Après un séjour à Buenos Aires, culturellement et humainement riche (comme d’habitude) mais aussi très éprouvant (pas comme d’habitude), je vais très progressivement reprendre le rythme de mes publications dans Barrio de Tango. En septembre toutefois, ce blog consacré à l’actualité du tango argentin conservera une cadence très inférieure à la moyenne mensuelle qu’il avait atteinte pendant ses 12 premiers mois de vie, de juillet 2008 à juin 2009.
C’est que la mort d’Alorsa (une semaine après l’événement, j’ai encore du mal à associer ce nom commun et son nom à lui) m’affecte très profondément comme elle le fait pour tous ceux qui ont eu le bonheur et la chance de le connaître personnellement. Je prendrai donc le temps de lui rendre plusieurs hommages dans ces colonnes, à travers la traduction d’un texte magnifique d’Ildefonso Pereyra, celle d’un article que Carlos Bevilacqua lui a consacré dans Página/12 il y a quelques jours et un Retour sur images sur son dernier concert, celui qu’il avait donné le jeudi 27 août au Centro Cultural Konex dans le quartier de l’Abasto, au cours du 11ème Festival de Tango de Buenos Aires, et auquel j’ai pu assister. Alorsa nous laisse une oeuvre inachevée mais somptueuse, et qui mérite d’être mieux et davantage connue à l’intérieur de l’Argentine, sur les deux rives du Río de la Plata, sur le continent latino-américain et au-delà de l’orbite hispanophone. Pour plus tard, d’ici quelques mois, je songe à un hommage qui pourra lui être rendu en terre francophone, de ce côté-ci de l’Atlantique, où il rêvait de venir chanter un jour. Il avait déjà passé il y a plusieurs années quelques semaines inoubliables à Arcachon, en France. Il se souvenait des dunes, il se souvenait des huîtres, il se souvenait du soleil sur la mer et du pastis à l’heure de l’apéritif et la perspective de revenir chez nous, pour s’y produire cette fois-ci, le remplissait de joie et de fierté...
Et puis en septembre aussi, Litto Nebbia, un géant de la musique populaire argentine, arrive en France pour une toute première tournée dont il m’a confiée la coordination. Il chante vendredi prochain, 11 septembre au Thy-Roir Café-Concerts à Ploërmel, puis la semaine suivante, les 17 et 18, à Paris même, à la Péniche Demoiselle, où je serai bien entendue présente pour les deux shows. C’est donc pour moi la perspective d’un peu de travail (le plus lourd est fait depuis longtemps) et de beaucoup de temps à consacrer à l’amitié... Lorsqu’on est séparé par un océan, un équateur et 11 000 km de distance, il faut savoir profiter de la présence des amis, quand ils viennent à Paris, à Bruxelles, à Madrid ou à Buenos Aires. Litto Nebbia est en Espagne depuis le 3 septembre, il chante ce soir à Barcelone et j’espère pouvoir faire un article sur cette tournée dans la Péninsule, mais il me manque encore quelques données.
Enfin, au-delà de l’immense chagrin que nous a causé Alorsa en nous quittant si brutalement le 30 août, je rentre de Buenos Aires avec pas mal de travail en retard : plusieurs articles que j’ai écrits sur place (à l’ancienne, stylo et cahier) mais que je n’ai pas eu le loisir ni la possibilité technique de publier depuis là-bas et un peu de pain sur la planche pour un livre en préparation, un livre dont Alorsa avait déjà annoncé par monts et par vaux la sortie prochaine, dont il se réjouissait tant. Plus que moi-même peut-être bien. Depuis près de 2 ans, j’avais déjà accordé dans le manuscrit une petite place à l’une de ses chansons, juste une petite place parce que je comptais bien que, sa carrière se développant, il ne manquerait pas d’autres occasions de le faire connaître. Et puis la vie, ou la mort, en ont décidé autrement. Alors il faut modifier un peu les choses pour lui aménager une place différente, digne d’un parcours qui s’est refermé, une place joyeuse et bien vivante, surtout pas en forme de pierre tombale, et réorganiser aussi d’autres détails pour mieux vous faire apprécier le talent de deux poètes que sa mort remplit eux aussi de tristesse, Juan Vattuone et Luis Alposta, qui me fait, et je l’en remercie, l’honneur et l’amitié de donner sa bénédiction académique et poétique à ce travail qui me tient occupée depuis plus de 3 ans.
Enfin, le jour même des adieux à Alorsa dans sa ville de La Plata, la Legislatura de la Ciudad de Buenos Aires accordait son appui institutionnel à l’un de mes projets. Un projet qui doit donc à présent aboutir coûte que coûte, ce qui n’ira pas sans un peu d’effort de ma part et tout de suite. Surtout qu’Alorsa devait y avoir sa part. Et il l’aura, au reste, car les autres artistes impliqués sont fort désireux de faire quelque chose en souvenir de lui...
A la fin du mois, Alorsa était invité par Cucuza pour la reprise au CCC de Con-viviencia Tanguera (voir mon premier article sur ce show au mois de mars et son Retour sur images). Il avait dû décliner l’invitation parce qu’il avait une autre obligation et il avait autorisé Cucuza à utiliser une séquence de son DVD (Tangos y otras hierbas) pour participer ainsi, virtuellement, à ce spectacle. Et c’est de cette manière que le récital se déroulera, au grand chagrin de Cucuza, le dernier mercredi de ce mois au Centro Cultural de la Cooperación Floreal Gorini, sur l’avenue Corrientes. A la fin de cette semaine-ci, Alorsa devait aussi participer, malgré l’absence des musiciens de son groupe, la Guardia Hereje, à la Semana de Boedo, qui avait été annulée en juillet, pour cause d’état d’alerte sanitaire à Buenos Aires...
Pour le moment, j’ai décidé de laisser le raccourci Alorsa et la Guardia Hereje (qui rassemble tous les articles que je lui ai consacrés) dans la section des auteurs-compositeurs-interprètes, dans Vecinos del Barrio, dans la Colonne de droite. Il y aura un jour où il faudra me résoudre à le faire basculer dans la section Encore là. Mais pour l’instant, il est bien où il est : tout en haut de la rubrique...
En ce mois de septembre 2009, vous trouverez donc un peu moins d’informations que d’habitude sur l’actualité de la scène à Buenos Aires et sur l’actualité tout court et les articles que je publierai seront sans doute moins développés, au point que je me contenterai parfois, je pense, de vous présenter une simple liste des shows à venir... Ne m’en veuillez pas trop. Et prenez patience : les choses reprendront leur cours avec le temps, paisiblement, au fur et à mesure que se résorberont les retards et la stupéfaction d’un départ auquel aucun de nous ne se résout encore à croire vraiment...