonnage militant avec Arturo Jauretche, un militant radical comme lui et l’un des grands écrivains de l’identité nationale (avec Manzi lui-même et Raúl Scalabrini Ortiz, dont c’est officiellement l’année actuellement, voir mon article à ce sujet). Ensemble, Manzi (sous son vrai nom, Homero Manzione) et Jauretche fondèrent le mouvement FORJA, pendant la Década Infame, pour défendre et promouvoir l’identité argentine et l’indépendance économique, politique et géostratégique du pays à l’heure où celui-ci était à la botte d’abord de l’Angleterre puis des Etats-Unis et servait avant tout les intérêts commerciaux et diplomatiques de ces deux grandes puissances. La FORJA fut dissoute par ses fondateurs peu après l’élection à la présidence de la République de Juan Domingo Perón, dont Homero Manzi ne vit pas la seconde élection (voir l’article sur les grandes dates de l’histoire de la région, dans la Colonne de droite, partie médiane, dans la rubrique Petites chronologies).

Troisième élément à retenir : la présence du tango dans le film, sous forme musicale (la bande-son cite 28 morceaux écrit par Homero Manzi) et sous forme chorégraphique (cette partie a été conçue et dirigée par Dolores de Amo, dont j’ai parlé récemment, lorsqu’elle a été reçue à la Academia Nacional del Tango, voir mon article du 15 août).

Enfin, vous le savez, ce blog a emprunté son nom à l’un des plus grands tangos du Maestro Homero Manzi, Barrio de Tango, un tango écrit là aussi à la fin de sa vie, en 1948, lorsqu’il se savait atteint de ce cancer qui allait l’emporter après plus de trois ans d’une lutte acharnée pied à pied contre la mort et debout, à la présidence de la Sadaic. Ce choix de ma part n’était pas un hasard (voir l’explication tout en bas de l’écran).

Espérons (on peut toujours rêver) que ce film pourra être un jour projeté en France et en Europe.

Pour aller plus loin :
reportez-vous tout d’abord à l’interview vidéo de Acho Manzi, Eduardo Spagnuolo (le réalisateur) et Carlos Portaluppi (l’interprète principal), diffusée sur le site de Clarín (cliquez sur le lien).
Pour voir des images et des extraits du film, reportez-vous au site consacré au film lui-même ainsi qu’au portail du cinéma argentin qui présente une fiche très complète sur cette prochaine sortie.
Et pour en savoir plus sur Homero Manzi, en espagnol, allez visiter le site que Acho Manzi a ouvert sur son père. Certaines pages sont encore en construction mais le site présente déjà de très nombreux documents passionnants. Le lien se trouve dans la Colonne de droite, en partie inférieure comme tous les liens à des sites externes, dans la rubrique Troesmas (maestros en verlan, une manière à la fois respectueuse et désinvolte de saluer ces grands artistes qui ont fait du tango cette expression sublime de l’âme et du coeur portègnes).
Pour ce qui est des livres, il y en a un qu’il faut avoir lu (même s’il est en espagnol), c’est le Homero Manzi de Horacio Salas, sorti chez Vergata Editor, pour l’année Homero Manzi, en 2007 (centenaire de sa naissance) et dont le travail de recherche bénéficia du concours du Maestro Acho Manzi, lui-même compositeur (si vous ne le saviez pas déjà) de El último organito, un tango qu’Homero Manzi, qui venait d’apprendre sa maladie, a voulu signer avec son rejeton (à peine 17 ans à l’époque).
Et si vous préférez rester en français, vous devrez vous contenter de mes articles dans Barrio de Tango. Le lien est disponible soit en haut, dans le bloc Pour chercher, para buscar, to search, soit dans la rubrique Vecinos del Barrio, à la section Toujours là...

Quand un député portègne est entendu comme témoin de l’accusation contre son "père adoptif" [Actu]

Vendredi dernier, Juan Cabandie Alfonsín, un député de la Legislatura portègne, siégeant dans le bloc péroniste, est venu témoigner (declarar) à une audience tenue à huis clos du procès de son père adoptif, ou plus exactement de son apropiador, selon la terminologie spécifique inventée en Argentine pour ces crimes qui n’ont guère d’équivalent de ce côté-ci de l’Atlantique, ces crimes qui ont consisté de la part des sbires de la Dictature militaire (1976-1983) à enlever, avant leur cinquième anniversaire, de jeunes enfants à leurs parents, arrêtés arbitrairement et le plus souvent assassinés ensuite, puis à les faire passer pour les leurs et les élever dans une idéologie et une conception de la vie généralement tout à fait opposée à celle de leur famille, en les privant de leur identité légitime et réelle et en brouillant toutes les pistes pour les empêcher d’entrer en contact avec leur parenté survivante. En l’occurence, le kidnappeur est un officier d’intelligence de la Police Fedérale, un certain Luis Antonio Falco, qui est toujours libre et qui est poursuivi selon un code de procédure pénale ancien qui l’exempte d’un procès avec audiences publiques (juicio oral) en bonne et dûe forme.

Toutefois l’association Abuelas de Plaza de Mayo (les grand-mères de la Place de Mai), qui dispose d’un statut légal l’autorisant à intervenir dans la procédure de ces procès, a obtenu que tout ce qui se dira lors de ces audiences à huis clos soit néanmoins porté à la connaissance du public. Une situation ubuesque comme les méandres de la procédure argentine en a le secret et qui rend le déroulé du procès concrètement fort compliqué, puisque tout doit être mis par écrit et que le greffier est obligé d’interrompre le juge, les auxilliaires de justice ou les justiciables eux-mêmes toutes les deux phrases pour pouvoir noter exactement les paroles prononcées, le tout en présence de représentants de la presse légalement admis dans la salle.

C’est dans ces conditions extrêmement pénibles que le député portègne est venu témoigner de ce qu’il a enduré durant son enfance, où il a raconté avoir été élevé dans une grande violence physique et psychique. Chez moi, a-t-il dit, c’était l’annexe d’un commissariat (1). Croix gammées, armes exhibées, coups et maltraitances psychiques, apologie du génocide [contre les juifs d’Europe], discours antisémites, la peur pour compagne permanente, c’est le résumé de cette déposition éprouvante que fait Diego Martínez dans son compte-rendu paru dans Página/12, samedi dernier.

Falco est poursuivi des chefs de détention et dissimulation d’un mineur de moins de 10 ans et de faussage idéologique d’un instrument public. Il n’était pas présent à l’audience de vendredi puisque la procédure ne lui fait pas obligation d’assister aux audiences. Il n’a donc pas entendu le témoignage du jeune homme. Quant à son avocat, il s’est abstenu de poser des questions au témoin, laissant toute la place (inhabituelle stratégie) à l’avocat de l’association Abuelas de Plaza de Mayo.

Au moins, les peines encourrues sont-elles lourdes puisque le procureur (fiscal) a demandé 17 ans de prison et la partie civile constituée (Abuelas de Plaza de Mayo) 25 ans.

On se trouve là devant un cas extrême (mais passablement fréquent lorsqu’il s’agit des criminels de la Dictature militaire) d’un courant d’anti-sémitisme renforcé certes par ce qui s’est passé en Europe sous domination nazie mais bien antérieur en Argentine au nazisme lui-même et à sa contagion idéologique. C’est un anti-sémitisme très minoritaire, mais particulièrement violent, qui trouve sans doute ses racines à la fois dans l’anti-judaïsme tenace de l’Empire espagnol à partir des Rois Catholiques Ferdinand et Isabelle et l’instauration de l’Inquisition au 16ème siècle et dans la violence du patronat portègne des années 1910 et 1920 contre les leaders du mouvement ouvrier, syndicaliste et anarchiste, qui étaient très souvent des juifs récemment immigrés de l’Empire russe et très sensibles aux théories de Bakounine et de Trotsky. Les quartiers sud de Buenos Aires gardent le douloureux souvenir de la Semaine sanglante de 1919, lorsqu’au lendemain de la révolution russe, effrayé par une révolte ouvrière dans les quartiers de Barracas et de San Cristobal, le patronat portègne envoya sa milice de gros bras descendre à vue les chefs de la grève. Les gros bras en question s’en prirent sans distinction à tous les "métèques" qui leur tombaient sous la main (c’est à dire à l’ensemble de la population ouvrière) et plus particulièrement aux "rusos", aux juifs qui passaient à leur portée, dans une confusion idéologico-religieuse grâce à laquelle ils purent garder bonne conscience (ils s’en étaient pris à des juifs). Cet épisode terrible, qui eut lieu sous la présidence de Hipolito Yrigoyen, est la seule manifestation de violence anti-sémite ouverte en Argentine (elle ne fut pas réprimée par après par les pouvoirs publics). Le reste est le fait d’individus racistes, parfois en bandes organisées, mais ne compromet pas l’Etat. Et apparaît en plein jour aujourd’hui, à travers les procès contre les criminels de la Dictature, la filiation idéologique vivace entre ce régime, qui fut soutenu par la CIA, et ce racisme obscur né de la vieille peur des possédants devant la détermination du peuple (réduit à la misère) et ses revendications radicales (voir mon article sur l’histoire du pays, dans Petites Chronologies, en partie médiane de la Colonne de droite).

On ne peut que saluer la force intellectuelle et morale de ce jeune député qui a pu sortir de cette enfance massacrée pour s’engager dans un combat politique inverse de celui dans lequel il avait été élevé. La Dictature militaire était en effet anti-péroniste au premier chef.

A travers ces différentes histoires que je vous rapporte en suivant de loin en loin l’action de Abuelas de Plaza de Mayo et des deux associations Madres de Plaza de Mayo, on voit toute la diversité de la typologie des “parents adoptifs” de ces enfants volés...

Pour en savoir plus : lire les autres articles de Barrio de Tango sur le même sujet en cliquant sur le mot-clé Abuelas dans le bloc Pour chercher, para buscar, to search, ci-dessus, sous le titre.

Pour aller plus loin :
Lire l’article de Página/12 édition du 19 septembre 2009
Visitez les sites de Abuelas et de Madres de Plaza de Mayo et Madres linea fundadora, que vous trouverez dans la partie inférieure de la Colonne de droite, dans la rubrique Cambalache (casi ordenado), en section Droits de l’homme.

(1) comissariat du temps de la Dictature. Les commissariats d’aujourd’hui ne sont plus des centres où l’on malmène les détenus.

Petite devinette tanguera [Jactance & Pinta]

C’est Daniel Paz et Rudy qui régalaient hier les lecteurs de Página/12 de cette vignette érudite... Mais la faible qualité de ma connexion Internet et le travail de bénédictin qu’il me reste à faire sur mon prochain livre ne m’ont pas permis de vous en parler en direct live (comme on dit en franglais), en temps réel (comme on dit en bon français), alors même que le sujet était au programme du Plenario de la Academia Nacional del Tango d’hier, avec Lucrecia Merico et Daniel Pérez pour la partie artistique (lire mon article de samedi à ce sujet).


Lui : j’ai l’impression de ce suppositoire est périmé. (1)
Elle : Oui, mais qu’est-ce qu’il chante bien !
Le suppositoire : Je reviens périmé (1) dans la petite boîte de médicaments.
(Traduction Denise Anne Clavilier)

Question : à quel tango font-ils donc allusion ? Car il s’agit bien d’un tango. Et pas n’importe lequel, qui plus est. Un tango écrit par Enrique Cadícamo et composé par Juan Carlos Cobián... Tout le monde à Buenos Aires et dans toute l’Argentine a su chanter ce vers, hier, en ouvrant l’édition de Página/12. La métrique est parfaitement respectée et non seulement la métrique mais même le rythme de la phrase originale. Le jeu de mot est en prime... J’aime beaucoup quand le dessin de la Une nous sert ce genre de pastiche.

Allez, c’est mon jour de bonté, je vous donne un indice : c’est l’histoire d’un mec (2) qui revient chez ses parents, ruiné comme le fils prodigue de l’évangile. Le vieux valet de ferme (el viejo criado / el anciano) le reconnaît non à son visage (habré cambiado totalmente) mais à sa voix (por la voz tan sólo me reconoció). Dans la maison où règne un silence de mort, il retrouve sa mère très malade, qui porte sur lui un regard où il lit trois tonnes de reproches.

Cela vous dit quelque chose ? Toujours pas ? Pourtant, qu’est-ce que c’est connu, nom d’une pipe ! Quand vous allez savoir, vous allez vous exclamer que vous ne connaissez rien d’autre que ce tango-là !

Deuxième indice : le vers original parodié dans le dessin, c’est Vuelvo vencido a la casita de mis viejos... Bon sang, mais c’est bien sûr ! (3) Ça y est, vous y êtes. Mais si, je viens de vous donner la réponse...

Pour ceux qui ne trouvent toujours pas ni ci-dessus, ni derrière aucun disque de leur discothèque (il faut revoir votre discothèque, il vous manque des trucs essentiels !), ni dans la mémoire des mélodies déjà entendues (il faut manger plus de poisson !), allez donc farfouiller dans cette caverne d’Ali-Baba qu’est Todo Tango (le lien est dans la Colonne de droite, dans la partie basse, dans la rubrique Ecouter).

Et pour ceux qui, malgré toutes ces indications, n’ont toujours pas trouvé (mais c’est parce que vous avez eu la flemme d’ouvrir Todo Tango, et franchement, je serai à votre place, je ne m’en vanterais pas !) et qui, vencidos pour de vrai, donnent leur langue au chat (j’ai déjà employé cette expression dans un autre article de Jactance & Pinta, allez le lire), descendez un peu vers les notes de bas d’article... L’explication est dans le 4ème alinea. Et le lien ci-après vers Todo Tango vous donne accès à une très belle version de ce grand classique chanté par Jorge Vidal.
Après ça, Néstor Tomassini (voir son raccourci dans la rubrique Vecinos del Barrio, dans la Colonne de droite, partie supérieure) va me dire qu’il y a trop de choses dans mon blog et qu’on s’y perd comme dans un labyrinthe... Mais c’est le genre de reproche que je prends pour un compliment. Au moins, ça veut dire qu’il ne s’ennuie pas à me lire...

(1) vencido : se traduit périmé quand il s’agit de médicaments ou de produits alimentaires. Mais il s’agit du participe passé du verbe vencer, vaincre. Allusion à un trafic de médicaments récemment découvert et qui donne lieu à un maxi-scandale en Argentine.
(2) "C’est l’histoire d’un mec" : citation d’un humoristique français, très titi parisien, Michel Colucci, dit Coluche (1944-1986), dont c’était l’ouverture d’un sketch très célèbre et assez peu raffiné, où il imitait la manière de s’exprimer, imprécise et vulgaire, des loubards de banlieue (loubard dans les années 1970 et 1980 : malevo, reo, atorrante). Cette phrase est devenue un repère culturel en France et dans toute la francophonie européenne. Tout le monde sait l’attribuer à Coluche et la réciter avec l’intonation caractéristique qu’il y mettait.
(3) "Bon sang, mais c’est bien sûr !" : autre référence populaire française, ultime réplique rituelle d’un feuilleton policier intitulé Les 5 dernières minutes (56 épisodes en tout). C’était le Commissaire Bourrel, interprété par Raymond Souplex, qui se frappait le front en découvrant l’identité du criminel... au cours des 5 dernières minutes du film. La série a fait les beaux soirs de l’unique chaîne devenue première chaîne de télévision française de 1958 à 1973 (aujourd’hui la chaîne commerciale TF1).
(4) La casita de mis viejos... C’était du teasing pour mon bouquin ! Il faut bien s’occuper quand on a trop à faire...

samedi 19 septembre 2009

Présentation de la biographie de Pichuco par Horacio Ferrer [Disques & Livres]

Couverture du livre (ajout du 21 septembre)

Vendredi prochain, 25 septembre, à 19h30, dans la libraire du grand disquaire Zivals, esquina Corrientes y Callao, séance de signature par Horacio Ferrer pour le lancement de son dernier livre en date, une biographie de Aníbal Troilo (Pichuco). Le poète et essayiste Horacio Ferrer a fort bien connu Aníbal Troilo dès les années 50 et ce jusqu'à la mort de Pichuco, le 18 mai 1975.
Lorsqu'il est mort d'une attaque cérébrale, Pichuco était en train de donner une série de concerts montée par Horacio Ferrer et le danseur Juan Carlos Copes. Les deux amis avaient inventé tout un spectacle où le grand bandonéoniste, qui se relevait de graves problèmes de santé, pourrait jouer devant le public tout en se ménageant. Ce spectacle s'appelait Simplemente Pichuco. Il n'y eu que deux ou trois représentations...

Le nouveau livre du Maestro Horacio Ferrer s'intitule El Gran Troilo, il est édité aux Ediciones del Soñador (comme le Théâtre complet du même auteur, en 2007). Le livre comporte 100 chapitres, sur son art, sa vie et sa personnalité. Il est accompagné de deux CD réalisés par Horacio Ferrer et d'un album de 120 photos. Cette biographie est publiée avec l'appui du Gouvernement de la Ville de Buenos Aires, dont Pichuco est et demeure une grande figure culturelle très présente dans tous les quartiers de la ville et dans la mémoire de tous les Portègnes.

L'ouvrage fait partie des prémices des grandes festivités qui se préparent pour dans trois ans, lorsque l'on fêtera les 100 ans de la naissance de Pichuco, que le poète Julián Centeya avait baptisé El bandoneón mayor de Buenos Aires.

Le livre sera donc très bientôt accessible pour nous, d'ici, depuis l'Europe, grâce à la boutique en ligne de Zivals (voir la rubrique Les commerçants del Barrio, dans la partie inférieure de la Colonne de droite).
L'un des hommages d'Horacio Ferrer à Pichuco : le tango El Gordo Triste, composé par Astor Piazzolla, autre grand ami et disciple de Troilo. En cliquant sur ce lien, vous pouvez l'écouter dans la version disponible sur Todo Tango, chantée par la chanteuse bahiense Sandra Savoia.

Très prochainement, j'ajouterai l'image de la couverture de ce très beau livre en illustration de cet article. Il faut juste que je passe l'objet au scanner, puisque j'ai déjà l'ouvrage dans mes mains. J'ai eu droit à ce que l'on me l'apporte à domicile à Buenos Aires et en avance sur le calendrier officiel de sortie qui plus est, mais c'était un secret...


Pour en savoir plus :
la totalité des articles de Barrio de Tango consacrés aux Maestros Aníbal Pichuco Troilo et Horacio Ferrer sont accessibles d'un clic sur les raccourcis à leur nom dans la rubrique Vecinos del Barrio dans la Colonne de droite, respectivement dans les sections Toujours là et Les poètes.
Vous trouverez dans la partie basse de la Colonne de droite, dans la rubrique Troesmas, le lien vers le site officiel sur Aníbal Troilo, tenu par ses petits-enfants adoptés, les frères et soeurs Torné. Un très, très beau site, avec photos et enregistrements...

Lucrecia Merico au Salón de los Angelitos Horacio Ferrer [à l'affiche]

La chanteuse Lucrecia Merico aura lundi prochain, 21 septembre, le jour du printemps, la responsabilité de la partie artistique du Plenario de la Academia Nacional del Tango. Lucrecia sera accompagnée par le guitariste Daniel Pérez. Ce sera comme d'habitude à 19h30, au Salón de los Angelitos Horacio Ferrer (les lecteurs habituels de Barrio de Tango savent tout ça par coeur), avenida de Mayo 833 ou Rivadavia 830 (de l'autre côté du pâté de maisons, de la manzana), au 1er étage. La soirée est gratuite et ouverte à tous...

Ce Plenario sera consacré à l'humour dans le tango. Ce sera le journaliste montevidéen Ignacio Suárez qui délivrera la conférence habituelle, après avoir reçu le document qui officialisera son entrée à la Academia Nacional del Tango comme Académico Correspondiente à Montevideo.
Le tango rituel de ce Plenario sera Garufa, dans une version très particulière. Garufa est un tango uruguayen écrit en 1927 par Juan Antonio Collazo (musique) et Víctor Soliño et Roberto Fontaina (paroles), deux membres de la Troupe de los Atenienses, un groupe fondé par des étudiants de l'Université de Montevideo et qui furent au tango des années 30 ce que les Frères Jacques ont été à la chanson française pendant des décennies à partir des années 50. La Academia a choisi de passer l'enregistrement remarquable réalisé par Donato Racciatti et son (sa) Orquesta Típica en 1953, avec la chanteuse uruguayenne Nina Miranda, qui a eu une carrière très courte, quelques années à peine, puisqu'elle s'est mariée et que son mari a exigé qu'elle abandonne sa carrière artistique pour se transformer en "respectable" maîtresse de maison (la carrière de chanteuse de tango, surtout avec la gouaille qu'elle avait et qu'elle a toujours, ce n'était pas très bien vu dans le milieu honorable et passablement bourgeois auquel appartenait ce monsieur).

Arrière de la jacquette du disque des Minas del Tango Reo
(Lucrecia Merico à gauche et Valeria Shapira assise, à droite)


Pour en savoir plus :
La chanteuse Lucrecia Merico dispose d'un raccourci dans la Colonne de droite, dans la rubrique Vecinos del Barrio. Ces raccourcis de la partie haute de la Colonne de droite vous permettent d'accéder à l'ensemble des articles consacrés à l'artiste ou au thème qu'ils désignent. Vous pouvez aussi accéder à tous les articles sur Lucrecia en cliquant sur son nom dans le bloc Pour chercher, para buscar, to search, sous le titre.

Nina Miranda : j'ai fait l'année dernière pendant le Festival de Tango à Buenos Aires un article sur son retour sur scène, qui eut lieu d'abord en juillet au Festival de la Falda puis en août à Harrods, le quartier général festivalier de Buenos Aires. Lire mon article sous ce lien.

Tous les articles relatifs à ce que propose la Academia Nacional del Tango sont disponibles en cliquant sous le mot-clé correspondant dans le bloc Pour chercher.

Dans la rubrique Tangoscope de la Colonne de droite, vous trouverez un raccourci pour les articles sur l'humour.

vendredi 18 septembre 2009

Grippe A : l'Argentine tient sa revanche mais c'est une victoire à la Pyrrhus [Actu]

En août dernier, à Buenos Aires, j'ai entendu tout le monde me dire pis que pendre de la campagne d'alerte gouvernementale menée autour de la grippe A tant au niveau du Gouvernement central qu'au niveau de la Ville de Buenos Aires elle-même. Au quotidien, mes interlocuteurs à Buenos Aires avaient le sentiment d'avoir vécu un hiver normal, sans plus ni moins de malades que d'ordinaire, et personne ne comprenait vraiment le caractère radical des mesures prises par les pouvoirs publics (voir mes articles relatifs à la grippe A en Argentine, en cliquant sur le mot-clé dans la rubrique Pour chercher, para buscar, to search, ci-dessus). Il est vrai que la quasi-totalité de mes interlocuteurs à Buenos Aires sont des artistes et que les artistes ont été, avec les commerçants de proximité, les premières victimes colatérales des mesures en question : suspension de la saison théâtrale, fermeture des centres culturels, raréfaction du public à peu près partout, y compris dans les restaurants et les cafés. La situation n'était donc pas rose pour eux. J'ai même entendu dire que le Brésil avait mené une campagne particulièrement mal intentionnée pour détourner ses ressortissants (et peut-être les autres touristes étrangers intéressés par l'Amérique du Sud) d'aller passer les vacances d'hiver en Argentine. Si les rumeurs alarmistes (mais ce qui s'appelle alarmistes) qui ont couru au Brésil visaient bien ce but, il semble hélas qu'il ait été atteint. Les touristes brésiliens étaient apparemment beaucoup moins nombreux à Buenos Aires, au mois d'août en tout cas et à ce que j'ai pu en voir, qu'ils ne l'étaient lors de mes précédents séjours.

Et puis les chiffres officiels sont tombés : le Brésil, dont l'équipe nationale de foot avait menacé de ne pas venir disputer un match à Buenos Aires pour cause de pandémie en juillet, est en fait le pays où l'on compterait le plus grand nombre de morts de la grippe A, en nombre absolu. 899 morts au Brésil, contre 593 aux Etats-Unis et 514 en Argentine. Clarín en profite pour faire un article au ton subtilement narquois tout en reconnaissant qu'établi selon le taux de mortalité, ce triste palmarés change du tout au tout. En fait, le Brésil arrive alors en 5ème position mondiale. Et tout ça pour une maladie qui ne fait ni plus ni moins de dégâts que la grippe saisonnière, laquelle en fait beaucoup sans qu'on en dise jamais rien en temps ordinaire.

Les chiffres de l'aéroport d'Ezeiza au moins de juillet montre les effets cumulés de la crise économique internationale et de la grippe A sur le tourisme international en Argentine : 38,7 % de touristes étrangers en moins qu'en juillet 2008. Et les touristes qui sont venus se sont serrés la ceinture : ils ont dépensé 43,5% de moins que l'année dernière. Sur la totalité de l'année déjà écoulée (7 mois), le nombre de visiteurs a chuté de 17% et leurs dépenses de 26%. Ces chiffres proviennent de l'enquête de tourisme internationale que conduit l'INDEC, le très contesté institut des statistiques nationales argentin. Selon cette même enquête, en juillet, le nombre d'Argentins partis à l'étranger a augmenté de 11,4% par rapport au même mois de 2008 mais eux aussi ont réduit leur budget (-10% par rapport à juillet de l'année dernière).
C
es chiffres confirment l'inversion de tendance notée dès cet été, sur les chiffres de janvier et de février dont je vous avais parlé en leur temps (cf. mes articles de janvier à mars sous la rubrique Economie, en cliquant sur ce raccourci dans la Colonne de droite par exemple, ou en cliquant sur le même raccourci dans les mots-clés de la rubrique Pour chercher, para buscar, to search, ci-dessus).

Il se trouve qu'il faut écouter l'INDEC, même si ses détracteurs sont très nombreux : en Argentine, tout ce qui est officiel est de toutes manière suspect par principe et parfois tout à fait à tort, en tout cas maintenant. L'institut n'est donc peut-être pas aussi peu fiable qu'on le dit. Depuis le début de l'année, l'INDEC avance des chiffres très rassurants sur le ralentissement de l'inflation et mon expérience de consommatrice dans Buenos Aires en ce mois d'août 2009 m'a clairement montré que tel est bien le cas pour l'habillement, l'alimentation et les produits culturels (places de concert, disques, livres...). Les exemples concrets que j'ai donnés à mes interlocuteurs les ont le plus souvent laissés bouche-bée : tous ont l'impression que cette année tout est beaucoup plus cher que l'année dernière. Et en fait, pas tant que ça...
Au début de l'année, lorsque les indices de l'INDEC ont commencé à montrer ce ralentissement spectaculaire de l'inflation, j'avais moi-même signalé dans les entrées de ce blog que ces chiffres étaient publiés en période électorale et que le calendrier politique pouvait avoir une influence dessus. Mais sur place, j'ai constaté la simple réalité portègne (attention : ce qui se passe à Buenos Aires ne reflète pas la totalité de la situation dans le reste du pays).

Pour aller plus loin :
Lire l'article de Clarín sur les effets de la double crise sur le tourisme et l'autre sur les chiffres de la grippe A.

Mardi, la Patrouille de France a fait son intéressante à Buenos Aires [Actu]

Après son exhibition dans le ciel de Brasilia devant Lula et Sarkozy, il y a quelques jours, pour la fête nationale brésilienne, la Patrouille de France s'en est allée faire des acrobaties dans le ciel de Buenos Aires et elle a rencontré un vif succès. Les spectateurs les mieux placés ont levé le nez vers le ciel au-dessus des quartiers de Puerto Madero et du Centro (Montserrat, San Nicolás) et général la partie situé à l'est géographique de la capitale argentine.

Les 10 Alphajet et les 2 Hercule C130 qui faisaient partie du voyage ont fait de l'Aeroparque Jorge Newbery, au bord du Río de la Plata, leur point de départ pour monter dessiner dans le ciel les deux couleurs argentines et les trois couleurs françaises. Cocorico !

Si le sujet vous intéresse, vous pouvez vous reportez à l'article que Clarín leur a dédié le 15 septembre (sur le site, cliquez sur l'onglet ediciones anteriores). Le quotidien a fait appel à ses lecteurs en leur demandant de bien vouloir envoyer à la rédaction leurs propres photos de l'événement. L'appel a été entendu et dès le lendemain, Clarín exhibait une belle collection de clichés... A admirer sur l'édition du 16 septembre que vous pouvez consulter à partir du site de Clarín, disponible sur votre droite, dans la partie basse de la Colonne de droite, dans les liens externes rassemblés dans la rubrique Actu.

Banalisation des sexualités atypiques en Uruguay [Actu]

Le pouvoir législatif en Uruguay continue son travail de banalisation par la loi des formes atypiques de sexualité. Une loi qui permettra ou permettrait aux transsexuels de changer d’identité sur leurs papiers officiels est revenue mardi dernier à la Chambre des Députés en deuxième lecture après que le Sénat l’a votée mais en y apportant des amendements. La Constitution prévoit donc dans ce cas un second débat de la Chambre basse.

En pleine campagne électorale pour l'élection du président de la République au moins d'août (la gauche a de bonnes chances de l'emporter à nouveau pour le moment), le sujet était étrangement absent de la presse uruguayenne en début de semaine. Bien sûr, cela ne veut pas dire que la vie des transexuels soit paradisiaque en Uruguay. Il y a de grandes différences entre la réalité légale et la réalité morale qui se vit au jour le jour. Mais il y a bien un vaste mouvement politique actuellement en Uruguay.

Un phénomène distinct, incroyablement pervers, existe, lui, à Buenos Aires. On y observe depuis quelques années et singulièrement sous le gouvernement de Mauricio Macri, un étrange et ubuesque engagement de certains politiciens en faveur du développement du tourisme gay (très) riche (1) dans la capitale argentine, avec la construction d'un hôtel de luxe qui sera réservé aux homosexuels dans le quartier-de Puerto Madero, qui est lui-même un ghetto de riches où vivent les grandes fortunes de la bourse, de l'exportation du soja et du sport.

En savoir plus :
se reporter à mon article sur l'adoption par les couples homosexuels
lire l'article de Clarín du 14 septembre sur le débat parlementaire uruguayen.

(1) Les homosexuels pauvres, eux, sont totalement oubliés dans l'histoire. Ils peuvent rester dans leur pays, on n'a pas besoin d'eux à Buenos Aires. De toute évidence, ce secteur touristique voit la communauté homosexuelle californienne comme une énorme poule aux oeufs d'or.

lundi 14 septembre 2009

Veuillez excuser cette interruption indépendante de ma volonté

Par cette annonce toute faite, les chaîne de télévision ont l'habitude d'expliquer, sans rien expliquer, l'interruption de la diffusion de leurs programmes.

Et c'est à peu près la phrase que me sert mon fournisseur d'accès pour m'expliquer pourquoi mon modem personnel reste muet et incapable de me mettre en contact avec Internet depuis mercredi 9 septembre au petit matin. On se croirait plongé dans une comédie de Molière avec les techniciens de la hot-line en guise de médecin : "et voilà, Monsieur, ce qui fait que votre ligne est muette"...

D'autant qu'en plus, le service commercial m'envoyant des courriers en me servant fort aimablement du Monsieur Denise Anne Clavilier, pour savoir si je suis contente du service apporté par la hot-line. Ben voyons...

Tout ça pour vous dire que dans ce climat de comédie du 17ème siècle, Barrio de Tango se trouve en rade et en grande difficulté pour être tenu à jour. Je vais donc, en attendant que Monsieur le Service Technique veuille bien rétablir la connexion (et vu comme c'est parti et la diversité des réponses que je reçois à chaque fois que j'appelle va sans doute prendre un peu de temps), je vais faire appel au système D et demander à la famille de publier à ma place mes articles en profitant de leur connexion ou publier mes articles uniquement le week-end, lorsque je ne travaille pas et que j'ai donc la possibilité de squatter la connexion d'autrui...

En effet, ce blog est un espace entièrement bénévole (voluntario), libre, comme vous le constatez, de toute publicité commerciale, ce qui veut dire qu'en dehors de ce travail de rédaction qui ne me rapporte pas un sou, j'exerce aussi un métier qui me permet de gagner ma vie, parce que même la passion ne fait pas que je puisse vivre seulement d'amour (du tango) et d'eau fraîche...

Cette interruption de service sur ma ligne personnelle vous explique que je remette à plus tard la parution des différentes retours sur images conçus à Buenos Aires (la publication des photos, c'est assez consommateur de temps sur blogspot, si on veut que ça ait un peu d'allure), les hommages déjà annoncés mardi dernier à Alorsa et la reprise de l'activité normale pour parler des événements de l'actualité. A Buenos Aires en effet, la vie du tango et de la culture continue mais je n'ai pas encore la disponibilité pour vous en rendre compte correctement.

D'autant qu'ici, Litto Nebbia est en France et qu'il chante jeudi et vendredi prochain, à Paris. Et que le bouclage de mon livre, si je veux qu'un jour il sorte en librairie, me donne une bonne tranche de travail en ce moment...

C'est toujours au plus mauvais moment que ces incidents-là se produisent. Et dire que mes amis à Buenos Aires croient dur comme fer que ces choses-là n'arrivent jamais ici, que c'est réservé à leur pays... Et que non ! C'est ça, la mondialisation du capital. Le même mauvais service au client pour tous, du nord au sud de la planète...