Para vos, Alorsa. Faltas tu...
Ecrit le 10 septembre. Tous les abonnés de mon fournisseur d'accès sont privés d’Internet depuis mercredi matin
Alorsa avait beaucoup d'attachement pour le personnage public qu'est en Argentine Diego Maradona, un attachement dans lequel il y avait une immense admiration pour le grand footballeur qu'a été pendant de nombreuses années l'actuel et malheureux Directeur Technique de la Sélection Nationale argentine... Il avait dédié à Maradona une chanson fastueuse, où il parvenait à faire partager au public sa tendresse et son admiration pour l'idole du ballon sans rien nier de ses faiblesses (la drogue, les déclarations politiques intempestives, le peu de claivoyance à Naples où il s’acoquina avec des maffiosi notoires...)
Hier, mercredi 9 septembre, les Albicelestes (blancs et bleu ciel) ont connu à peu près le même sort que les Bleus. Ils devront leur place au Mundial, s'ils décrochent leur sélection, aux épreuves de repêchage. Ils sont d’ores et déjà barragistes. Les Français sont encore suspendus aux résultats des autres équipes de leur pool éliminatoire...
Clarín fait ses gros titres de cette déception nationale et sportive (lire la page sportive du 10 septembre). Página/12 se contente d'en parler dans les pages intérieures (lire l'article principal) mais régale aussi ses lecteurs d'un très beau texte, presque aussi mélodique qu'un tango, intitulé Pudo haber sido peor (Cela aurait pu être pire), qui démarre, comme on respire, sur une citation de tango. Je vous laisse aller y voir et la trouver tout seuls comme des grands, cette citation ? Allez, si ! lancez-vous ! (Aller à Pudo haber sido peor).
Et puis comme Alorsa aimait bien ma rubrique Jactance & Pinta où je tente de vous présenter depuis plus d'un an des tournures particulières de nos deux langues, j'explique un peu le titre que j'ai choisi ce soir : être sur le même bateau, en français populaire, veut dire estar solidario junto a otra persona, correr la misma suerte, comme l'entend Cadícamo dans Cuando tallan los recuerdos (Mi viejo fueye querido, yo voy corriendo tu suerte)... Et être dans une galère, c'est estar en la palmera, estar en un lio, bref andar muy mal (être dans la panade, être dans le pétrin, bref, ne pas aller bien du tout). J'ai mélangé les deux expressions parce que je sais que ça m'aurait permis de retrouver le sourire radieux qu'avait arboré Alorsa en me voyant, il y a 15 jours ce soir, au pied de la scène du Centro Cultural Konex. Dans la dédicace, j'ai aussi glissé une citation tanguera : Faltas tu, ça vient de Verdemar, une letra de José María Contursi et une musique de Carlos Di Sarli : Faltas tu, ya no estás... (Tu me manques, tu n'es plus là). Ces tangos et celui cité par Página/12 dans l'éditorial Pudo haber sido peor seront présentés dans un livre que je prépare et où nos discussions m'avaient aidée à affiner mes traductions lorsque lui me disait comment il ressentait tel ou tel vers, comme il aimait l'entendre chanter, qui en avait donné la meilleure interprétation... Quel dommage qu'il soit impossible de rendre dans un livre la densité de ces échanges !
Et pour ceux qui donnent leur langue au chat (1) pour la citation dans Pudo haber sido peor, je vous souffle (2) : da ganas de balearse en un rincón (3).
(1) donner sa langue au chat : dejar de buscar la solución de un enigma.
(2) Souffler (vocabulario de los actores) : brindar la respuesta a una pregunta a alguien que no la encuentra. Por la persona que decía en voz muy baja la replica al actor que olvidaba su texto.
(3) Da ganas de balearse en un rincón : ça donne envie de se tirer une balle dans un recoin (c'est à dire en cachette, dans un lieu retiré où personne ne s'intéressera jamais à vous). C'est tiré de Afiches, de Homero Expósito et Atilio Stampone. Roberto Goyeneche en avait fait un morceau absolument déchirant, comme tout ce qu'il chantait.