dimanche 27 septembre 2009

Il y a un mois : le dernier show d'Alorsa. Retour sur image [à l'affiche]

Pour Monsieur et Madame Pandelucos, pour Talo, pour Sebastián Linardi et ses copains de Fractura Expuesta, pour Sebastián el Ñato, Fernando et Leo...

C'était le jeudi 27 août dernier, à la Ciudad Cultural Konex, au coeur du quartier de l'Abasto. Alorsa et La Guardia Hereje étaient les invités de la Ciudad Cultural Konex dans le cadre du 11ème festival de tango de Buenos Aires. C'était la première fois qu'ils se produisaient à Buenos Aires dans ce cadre prestigieux. Ils ont joué pendant une demi-heure au cours d'une soirée très complète qui mêlait cours d'initiation (très, très basique), milonga, démonstration de la danseuse et professeur Milena Plebs, le tout animé par le DJ Gaby Plaza (qui est aussi journaliste au quotidien La Nación) et trois shows (mais je n'en ai vu que deux). Ceux que j'ai vus, c'était donc d'abord La Guardia Hereje puis le faux contrapunto (défi, tournoi, confrontation) entre deux chanteurs, Javier Cardenal Domínguez et Pablo Banchero.

Par un de ces tours du hasard dont Buenos Aires a le secret, surtout pendant le festival, je me suis trouvée à la même table que Sebastián Linardi, l'un des journalistes de l'émission de radio Fractura Expuesta, dont je vous parle souvent. On se connaissait de nom, on s'est rencontrés ce soir-là. On l'ignorait encore mais nous devions nous revoir, dans des circonstances très tristes, le lundi suivant à La Plata.

Alorsa et ses musiciens, les deux guitaristes Sebastián et Fernando et le percussionniste Leonardo, ont joué devant un public très attentif, qui majoritairement ne les connaissait pas et cela se sentait dans la surprise épatée qu'on devinait dans la qualité de l'écoute. La Guardia Hereje, c'était un groupe de La Plata, pas de Buenos Aires, et La Plata se trouve à 80 km au sud de la capitale fédérale... Alorsa a démarré avec son récit pamphlétaire et parabolique sur les ravages de la corruption au quotidien, Te morfaste las facturas (tu t'es boulotté les viennoiseries). Il a mélangé les morceaux de son premier disque dont je vous ai déjà parlé (Tangos y otras yerbas) et de son second disque, qui va sortir à titre posthume. Il a terminé sous les applaudissements avec cet autre récit homérique qu'est Vuelve el Tango. Et ils ont fait un bis, Ezeiza, une chanson qui parle des Argentins qui partent à l'étranger chercher un sort économique meilleur...

Après la Guardia Hereje, venait la fausse confrontation entre Cardenal et Pablo Banchero, l'un chevelu façon hippie, l'autre, plutôt gendre idéal. Cardenal s'accompagnait lui-même à la guitare tandis que Pablo Banchero chantait sur des pistes d'orchestre enregistrées. A la fin de ce tour de chant partagé, j'ai aperçu Alorsa qui se glissait à l'arrière de la salle. Je suis allée le rejoindre et retrouver aussi Lucio Arce et Cardenal ainsi qu'un ami de Alorsa que je ne connaissais pas et qui est devenu le mien maintenant, Talo. Nous nous sommes éloignés vers la cour de la Ciudad pour prendre un verre et bavarder sans déranger le public. On est restés là à cette table jusqu'à ce que l'extinction des lumières nous jette dehors... C'est la dernière fois que j'ai vu Alorsa. C'est aussi la dernière fois que le public a pu l'entendre...

A la demande de ses parents, Sebastián, Fernando et Leonardo préparent en ce moment même un spectacle avec des artistes invités pour la présentation du nouveau disque. Ce sera le 3 octobre, à la date que Alorsa avait lui-même fixée.

Les photos que je publie ci-après ont été prises pendant la soirée par Sebastián Linardi, qui me les a fait parvenir et m'a autorisée à les publier du vivant d'Alorsa... Il faisait très chaud ces jours-là, environ 30 degrés, très inhabituel en hiver à Buenos Aires, et je n'avais pas voulu prendre le risque de prendre mon appareil photo (sur une touriste, ça se voit et ça attire le prédateur).

Je m'étais dit que j'aurais d'autre occasions de photographier Alorsa et ses musiciens sur scène. Je comptais de toute manière le revoir le jeudi 3 septembre, lors d'un petit dîner que je voulais organiser pour dire au revoir avant de me rendre à Ezeiza...


La Guardia Hereje au grand complet


Te morfaste las facturas...


Cardenal

Pablo Banchero

Ajout du 28 septembre 2009 : Sebastián Linardi m'envoie par mail ces deux liens vers des extraits du show du Konex que ni lui ni moi n'avons encore le courage de regarder. Mais vous, rien ne vous en empêche. Alors profitez-en... Vous allez voir ce que nous avons perdu et celui que nous continuons de pleurer.
Extrait n° 1 du show La Guardia Hereje au Festival de Tango de Buenos Aires
Extrait n° 2 du show La Guardia Hereje au Festival de Tango de Buenos Aires
Alorsa les avait mis en ligne le lendemain ou le surlendemain en prévision de la présentation de son nouveau disque, qu'il comptait faire le samedi 3 octobre. Et le disque sera bien présenté samedi, avec plusieurs artistes invités qui viendront ainsi lui rendre hommage, à la demande de ses parents.