A la fin de la semaine dernière, plusieurs organisations rassemblant
des exploitants de salles de cinéma et des distributeurs (tous à
capitaux étrangers) ont pris l’opinion publique à témoin de leur
malheur en réclamant ouvertement à la République argentine le
droit de conserver le produit d’une taxe pour compenser la perte
d’exploitation due au confinement et pouvoir présenter des jolis
bilans bien satisfaisants à leurs vautours de sociétés-mères aux
États-Unis.
Le président de
l’Institut national du Cinéma et des Arts Audiovisuels, INCAA,
leur a fait une réponse cinglante digne du meilleur style des pères
de la patrie, les grands héros de l’indépendance que furent
Manuel Belgrano, Juan Martín Pueyrredón et José de San Martín.
Je vous laisse juges.
Cliquez sur l'image pour une haute résolution (Il n'y manque qu'une chose : la formule en hommage au général Manuel Belgrano) |
Buenos Aires, 28 mars 2020
à l’attention de
Leonardo Racauchi
CAEM (Chambre Argentine des Exploitants de salles multiples)
María C. Devoto Borrelli
FADEC (Fédération argentine d’Exploitants cinématrogrphiques)
Oscar García
Nai International II Inc. / Showcase Cinemas
Objet :
Contribution définie à l’article 21, alinéa A de la loi 17.741
En ma qualité de Président de l’organisme qui veille sur la
contribution citée en objet, je m’adresse à vous en réponse à
votre encart public du 26 mars 2020 afin d’éclaircir des
imprécisions certainement involontaires faisant allusion à une
demande d’« Exemption ou de délais de paiement de la
contribution au cinéma », laquelle, en tant que telle, n’existe pas
mais qui pourrait être une allusion à la contribution portée en
objet de la présente.
Qu’il me soit permis d’expliquer, bien que
vous le sachiez, que cette contribution est payée par les
spectateurs lorsqu’ils achètent leur entrée au cinéma. Les
Exploitants ne sont que les agents collecteurs de cette recette qui
ne leur appartient pas. Il convient de dire que dans les mois qui ont
précédé la pandémie, le cinéma a vendu plus d’entrées qu’au
cours des années antérieures et qu’il n’y a aucun motif pour
réclamer, je n’ai même pas compris à qui, le droit de conserver
cet argent. Ceux qui savent me font savoir que l’agent collecteur
qui ne reverserait pas tout ou partie de
[la somme] en dedans des trente (30) jours suivant sa perception »
serait punissable au nom de la loi. Aussi suis-je certain que nous
voulons tous éviter d’ajouter du contentieux aux problèmes que
nous imposent déjà les circonstances présentes.
A l’exception de la deuxième demande incluse
dans le point n° 5 de votre note, l’« exemption ou le délai
(…) de paiement des taux de réinscription de l’activité auprès
de l’INCAA », que nous accepterons de renvoyer au moment où
vous reprendrez vos activités, nous n’avons pas faculté pour
intervenir sur les autres points.
Cependant, permettez-moi d’exprimer notre
désaccord avec la réclamation présentée par des entreprises qui
rendent compte à des sociétés étrangères qui ont l’habitude de
considérer les normes culturelles comme une interférences dans
leurs affaires et qui, maintenant, mettant en doute leur position
dominante, seraient en train de jeter des travailleurs à la rue au
moment même où elles réclament de l’État qu’il paye pour
elles leur loyer dans les centres commerciaux.
Je vous prie d’agréer, etc.
Luis Puenzo
Président de l’INCAA
(Traduction © Denise Anne Clavilier)
Et « à la fin de l’envoi, je touche »,
comme le dirait un héros bien français, non pas tant de cinéma
d’ailleurs que de théâtre (et en alexandrins, s’il vous plaît).
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