mardi 22 décembre 2015

Premier "Conseil des Ministres" ce matin à la Rosada et autres changements [Actu]

Photo publiée par le service de presse de la Casa Rosada

Ce matin, pour la première fois depuis très longtemps, s'est tenue à la Casa Rosada une première réunion partielle du Gouvernement pour faire un point sur les actions déjà engagées et les prochaines à mettre en route. Plusieurs ministres n'y participaient pas, notamment ceux de la Justice, de la Défense, de l'Education, de la Culture, des Médias publics et des Sciences et Technologies. Par conséquent, parmi les personnalités absentes, on trouve des titulaires de ministères régaliens et d'autres.

Ce type de réunion était traditionnel en Argentine avant l'arrivée des Kirchner, mari et femme, au pouvoir,qui avaient relancé le style personnaliste, qu'on a surnommé en France ces dernières années l'omni-président. Toutefois il ne s'agissait pas, on le voit, d'un Conseil des Ministres tel que nous l'entendons mais d'une simple réunion de travail avec le Président. Cette rencontre n'a pas de calendrier fixe, elle est beaucoup moins fréquente que ne l'est un Conseil des Ministres dans les pays européens (une fois par semaine en général), et elle ne joue aucun rôle institutionel dans le processus de prise de décision de l'Exécutif. Mais c'est néanmoins un progrès quant au processus collaboratif et collégial de gouvernement tel que Mauricio Macri avait annoncé vouloir le mettre en place et tel qu'il le pratiquait quand il gouvernait Buenos Aires.

Et les démarches visant à moderniser l'Etat ne s'arrêtent pas là : le Gouvernement vient d'annoncer qu'il allait vérifier le bien-fondé de 63 000 contrats de travail dans la fonction publique sur les trois dernières années. Il s'agit de contrôler qu'il n'y a pas dans ce grand nombre de nominations ce qu'en France on appelle emplois fictifs. Le travail réellement effectué par les titulaires de ces contrats sera examiné et il sera mis à un terme à tous ceux qui relèvent en fait d'un mode de rétribution sur les deniers publics de militants qui devraient émarger au budget de leur formation politique. En Argentine, on appelle cela des ñoquis, des gnocchis en traduction littérale, en fait des gens payés à ne rien faire, des profiteurs.
Cette annonce intervient sur fonds de scandale quelque peu artificiel à Radio Nacional, dont la directrice, María Seoane, une militante kirchneriste très fervente, vient de démissionner pour protester contre l'accusation que le Gouvernement vient d'émettre contre elle parce qu'elle aurait renouvelé le contrat de trois journalistes kirchneristes rétribués à des hauteurs faramineuses pour deux ou trois heures d'intervention à l'antenne chaque semaine. Mais dans sa lettre de démission, María Seoane dément formellement avoir signé ces contrats : en effet, elle n'aurait pas eu la compétence d'engager Radio Nacional sur le plan financier ou patrimonial. Ce qui veut donc dire qu'elle n'en était pas la directrice mais simplement la responsable de l'information et des programmes. Ce n'était pas ce qu'on pouvait comprendre en écoutant ses discours, notamment celui que je lui ai entendu tenir à la soirée des 70 ans de la Radio ! Mais ça expliquerait sa difficulté à envisager des projets un tant soit peu innovants ainsi que son impuissance (ou sa réticence) à attribuer à RAE, la station internationale de Radio Nacional, un studio en bonne et due forme après que l'ancien studio, dûment rénové, a été attribué à une autre équipe, obligeant les animateurs de RAE à monter et descendre en permanence dans tout le bâtiment en fonction des trous dans les grilles d'occupation des différents studios (des conditions de travail très pénibles tout au long de cette dernière année). La démission de María Seoane vient compléter celle du président de Radio-Télévision Argentine, le cinéaste Tristán Bauer, qui l'avait justifiée, il y a deux semaines, de façon similaire, comme un protestation contre des propos tenus à son endroit par le nouveau Gouvernement.
Il va maintenant falloir regarder de près qui le ministre des Médias publics, Hernán Lombardi, nommera à leur place.

Pour aller plus loin :
sur la réunion de travail du Gouvernement
lire le communiqué officiel de la Casa Rosada avec vidéo et série de photos
sur la recherche des ñoquis ou emplois fictifs
sur la démission de María Seoane