Le Président, son épouse, Juliana Awada, et leur fille, Antonia Macri Awada sur le balcon de la Casa Rosada Cliquez sur l'image pour une haute résolution |
Hier, l'investiture de Mauricio Macri a
été une grande fête indéniablement populaire et sensiblement
différente des grands rassemblements kirchneristes : je n'ai
pas vu de slogan acerbe ou batailleur, les visages étaient souriants
et surtout détendus, les gens, joyeux, arboraient de multiples
couleurs sur les banderoles des différents partis participant à la
coalition électorale Cambiemos qui a porté Mauricio Macri au
pouvoir suprême.
Le blanc et bleu-ciel national dominait la marée humaine et je n'ai rien aperçu de particulièrement jaune, ni bannière, ni ballon, ni ruban, ni calicot de cette couleur emblématique du PRO, le parti du vainqueur, qui couvrait autrefois toutes les manifestations macristes à Buenos Aires jusqu'à faire disparaître les couleurs nationales... (1) On n'a pas entendu de sifflets contre Macri ni de cris hostiles à Cristina.
Dans son discours-programme, prononcé dans l'hémicycle du Sénat où le boycott du Frente para la Victoria ne se remarquait que par l'espace dont chacun disposait, Mauricio Macri s'est inspiré du style oratoire et des topos du Pape François. Juste après, dans son parcours en ville, depuis le Congrès, où il avait prêté serment, jusqu'à la Casa Rosada où il devait être officiellement proclamé chef d'Etat par un adjoint du Notaire de la Nation (2) et se voir remettre l'écharpe bicolore frappée du Soleil de Mai et le bâton du commandement militaire par le sénateur PRO qui venait de présider la Nation par intérim pendant douze heures, il a adopté le même type de voiture modeste que le Saint Père et comme son illustre compatriote en soutane blanche, il a baissé la vitre pour saluer la foule avant d'ouvrir le toit pour se dresser debout sur les sièges arrière pour qu'on puisse les apercevoir, lui et sa femme, toute de blanc vêtue, souriante et très printanière, derrière la garde d'honneur des grenadiers à cheval qui entouraient la voiture comme le veulent le protocole et la sécurité.
Le blanc et bleu-ciel national dominait la marée humaine et je n'ai rien aperçu de particulièrement jaune, ni bannière, ni ballon, ni ruban, ni calicot de cette couleur emblématique du PRO, le parti du vainqueur, qui couvrait autrefois toutes les manifestations macristes à Buenos Aires jusqu'à faire disparaître les couleurs nationales... (1) On n'a pas entendu de sifflets contre Macri ni de cris hostiles à Cristina.
Dans son discours-programme, prononcé dans l'hémicycle du Sénat où le boycott du Frente para la Victoria ne se remarquait que par l'espace dont chacun disposait, Mauricio Macri s'est inspiré du style oratoire et des topos du Pape François. Juste après, dans son parcours en ville, depuis le Congrès, où il avait prêté serment, jusqu'à la Casa Rosada où il devait être officiellement proclamé chef d'Etat par un adjoint du Notaire de la Nation (2) et se voir remettre l'écharpe bicolore frappée du Soleil de Mai et le bâton du commandement militaire par le sénateur PRO qui venait de présider la Nation par intérim pendant douze heures, il a adopté le même type de voiture modeste que le Saint Père et comme son illustre compatriote en soutane blanche, il a baissé la vitre pour saluer la foule avant d'ouvrir le toit pour se dresser debout sur les sièges arrière pour qu'on puisse les apercevoir, lui et sa femme, toute de blanc vêtue, souriante et très printanière, derrière la garde d'honneur des grenadiers à cheval qui entouraient la voiture comme le veulent le protocole et la sécurité.
Sur l'une et l'autre places et sur
toute la longueur de Avenida de Mayo, la foule était calme et bon
enfant, ce qui est d'autant plus remarquable que sur le centre
hyper-urbanisé de Buenos Aires il régnait hier midi une chaleur
étouffante sous un soleil implacable sans grande ombre à cette
heure du jour (3). Au lendemain de cette belle journée ensoleillée,
au propre et au figuré, on ne relève aucune atteinte aux biens ni
aux équipements le long du cortège. Dans une tradition typiquement
patricienne, cette journée inaugurale s'est achevée au Teatro
Colón, l'Opéra de Buenos Aires, symbole de la culture de
l'oligarchie, avec le tout Buenos Aires des médias, de la culture
distinguée venue d'Europe et de la vie institutionnelle (4). Et ce
matin, Mauricio Macri tenait sa promesse et recevait ses adversaires
malheureux à l'élection présidentielle, un à un, pour engager
avec eux un dialogue, qui n'a jamais eu lieu avec Cristina de
Kirchner.
La Nación a choisi une photo du couple entre le Congrès et la Casa Rosada Derrière Monsieur, un des grenadiers à cheval de l'escorte présidentielle Cliquez sur l'image pour une haute résolution |
Hier, le nouveau Président de la
Nation a prononcé un discours à la fois conciliant et ferme. Sans entrer dans les détails (5) et en lisant son texte d'une
diction claire et posée, il a appelé à l'unité nationale, à la
tolérance civique, tout en rappelant le caractère passionné et
véhément des Argentins qui met rapidement le feu au moindre débat.
Il a donc invité ses concitoyens à faire l'effort de tempérer leurs penchants volcaniques pour aller de l'avant grâce à une coopération entre tous. D'avance, il a rejeté les juges qui
s'aviseraient de prendre parti idéologiquement en sa faveur comme
certains l'ont fait pour Cristina. "Vous
n'êtes pas les bienvenus",
leur a-t-il asséné d'un ton péremptoire. Il a annoncé sa "détermination irrévocable" à lutter contre le trafic de drogue et
la corruption. Il s'exprimait devant un hémicycle qui semblait plein, malgré le
boycott antidémocratique d'une grande partie des élus
kirchneristes, devant plusieurs gouverneurs K, déjà en
fonction ou à la veille de leur propre prestation de serment, et
devant Daniel Scioli qui écoutait avec courtoisie, tout sourire,
sans l'ombre d'une amertume sur le visage. Macri a d'ailleurs salué tous ses
adversaires du premier et du second tour et il les a fait applaudir. C'est assis qu'il a pris la parole, peut-être pour se démarquer de Cristina, à moins que ce ne soit aussi et même plutôt pour être à la même hauteur que sa
vice-présidente, qui a perdu l'usage de ses jambes dans un accident
de la route et se déplace depuis en chaise roulante.
C'est la première fois en Argentine
qu'une femme, élue démocratiquement, préside le Sénat et la
première fois aussi que ce Sénat est présidé par une personne
invalide.
Ajout du 19 décembre 2015 Le site de Página/12 était inaccessible le 11 décembre 2015 Comme on pouvait s'y attendre, la une n'est guère aimable à l'égard du nouveau mandataire national |
Il y a trois semaines, mes lecteurs de
longue date auront compris que j'avais accueilli avec plus que des
réserves l'élection de cet homme politique, dont l'action à la
tête de Buenos Aires m'a souvent paru aberrante, voire dangereuse.
Je me réjouis sincèrement du changement auquel je crois avoir
assisté hier et je me suis laissé gagner par cette atmosphère
joyeuse qui n'était pas sans me rappeler, paradoxalement, l'arrivée
au pouvoir de François Mitterrand, cette grande fête populaire de mai 1981 sur la place de la Bastille, suivie du départ du
brillantissime et dépité Valéry Giscard d'Estaing, puis, quelques
jours plus tard, rue Soufflot, cette transformation étonnante de Mitterrand qui
monte vers le Panthéon en politicien roué, encore marqué par son
passé louvoyant de parlementaire et de ministre de la IVe
République et qui en sort drapé dans la toge gaullienne, lui qui
avait passé les trente dernières années à combattre le général
et toute son action publique ! Et c'est ce même Mitterrand qui a relancé une
politique culturelle digne de ce nom et instauré le pluralisme dans
les médias nationaux, ce à quoi le peuple avait bien du mal à
croire, et pourtant !
Or ces quatre derniers jours, en
Argentine, la grande perdante aura bien été la très intelligente
et très fine Cristina Fernández de Kirchner. De lundi à jeudi,
elle a fait étalage d'une mauvaise foi et d'une arrogance
acrimonieuse que je ne lui avais encore jamais vu manifester dans ses
faits et gestes publics d'une manière aussi peu ambiguë.
Lundi, deux semaines après avoir très
élégamment appuyé le maintien en poste de son ministre de la
recherche scientifique, Luis Boñano, la voilà qui se plaint publiquement de ce
qu'au téléphone, dans leur infructueuse tentative de négociation sur les modalités
de la passation de pouvoir, Macri aurait levé la voix contre elle et
elle fait remarquer qu'un homme qui hurle contre une femme est un
goujat. Je n'en crois pas mes yeux ! Est-ce la même femme qui
n'a jamais cessé de dénoncer la presse d'opposition qui s'en prenait à elle pour attaquer la femme bien davantage que l'action politique ?
Le lendemain, mardi, elle annonce que, puisque la Justice, saisie par son successeur, fixe la fin de son
mandat au 9 décembre à 23h59, elle ne participera pas à la
cérémonie de passation des pouvoirs. Stupéfaction pour tous les
observateurs de la vie politique argentine ! Elle ne peut pas
transmettre, prétend-elle, un pouvoir qui aura cessé d'exister à
l'heure prévue pour la transmission. Si l'argument tient sur le plan
strictement juridique, il est un peu léger sur les plans symbolique
et protocolaire, deux aspects très importants dans une alternance
démocratique. Peut-être a-t-elle calé devant un autre symbole
lourd : la sortie sur le balcon du nouveau Président pour
saluer la foule rassemblée sur Plaza de Mayo. C'est que dans la
mythologie péroniste, l'apparition au balcon de la Casa Rosada est
une icône historique, l'image légendaire de Juan Domingo Perón saluant une
foule immense, peu avant minuit, le 17 octobre 1945, à son retour d'une
éphémère relégation dans un bagne militaire au large de Buenos
Aires. Ce salut du balcon, elle ne l'a elle-même jamais osé.
Peut-être n'en supportait-elle pas l'éventuelle récupération par ce néolibéral auquel elle s'est sans répit opposée pendant huit ans, c'est-à-dire tout au long de leurs deux mandats respectifs.
Peut-être n'en supportait-elle pas l'éventuelle récupération par ce néolibéral auquel elle s'est sans répit opposée pendant huit ans, c'est-à-dire tout au long de leurs deux mandats respectifs.
Mercredi, elle ose changer le nom et
l'objet du compte Twitter officiel de la présidence. D'un seul coup et sans avertissement, elle l'a privatisé pour qu'il ne serve qu'à son mari et elle-même (de compte "Casa Rosada", il est devenu le compte "Casa Rosada 2003-2015"). Elle
ose donc briser la continuité des outils de la communication
institutionnelle de la République – on se croirait revenu en
France au temps des diamants de Bokassa ! Peut-être tient-elle
à garder le contrôle du caractère public ou non de ces archives –
ce qui est, de toute manière, contre tous les usages de l'action
publique d'un mandataire politique.
A moins de contester en justice cette décision arbitraire scandaleuse, Mauricio Macri devra faire ouvrir un nouveau compte institutionnel.
A moins de contester en justice cette décision arbitraire scandaleuse, Mauricio Macri devra faire ouvrir un nouveau compte institutionnel.
Et pour finir, Cristina a entraîné
dans son boycott de la cérémonie d'investiture une majorité des
parlementaires élus sous ses couleurs dans le nouveau Congrès.
Daniel Scioli ne l'a pas suivie dans cette voie antidémocratique. Hier matin, il s'était montré très souriant à La Plata, où il a tenu normalement son rôle dans la cérémonie d'investiture de la nouvelle Gouverneure, ex-vice de Macri au Gouvernement de la Ville Autonome de Buenos Aires, et à midi, il était au Congrès, toujours aussi souriant et détendu, à côté de Gabriela Vidal, qui lui succède à la Province de Buenos Aires.
Daniel Scioli ne l'a pas suivie dans cette voie antidémocratique. Hier matin, il s'était montré très souriant à La Plata, où il a tenu normalement son rôle dans la cérémonie d'investiture de la nouvelle Gouverneure, ex-vice de Macri au Gouvernement de la Ville Autonome de Buenos Aires, et à midi, il était au Congrès, toujours aussi souriant et détendu, à côté de Gabriela Vidal, qui lui succède à la Province de Buenos Aires.
Certes Cristina a eu son succès de
foule mercredi soir, avec un grand rassemblement sur Plaza de Mayo
pour saluer son dernier jour à la tête du pays et elle a encore eu
un nouveau quart d'heure de gloire à l'aéroport national Jorge
Newberry où vers 15h hier, elle est allée prendre un avion de ligne pour se
rendre à Río Gallegos, où elle a assisté en famille à
l'investiture de sa belle-sœur comme Gouverneure de Santa Cruz, le fief électoral de la famille depuis une vingtaine d'années. Pour
ce vol intérieur, elle a eu la sagesse de prendre un siège en
classe économique. Sans quoi, les commentateurs auraient eu beau jeu
de rappeler les soupçons de corruption qui s'attachent à elle
depuis le début de sa présidence.
Le président argentin retire son écharpe officielle sur le balcon de la Casa Rosada Cliquez sur l'image pour une haute résolution |
Cette attitude, aussi mesquine
qu'absurde, alimente évidemment toutes les rumeurs : on dit
beaucoup qu'elle ne voulait en aucun cas que la cérémonie puisse se
tenir à la Casa Rosada mais un tel refus, qui irait jusqu'au
boycott, n'a aucun sens, quand bien même on prendrait en
considération le souvenir de Perón sur ce balcon mythique.
Quel pourrait bien être l'élément à ce point insupportable pour elle, puisque la prestation de serment et le discours inaugural se sont bien tenus au Congrès, devant la représentation nationale constituée par les deux chambres ? Si le motif d'un tel conflit avec son successeur est de décider si par la suite l'écharpe et le bâton lui seront remis ici ou là, dans tel palais officiel plutôt que dans tel autre, ou pourquoi pas sur une place à l'air libre, ce n'est pas seulement un motif dérisoire, c'est un motif totalement ridicule...
Comme une telle explication ne tient pas debout, tout le monde en cherche d'autres. Parmi celles avancées par les observateurs (du côté nouvelle majorité) (6), il se murmure qu'en fait, Cristina aurait cherché à négocier une impunité pour le restant de ses jours et que Mauricio Macri la lui aurait fermement refusée sans aucun espoir d'évolution de sa position dans l'avenir ni proche ni lointain. Placée sous ce jour, son attitude aurait un peu de sens, mais elle vaudrait alors aveu de culpabilité. Plutôt étrange pour une femme qui s'est toujours déclarée innocente des accusations portées à son encontre. Personnellement, je n'ai jamais ajouté foi à ces rumeurs à cause de la présomption d'innocence (tant que quelqu'un n'est pas condamné ni même inculpé, que valent des rumeurs ?) mais maintenant, devant un comportement aussi peu justifiable et aussi peu rationnel dans une démocratie (7), j'avoue avoir des doutes très sérieux, surtout quand j'entends le changement de ton si rapide des commentateurs de TV Pública, comme s'ils étaient soulagés de pourvoir parler librement, sans être obligés de donner un gage de militantisme pour conserver leur job...
Quel pourrait bien être l'élément à ce point insupportable pour elle, puisque la prestation de serment et le discours inaugural se sont bien tenus au Congrès, devant la représentation nationale constituée par les deux chambres ? Si le motif d'un tel conflit avec son successeur est de décider si par la suite l'écharpe et le bâton lui seront remis ici ou là, dans tel palais officiel plutôt que dans tel autre, ou pourquoi pas sur une place à l'air libre, ce n'est pas seulement un motif dérisoire, c'est un motif totalement ridicule...
Comme une telle explication ne tient pas debout, tout le monde en cherche d'autres. Parmi celles avancées par les observateurs (du côté nouvelle majorité) (6), il se murmure qu'en fait, Cristina aurait cherché à négocier une impunité pour le restant de ses jours et que Mauricio Macri la lui aurait fermement refusée sans aucun espoir d'évolution de sa position dans l'avenir ni proche ni lointain. Placée sous ce jour, son attitude aurait un peu de sens, mais elle vaudrait alors aveu de culpabilité. Plutôt étrange pour une femme qui s'est toujours déclarée innocente des accusations portées à son encontre. Personnellement, je n'ai jamais ajouté foi à ces rumeurs à cause de la présomption d'innocence (tant que quelqu'un n'est pas condamné ni même inculpé, que valent des rumeurs ?) mais maintenant, devant un comportement aussi peu justifiable et aussi peu rationnel dans une démocratie (7), j'avoue avoir des doutes très sérieux, surtout quand j'entends le changement de ton si rapide des commentateurs de TV Pública, comme s'ils étaient soulagés de pourvoir parler librement, sans être obligés de donner un gage de militantisme pour conserver leur job...
La famille Macri au premier plan la vice-présidente au fond |
A côté de quelques personnalités de
la mouvance Frente para la Victoria qui ont rejoint les nouveaux
gouvernements, national et provinciaux, comme Jorge Telerman tout
récemment à Buenos Aires, plusieurs hauts-commis de l'Etat nommés
par le Gouvernement sortant et politiquement très proches de lui,
ont donné leur démission : le président de la Banque centrale
de la République Argentine, le président de la compagnie
nationalisée Aerolineas Argentinas, le président du Groupe
audiovisuel public (RTA, Radio-Télévision Argentine), Tristán
Bauer, très choqué que Macri, quelques jours avant son investiture,
ait souhaité à haute voix sa démission sous prétexte qu'il est un
militant (ce qu'il revendique) et qu'il n'est pas compétent (ce
qu'il conteste, puisqu'il a, en tant que cinéaste, reçu différents prix internationaux), tout cela alors que la loi des
médias, si difficilement mise en œuvre il y a deux ans, après des
années de retards procéduraux, prévoit que le président de RTA
est élu pour un mandat indépendant du mandat présidentiel
politique et qui doit donc aller à son terme et il restait plus d'un an à courir.
La une toute en photos de La República Cliquez sur l'image pour une haute résolusion |
Seul l'avenir nous dira s'il s'agit
d'un couac dans la volonté de conciliation affichée par le nouveau
Président de la Nation ou s'il y a un gouffre entre les belles
paroles qu'il a prononcées et les actes concrets qu'il posera.
Dans son discours hier, il a bien pris soin de reconnaître qu'il peut se tromper et que plus on est entreprenant, plus on a de risque de se tromper. Version argentine de la maxime française : "il n'y a que ceux qui ne font rien qui ne se trompent jamais".
Dans son discours hier, il a bien pris soin de reconnaître qu'il peut se tromper et que plus on est entreprenant, plus on a de risque de se tromper. Version argentine de la maxime française : "il n'y a que ceux qui ne font rien qui ne se trompent jamais".
* * *
Página/12 est toujours sous le coup
des actes de piratage informatique répétés qui interdisent depuis
plusieurs jours l'accès à son site Internet. Il semble que le site
ait été accessible quelque temps dans la journée d'hier, puisque
les commentateurs de TV Pública en faisaient état après la
prestation de serment, pendant qu'on attendait que le nouveau
Président sorte du palais du Congrès. Mais aujourd'hui, impossible
pour moi d'ouvrir le site. Je compléterai la liste des liens
ci-dessous dès que le site sera revenu à la normale. En attendant,
il est grave que l'un des rares titres de presse quotidienne de
l'opposition soit ainsi réduit au silence, tout au moins en ligne.
* * *
Pour aller plus loin :
Sur le site de la Casa Rosada, dont la
page d'accueil a changé d'aspect. Vous trouverez sur le site les vidéos des cérémonies d'hier...
lire le texte du discours de la prestation de serment du Président Macri (en espagnol bien sûr) sur
le site de la Casa Rosada, dont les archives, concernant le précédent
mandat, sont toujours accessibles en ligne
lire le texte de l'allocution du Président au balcon de la Casa Rosada, après la remise des insignes
de la fonction
A travers la presse argentine nationale
Comme toujours dans ces cas-là, une
bonne partie de l'édition du jour est consacrée à l'événement et
je ne reprends ci-dessous que les principaux articles :
lire l'article interactif de La Nación
permettant de comparer les trois discours d'investiture de Néstor
Kirchner en 2003, de Cristina de Kirchner en 2007 et de Mauricio
Macri hier (très bien fait, avec texte et vidéo intégrée, et très
instructif)
A travers la presse uruguayenne, qui se penche surtout sur l'amélioration des relations bilatérales entre les deux pays (au-delà des apparences purement diplomatiques, les relations de Cristina avec Pepe Mujica comme avec l'actuel président uruguayen, Tabaré Vázquez, étaient notoirement tendues)
lire l'article de El País
Autres articles et entrefilets
intéressants :
lire la dépêche de Télam hier sur
les parlementaires et personnalités politiques du Partido
Justicialista-FpV qui assistaient à la prestation de serment du
nouveau Président (et se sont toujours correctement comportés)
lire la dépêche de Télam sur la
démission de Tristán Bauer, le président kirchneriste de RTA
lire l'article de La Prensa sur la
démission de Natalio Etchegarray, le Notaire du Gouvernement.
(1) L'appel à la manifestation
anti-macriste émis par Hebe de Bonafini, présidente de Madres de
Plaza de Mayo, au lendemain du second tour, ne semble pas avoir
rencontré beaucoup de succès : la dame était assez isolée,
hier matin, sur Plaza de Mayo, où elle répétait à qui voulait
l'entendre, chose inouïe, que cette place historique appartenait aux
Mères (entendez son mouvement) et ne pouvait devenir un lieu pour
honorer Macri, qu'elle continue à présenter comme son ennemi !
Elle a rejeté définitivement toute possibilité d'accepter ses
invitations à venir négocier quoi que ce soit... Elle a perdu son
bon sens, cette femme !
(2) Le Notaire de la Nation (Escribano
de la Nación), Natalio Etchegarray, que certains de mes lecteurs
connaissent en sa qualité de membre de la Academia Nacional del
Tango, vient de démissionner. Il n'a pas voulu être celui qui
attesterait de la prise de fonction de Mauricio Macri. Ses options
politiques le portent semble-t-il vers le Partido Justicialista. Il a
démissionné à chaque changement de mandat, mais jusqu'à présent,
les Présidents successifs l'avaient toujours maintenu à ses
fonctions. Cette fois-ci, il semblerait que sa démission soit
acceptée. Il est vrai aussi qu'il faut bien se retirer un jour et
qu'il en a désormais l'âge.
(3) La sensation thermique était de
31°. Et l'été, la pollution à Buenos Aires empire encore la
situation.
(4) A ne pas confondre avec "notre" soirée
au Fouquet's. Ce n'est pas une sortie bling bling et jet set. C'est
bien la culture qui a été mise à l'honneur. En France, cela
correspondrait à une soirée à l'Opéra Bastille, à une réception
au Château de Versailles ou sous la pyramide du Louvre.
(5) Ce que les commentaires de TV
Pública ont su relever (des commentateurs qui depuis douze ans
tiennent un discours kirchneriste) mais ils avaient déjà changé de
ton hier et je n'ai pas eu le sentiment d'assister à un habile mais
lâche retournement de veste. J'ai plutôt eu l'impression qu'ils
épousaient un changement qu'ils ressentaient comme beaucoup de leurs
compatriotes, qu'ils étaient emportés eux aussi par l'enthousiasme
général... Ceci dit, le discours d'investiture n'est pas le lieu
pour entrer dans les détails mais de dresser un panorama de la tâche
à accomplir.
(6) Pour le moment, je n'ai accès à
distance qu'à cette source d'information. Télam a adopté un ton
prudent, beaucoup plus objectif qu'auparavant et ne s'aventure pas
sur ce terrain. Quant au site de Página/12, il est inaccessible
depuis plusieurs jours.
(7) A quoi s'ajoutent quelques
expériences personnelles très désagréables avec telle ou telle
personne dépendant du Gouvernement national et dont la manière
d'agir à mon égard ou à l'égard d'autres était pour le moins
suspecte, pour ne pas dire inacceptable. Sans oublier diverses
décisions politiques contestables, comme celle de confier au
mouvement de jeunesse du Frente para la Victoria certaines missions
de service public, le fait d'avoir mis à la tête de ce mouvement
son propre fils, le fait de placer plusieurs de ses amis et même de
ses parents un peu partout dans des fonctions officielles, même si
ce sont des faits qui existent aussi, à un degré ou à un autre,
dans des démocraties de plus longue tradition, en France, en
Belgique, en Italie, en Grèce, aux Etats-Unis ou ailleurs... Je me
souviens aussi de ces remarques entendues à la volée, ici ou là,
selon lesquelles c'était la Présidente qui entravait
systématiquement l'action du Chef de Gouvernement portègne pour que
la Ville se développe correctement. N'avait-il aucun autre choix que
d'entretenir un conflit perpétuel avec elle ? Ou est-ce maintenant qu'il n'a pas d'autre choix que de se montrer ouvert et conciliant ? Ou a-t-il tout simplement évolué et mûri ? Cela est bien possible : l'élection de
l'archevêque de Buenos Aires au ministère pétrinien a fait prendre
conscience à de nombreux Argentins de leur responsabilité face au
monde, de la même manière que l'élection de Jean-Paul II avait
rendu à la Pologne la conscience de la nécessité de relever la
tête.