Photo ultra haute résolution publiée par la Présidence argentine Comme il y a peu de recul dans ce coin du musée, le grand angle arrondit tout |
Au
lendemain du premier tour de l'élection présidentielle, qui l'avait
placé en second derrière Daniel Scioli, Mauricio Macri était passé
sur le campement de fortune monté par une délégation Qom (1) sur Plaza
de Congrès depuis au moins six mois. Ces hommes et femmes exigeaient
que la présidente Cristina Kirchner les reçoivent avant de quitter
ses fonctions, ce qu'elle n'a jamais fait. Ils voulaient lui
remontrer qu'elle n'avait pas tenu ses promesses à leur égard et
que dans leur province du Chaco ils continuaient à vivre dans une
misère noire. Dans le cadre de ces revendications, ils avaient été reçus par le Pape dès le mois de juin 2013, au Vatican (voir mon article du 26 juin 2013).
Félix
Diaz, leur responsable, avait accepté de lui serrer la main tout en
prenant la presse à témoin que cette poignée de mains n'était ni
un blanc-seing ni un soutien à la candidature du challenger de
Scioli.
Et
puis le 6 décembre, à la demande de Mauricio Macri et en prévision des festivités
de l'investiture, les Qoms avaient accepté de lever le camp pour
faciliter les rassemblements populaires devant le palais du Congrès.
Hier,
le Président Mauricio Macri a reçu une délégation d'une trentaine
de peuples originaires, provenant d'une quinzaine de Provinces (2)
dans le très somptueux et très impressionnant décor du Museo
Nacional del Bicentenario, installé en 2010 dans les soubassements
de la Casa Rosada, ce qu'il reste du Fort de Buenos Aires, qui abrita
le gouvernement vice-royal puis les premières institutions
nationales issues de la Révolution de Mai 1810 et de la Douane
Taylor, qui s'avançait en arc-de-cercle sur le Río de la Plata (3).
Pour ces représentants des ethnies précolombiennes, qui ont tant de
difficultés à se faire admettre dans l'histoire nationale, cette
réception est historique et c'est ainsi que Félix Diaz l'a saluée.
Félix Diaz auquel le communiqué de la Présidence accorde son titre
de cacique Qom ! A côté de Félix Diaz, il y avait Relmú
Ñamku, la dirigeante mapuche qui a tout récemment bénéficié d'un
acquittement devant un tribunal où siégeaient à part égale et
pour la première fois des Argentins indiens et non indiens (elle
était accusée pour avoir jeté une pierre qui avait blessé
gravement quelqu'un parmi les forces de sécurité civile autour de
la manifestation à laquelle elle avait appelé).
Ce
qui est assez émouvant, c'est de voir l'enthousiasme de ces gens
bien décidés à se faire des selfies avec le Chef de l'Etat et ce
sourire qu'on ne voit pas si souvent sur le visage de Félix Diaz (je
l'ai vu sous sa tente Plaza de Congreso, il n'avait vraiment pas
cette tête-là !). Et puis il y a ce regard franc, les yeux
dans les yeux, de deux hommes qui ont la même taille (ça aide) !
Sa
réponse a été très brève et bien amérindienne (ils s'étaient tous assis pour se parler, comme il convient dans ce telles occasions) :
Muy
buenos días a todos, agradecido de poder estar aquí al lado del
presidente de la Nación y acompañado por los pueblos indígenas del
país. Estamos agradecidos de poder estrechar una relación con el
Estado, es un momento histórico para nosotros, de poder sentarnos a
buscar un camino para que podamos tener la posibilidad de salir de
esta problemática que nos afecta a los pueblos indígenas.
Este
es el momento de dignificar la vida de los pueblos indígenas, de
poder demostrar nuestra capacidad, demostrar que somos seres humanos,
lo que queremos es desarrollar esa capacidad. Gracias.
Félix
Diaz
Bonjour
à tous. Je suis très reconnaissant de pouvoir être là, au côté
du Président de la Nation et accompagné par les peuples indigènes
du pays. Nous sommes tous reconnaissants de pouvoir nouer une
relation avec l'Etat, c'est un moment historique pour nous, de
pouvoir nous asseoir pour chercher un chemin pour que nous puissions
avoir la possibilité de sortir de tous ces problèmes qui nous
affectent, nous, les peuples indigènes.
C'est
maintenant le temps de rendre sa dignité à la vie des peuples
indigènes, de pouvoir montrer notre capacité, de démontrer que
nous sommes des êtres humains. Ce que nous voulons, c'est développer
cette capacité-là.
Merci.
(Traduction
© Denise Anne Clavilier)
Le
Président était flanqué de son Premier ministre, du ministre de la Justice et du Secrétaire
d'Etat aux Droits de l'Homme, qui lui est rattaché et qui a annoncé que l'Institut National
des Affaires Indigènes (INAI) allait quitter la tutelle du ministère
du Développement social pour passer sous l'autorité de son
Secrétariat.
Photo Présidence argentine |
Le
site Internet de la Casa Rosada propose le texte du discours du
Président (4), la vidéo et les photos de la rencontre officielle.
Le tout peut être téléchargé gratuitement comme c'était déjà
le cas sous Cristina Kirchner. Comme quoi, ils ne détruisent pas
tout, loin de là...
Pour
aller plus loin :
consulter
la page consacrée à cette rencontre sur le site de la Casa Rosada.
L'INAI n'a pas de site Internet propre. Il dispose simplement de quelques pages sur le site du ministère du Développement social et de renvois en ligne à partir du ministère de la Culture, ce qui indique une certaine impéritie de la part des équipes précédentes ou, et ce serait peut-être pire, de double langage à l'égard des peuples originaires, comme l'affirmaient les slogans sur les tentes installées Plaza de Congreso.
L'INAI n'a pas de site Internet propre. Il dispose simplement de quelques pages sur le site du ministère du Développement social et de renvois en ligne à partir du ministère de la Culture, ce qui indique une certaine impéritie de la part des équipes précédentes ou, et ce serait peut-être pire, de double langage à l'égard des peuples originaires, comme l'affirmaient les slogans sur les tentes installées Plaza de Congreso.
Pour
faire remonter en page d'accueil les articles liés aux Peuples
Originaires dans Barrio de Tango, cliquez sur le mot-clé PO dans le bloc Pour chercher,
para buscar, to search, ci-dessus.
(1) Anciennement, on parlait du peuple "toba" mais il s'agit là d'une dénomination inventée par les Européens. Ils ont il y a quelques années pu imposer leur nom dans leur propre langue : Qom.
(2)
La répartition des peuples originaires sur le territoire de la
République Argentine est assez inégalitaire. Le chiffre de quinze
provinces correspond peu ou prou à celles où la majorité d'entre
eux vivent aujourd'hui.
(3)
Un des plus beaux musées de Buenos Aires, moderne, liant le passé
très ancien et le présent, superbement installé et éclairé,
et... entièrement gratuit ! Son seul inconvénient : être
parfois fermé lorsque la Présidence y organise quelque événement
officiel, comme ce fut le cas pour cette rencontre hier.
(4)
Le texte est annoncé en format pdf mais en fait il est en format
Word. Quelqu'un a dû oublier de faire la conversion. Le discours est
bref et très vivant, assez chaleureux, les promesses sont pragmatiques et il ne leur
manque pour l'instant que de s'accomplir.