Finalement, après que le PRO en ait
dit le plus grand mal depuis plusieurs années, ce qui avait fait
craindre sa disparition immédiate, le nouveau Gouvernement conserve
et renforce la politique d'allocations sociales initiée par
Cristina de Kirchner : il vient d'annoncer l'attribution d'une
prime de Noël de 400 pesos payée en une seule fois d'ici la fin de l'année à un certain
nombre d'allocataires qui composent les catégories le plus pauvres de
la société argentine : les bénéficiaires de l'allocation familiale
universelle par enfant (AUH, selon l'acronyme argentin), celle de l'allocation
grossesse et ceux du minimum vieillesse pour les retraités. Toutes ces
allocations sont attribuées sous plafond de ressources, elles ne sont donc pas universelles. L'emploi de l'adjectif "universelle" (le u dans AUH) ne
concerne en fait que la situation professionnelle des bénéficiaires :
l'AUH est distribuée à tous les parents d'un enfant mineur (ou d'un
enfant majeur handicapé) sous un plafond de ressources qui est indexé tous les ans, qu'ils
travaillent ou soient au chômage, qu'ils soient déclarés par leur
employeur ou contraints de travailler sans pouvoir bénéficier de la sécurité sociale faute de cotisation, qu'ils soient salariés ou à leur compte (artisans par
exemple). La somme est considérée comme dérisoire par certains opposants, c'est oublier qu'il s'agit là d'un coup de pouce à des allocations sociales qui ne constituent pas et n'ont jamais été censées constituer un revenu, ni direct ni de remplacement. C'est donc modeste mais nullement négligeable.
La mesure est annoncée comme une
compensation de la forte montée des prix qui a été suscitée
par les promesses électorales de Mauricio Macri qui disait vouloir ouvrir le marché
des devises et procéder à une dévaluation du peso. Par
précaution, les distributeurs ont anticipé la montée des prix dès l'entre-deux-tours de l'élection présidentielle et les prix n'ont pas cessé de grimper depuis lors malgré la prudence (relative) que le Gouvernement adopte dans ses réformes économiques. Une prudence qui semble plutôt efficace en matière monétaire puisque la cotisation du dollar n'atteint pas les 15 pesos que les
économistes prévoyaient. Depuis vendredi dernier, jour où le contrôle des
changes a été levé, la tendance est à la baisse : le dollar
US a coté à nettement plus de 14 pesos (sans toutefois atteindre la barre des 15) puis il
est descendu à un peu plus de 13 pesos en deux jours de cotisation.
Pour contenir cette inflation qui
remonte, un mal endémique dans l'économie argentine depuis une
quinzaine d'années, le gouvernement envisage de baisser les taxes
sur les carburants et menace d'ouvrir les frontières aux
importations en cas de maintien des prix trop élevés sur le marché
intérieur. Par ailleurs, et cela ne concerne qu'une petite partie de la population, il vient de baisser les taxes sur l'achat des voitures haut de gamme, dont les 4x4 dont sont friands les gros propriétaires agricoles.
Página/12 préfère consacrer sa une à l'ordonnance du juge fédéral qui vient de déclarer inconstitutionnel le décret de nomination de deux juges à la Cour Suprême (et dont se font l'écho tous les journaux) "Puisqu'il y a une porte, messieurs les membres de la Cour Suprême sont priés de na pas entrer par la fenêtre". L'information concernant la prime de Noël est en manchette centrale et le couac diplomatique dans la manchette de droite |
Et dans le cadre de la politique
sociale, le gouvernement vient d'annoncer un projet de loi visant à
élargir le champ de l'AUH (Asignación Universal por Hijo), l'un des
grands acquis de Cristina de Kirchner. L'AUH est remise à tous les
parents à condition qu'ils puissent prouver que l'enfant pour lequel elle est versée va à l'école, qui est obligatoire de 4 à 13 ans, et voit régulièrement un médecin. Ce qui a fait disparaître à Buenos Aires les enfants mendiants pendant la semaine et a amélioré l'état de santé de cette classe d'âge.
Pour en savoir plus :
lire l'article de Página/12, qui a
bien du mal à critiquer cette mesure alors que le journal est entré
dans une opposition résolue au Gouvernement
lire l'article de Clarín
lire l'article de La Prensa sur la
prime de Noël
lire l'article de La Prensa sur le
futur projet de loi
lire le communiqué officiel du
Gouvernement