mardi 29 septembre 2009

Final du Mundial avec deux surprises dans les deux catégories [à l'affiche]

Le Mundial de tango a pris fin à Buenos Aires les deux derniers jours d’août. Les résultats n’étaient pas vraiment attendus.








Dans la catégorie Tango Salón, c’est un couple japonais, Hirochi et Kyoko YAMAO, qui l’a emporté, les premiers Argentins, Gonzalo Angeles et Sabrina Tonelli, tous deux de Buenos Aires, n’arrivant qu’en troisième position, après le couple russe, Andreï Panferov et Natalia Alioushkina.
Derrière eux et parmi les 10 premiers, viennent 5 couples argentins, dont les quatrièmes qui sont de Bahía Blanca, un couple italien et un couple uruguayen. Les jours suivants, tout Buenos Aires ne parlait que de la surprise de la veille : c’étaient des Japonais qui étaient couronnés champions du monde de tango. Cela les faisait un peu ricaner, les Portègnes... Moi, j’avais l’esprit tout à fait ailleurs, comme vous le savez si vous avez lu l’article unique que j’ai publié, depuis un inconfortable locutorio de la Avenida Rivadavia, la veille, le dernier publié depuis Buenos Aires même.
Le monde à l’envers ! ¡Qué falta de respeto! comme on dit là-bas quand on constate une aberration et qu’on s’en offusque.
Comme quoi, le jury de cette compétition n’est pas aussi partial ni aussi chauvin que les perdants, habituellement étrangers, ont l’habitude de le penser in petto.


Dans la catégorie Tango Escenario, ce fut aussi la surprise lorsqu’un couple qui avait fait une prestation toute en sobriété l’a emporté sur les prouesses très spectaculaires mais à l’expression émotionnelle moins riche des 9 autres couples en compétition au Luna Park.

Les deux nouveaux champions, qui se voient offrir une prime de 15 000 $ offerte par la Ville de Buenos Aires et un contrat de deux mois au Japon ainsi que de belles perspectives de carrière, sont deux amis, lui, Jonathan Spitel, de Córdoba et elle, Betsabet Flores, de Zárate (1) qui ne dansent ensemble que depuis quelques mois. Elle vient de la danse classique mais gagne encore sa vie comme opératrice dans un centre d’appel et lui est un danseur professionnel de danses de société qui a démarré le tango il y a 18 mois. Ils avaient choisi pour leur chorégraphie un morceau de Fabio Hager, Encanto Rojo, dont je vous ai parlé (lire l’article) au sujet de la sortie du récent disque homonyme de ce compositeur-bandonéoniste, ex-directeur artistique du Viejo Almacén (il a quitté ses fonctions au début de l’année) (2).
En Tango Escenario, les vainqueurs 2009 l’ont emporté sur 171 couples venus de 25 pays. Ils étaient en fait les premiers surpris de leur arrivée en finale au Luna Park et comme ils n’avaient plus rien à perdre, ils ont décidé d’apprécier ce moment unique dans leur vie et de profiter sans se mettre une quelconque pression de cette heure de gloire qui leur était offerte de danser sur la mythique scène du non moins mythique Luna Park. Cela leur a réussi.

Pour en savoir plus :
Lire l’article de Carlos Bevilacqua sur la finale du Tango Escenario dans Página/12 du 2 septembre dernier.

Pour les amateurs de danse, j'ajoute aujourd'hui dans la Colonne de droite, dans la rubrique Eh bien dansez maintenant ! (en partie inférieure de la Colonne), deux liens vers deux revues argentines spécialisées sur la question, El Tangauta et La Milonga Argentina (un petit bonjour à Silvia Rojas, la fondatrice et rédactrice en chef de La Milonga Argentina, en passant, quelques semaines après notre dîner chez Ramos). Les photos qui illustrent cet article sont issues du site de La Milonga Argentina.

(1) Córdoba est une ville du centre de l’Argentine. C’est entre autres la ville natale de Rubén Juárez, un chanteur, compositeur et bandonéoniste très célèbre. Zárate est une ville du nord de la Province de Buenos Aires, sur le Paraná, comme Rosario plus à l’ouest, et qui vit grandir Homero Expósito, naître son frère cadet Virgilio et toute une palanquée de musiciens qui débutèrent tous dans l’orchestre de Miguel Caló dans les années 40.
(2) C’est ça, le Cena-show. De la rentabilité et du moins disant social à tout va.