C´était une chanson qu´il avait écrite il y a plusieurs années, après la grande crise économique de décembre 2001 qui avait mis par terre toute l´économie du pays. Cette chanson, La Pesadilla, raconte, comme s´il s´agissait d´un rêve ou plus exactement d'un cauchemar, la dure réalité que les Argentins vivaient et continuent d´affronter au quotidien pour beaucoup d´entre eux, dont Alorsa faisait partie.
Et c´est aussi aujourd´hui la triste réalité que nous vivons à Buenos Aires et à La Plata :
Et c´est aussi aujourd´hui la triste réalité que nous vivons à Buenos Aires et à La Plata :
Alorsa (Jorge Marcelo Pandelucos, de son vrai nom)
s´en est allé pour toujours
dimanche, un peu avant minuit.
Il n´avait pas encore 39 ans.
Cette mort brutale et inattendue désole beaucoup de gens ici.
Alorsa était un grand artiste, doublé d´une personnalité aux qualités humaines exceptionnelles. Un grand artiste qui n´avait pas encore atteint la notoriété qu´il méritait. Un grand artiste qui était loin d´avoir donné tout ce qu´il aurait pu apporter à la culture populaire de son pays, de sa région, de sa ville. Son humilité personnelle ne nous permettait pas de parler devant lui comme nous le faisons à son sujet depuis hier matin… Il aurait même sans doute été très surpris de nous entendre dire tout cela et il se serait sans doute un peu moqué de notre grandiloquence.
Parece mentira, nous répétait son père hier. "On dirait des histories"…
Moi-même, j´ai du mal à trouver mes mots en cette occasion. La surprise est immense. La perte affective aussi. La perte artistique ne l´est pas moins. Jeudi, j´avais asisté à ce qui devait être son dernier show avec les trois musiciens, Leo à la percussion, Sebastián et Fernando tous deux à la guitare. Une petite demi-heure très applaudie au Centre Cultuel Konex, en plein Abasto, dans le cadre du 11ème Festival de Tango de Buenos Aires, sa première participation à cet événement. Un public très attentif, découvrant un artiste inconnu de beaucoup dans cette salle portègne.
Après le spectacle, nous avons longuement bavardé ensemble autour d´un verre, lui, Cardenal Domínguez, Lucio Arce, qui ne pouvait pas retenir ses larmes hier, et Juan, un grand ami d´Alorsa, celui qui prit son téléphone hier matin pour relayer la nouvelle jusqu´à Buenos Aires.
Mais cet article n´est pas le dernier que j´écrirai sur Alorsa. Jeudi prochain, les quatre journalistes et animateurs de Fractura Expuesta, bouleversés par l´événement, consacreront à Alorsa une bonne partie de leur émission (à écouter et à télécharger en podcast, vous savez aller chercher tout ça dans la Colonne de droite, comme toujours sur ce blog). Ce soir, je fais moi-même une petite intervention qui sera diffusée dans un prochain numéro de Tango City Tour.
A mon retour à Paris, je publierai dans Barrio de Tango quelques photos qu´a prises jeudi soir Sebastián Linardi, de Fractura Expuesta. J´avais envie de vous présenter tout ça en plaisantant sur l´importance de la photographie en radiophonie mais je n´ai plus guère le coeur à le faire aujourd´hui.
Et puis il y aura, d´ici quelques mois, la sortie de son second et dernier disque, celui sur lequel il était en train de travailler encore de menus détails quand la mort est survenue.
Il y aura aussi un hommage et peut-être plusieurs que nous tentons d´ores et déjà de monter de notre mieux et je ferai l´impossible pour que l´un de ces hommages puisse arriver jusqu´en France et si possible à Paris et pourquoi pas en Belgique et en Suisse. Bref, chez nous. Où il était si heureux de savoir que je m´occupais à le faire venir avec plusieurs autres artistes du même niveau, de la même originalité…
Ce matin, j´ai trouvé parmi mes mails un hommage très bref de Luis Alposta (la brièveté chez ce poète, c´est une marque de fabrique et de qualité!). Je le reproduis ci-dessous parce qu´il aurait fait plaisir à Alorsa.
Parece mentira, nous répétait son père hier. "On dirait des histories"…
Moi-même, j´ai du mal à trouver mes mots en cette occasion. La surprise est immense. La perte affective aussi. La perte artistique ne l´est pas moins. Jeudi, j´avais asisté à ce qui devait être son dernier show avec les trois musiciens, Leo à la percussion, Sebastián et Fernando tous deux à la guitare. Une petite demi-heure très applaudie au Centre Cultuel Konex, en plein Abasto, dans le cadre du 11ème Festival de Tango de Buenos Aires, sa première participation à cet événement. Un public très attentif, découvrant un artiste inconnu de beaucoup dans cette salle portègne.
Après le spectacle, nous avons longuement bavardé ensemble autour d´un verre, lui, Cardenal Domínguez, Lucio Arce, qui ne pouvait pas retenir ses larmes hier, et Juan, un grand ami d´Alorsa, celui qui prit son téléphone hier matin pour relayer la nouvelle jusqu´à Buenos Aires.
Mais cet article n´est pas le dernier que j´écrirai sur Alorsa. Jeudi prochain, les quatre journalistes et animateurs de Fractura Expuesta, bouleversés par l´événement, consacreront à Alorsa une bonne partie de leur émission (à écouter et à télécharger en podcast, vous savez aller chercher tout ça dans la Colonne de droite, comme toujours sur ce blog). Ce soir, je fais moi-même une petite intervention qui sera diffusée dans un prochain numéro de Tango City Tour.
A mon retour à Paris, je publierai dans Barrio de Tango quelques photos qu´a prises jeudi soir Sebastián Linardi, de Fractura Expuesta. J´avais envie de vous présenter tout ça en plaisantant sur l´importance de la photographie en radiophonie mais je n´ai plus guère le coeur à le faire aujourd´hui.
Et puis il y aura, d´ici quelques mois, la sortie de son second et dernier disque, celui sur lequel il était en train de travailler encore de menus détails quand la mort est survenue.
Il y aura aussi un hommage et peut-être plusieurs que nous tentons d´ores et déjà de monter de notre mieux et je ferai l´impossible pour que l´un de ces hommages puisse arriver jusqu´en France et si possible à Paris et pourquoi pas en Belgique et en Suisse. Bref, chez nous. Où il était si heureux de savoir que je m´occupais à le faire venir avec plusieurs autres artistes du même niveau, de la même originalité…
Ce matin, j´ai trouvé parmi mes mails un hommage très bref de Luis Alposta (la brièveté chez ce poète, c´est une marque de fabrique et de qualité!). Je le reproduis ci-dessous parce qu´il aurait fait plaisir à Alorsa.
No lo conocía personalmente, pero sí conocía su obra. El tango está de luto y no lo sabe.
La noticia de su muerte me produjo una profunda tristeza.
Luis Alposta
Je ne le connaissais pas personnellement mais son oeuvre, elle, je la connaissais. Le tango est en deuil et il ne le sait pas.
La nouvelle de sa mort me cause une tristesse profonde.
(Traduction Denise Anne Clavilier)
Soñé que te ibas muy lejos, que ya no podía verte […]
¡Que pesadilla, Mamá! No me dejes solo.
La Pesadilla, letra y música de Alorsa
J´ai rêvé que tu t´en allais très loin, que je ne pouvais plus te voir […]
Quel cauchemar, Maman! Ne me laisse pas tout seul.
(Traduction Denise Anne Clavilier)
La Pesadilla, chantée par Alorsa lui-même au Tango Criollo Club de La Plata, le 29 novembre 2008