L’article 67 de la Constitution de la Ville Autonome de Buenos Aires permet à la population d’organiser un référendum pour destituer le Chef du Gouvernement. Il suffit (façon de parler, bien sûr) de réunir sur ce projet 20% des inscrits sur les listes électorales (padrón de electores), ce qui représente 504 983 personnes, selon les listes qui ont servi aux élections du 28 juin dernier. Le projet de référendum doit ensuite être présenté devant le Tribunal compétent pour la Ville de Buenos Aires (le Tribunal Superior de Justicia, TSJ de son petit nom) qui doit le valider et le faire mettre en oeuvre.
On peut donc dire que cette deuxième partie de mandat risque d’être chaude pour le gouvernement de Mauricio Macri, ce qui n’est pas pour me surprendre, personnellement, car j’ai pu constater à Buenos Aires combien le secteur des travailleurs sociaux et celui des animateurs culturels, très proches l’un de l’autre là-bas, étaient remontés contre la politique de ce gouvernement.
En l’occurrence, c’est un rassemblement d’associations de quartier, d’ONG qui aident les sans-logis, de syndicats (la section portègne du CTA, ce qui correspond au syndicat Sud français en Argentine) et de toutes petites formations politiques qui vient d’entamer cette campagne auprès de la population, sous le slogan La dignidad no se privatiza (la dignité, ça ne se privatise pas). Tout un programme en réaction contre la politique de privatisation tous azimuts pratiquée par Mauricio Macri dans de très nombreux domaines, y compris culturels et artistiques.
Ce rêve de destituer Mauricio Macri a pris naissance en janvier de cette année quand une fratrie d’enfants âgés de 1 à 13 ans a trouvé la mort dans l’incendie d’un squat dans le quartier défavorisé de La Boca. Depuis, le cahier de doléances des associations s’est enrichi de nombreuses revendications touchant le secteur hospitalier et scolaire, les cantines pour adultes et pour enfants, la construction de logements sociaux. Tous ces budgets sont à la baisse tandis que les associations accusent Macri d’augmenter les subventions publiques à ses propres emprises et à celles de ses amis.
Il y a plusieurs années, au moment de la tragédie du night-club Cromañon, où de très nombreux jeunes gens avaient péri dans un incendie provoqué par des feux de Bengale et des fumigènes sur scène alors que les issues de secours avaient toutes été condamnées pour éviter que les clients entrent ou sortent sans payer, une initiative citoyenne visant à destituer le Chef du Gouvernement de l’époque, Aníbal Ibarra, avait été tentée mais elle avait échoué.
Si cette fois-ci, la manoeuvre aboutissait, en l’absence de vice-président, puisque Mauricio Macri a fait démissionner sa vice-présidente Gabriela Michetti avant les élections du 28 juin, ce serait Diego Santilli, Président de la Legislatura Porteña, qui assumerait la direction du Gouvernement de la Ville.
D’ici là, Mauricio Macri dispose encore de quelques nuits pour dormir tranquille. La complexité de la procédure lui laisse une bonne marge de sécurité avant une éventuelle destitution...
Pour aller plus loin :
Lire l’article de Página/12
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