dimanche 25 avril 2010

Le plan hiver bricolé du Gouvernement portègne [Actu]

En ce dimanche, c'est la tentative qui exaspère pour une fois en même temps l'Eglise de Buenos Aires et Página/12 (un quotidien de gauche, qui bouffe du curé tous les matins) : le Gouvernement dirigé par Mauricio Macri (politique ultra-libérale menée de main de maître par un politicien très ambitieux et suprêmement adroit qui est aussi le dirigeant d'un groupe industriel familial très puissant) serait prêt à payer 18 $ (peso argentin) par personne à toutes les églises de la ville qui accueilleraient, la nuit et uniquement la nuit, de mai à fin août, les sans-abris de Buenos Aires, à condition qu'elles acceptent un minimum de 40 personnes par nuit dans le lieu de culte (un type d'aménagement très propice à recevoir des gens pour la nuit, comme on peut aisément l'imaginer !). Grand seigneur, le Gouvernement de la Ville offrirait même les matelas, le matériel et les produits d'hygiène.

Página/12 consacre ce matin l'un de ses articles à une paroisse, celle du Cœur de Marie, dans le quartier de Constitución, en centre-ville, et aux réactions et analyses qu'on y rencontre sur cette proposition faite en catimini au curé de la paroisse.

“Primero crean los pobres y después nos piden que los ocultemos”, dice mientras se interroga por qué las autoridades no emplean el dinero en la construcción de albergues adecuados para quienes tienen problemas de vivienda.
Página/12

"D'abord ils créent les pauvres et après, ils nous demandent de les cacher", dit [le curé], tout en se demandant pourquoi les pouvoirs publics n'utilisent pas cet argent pour construire des abris adéquats pour ceux qui ont des problèmes de logement.
(Traduction Denise Anne Clavilier)

Página/12 est aussi allé enquêter dans un quartier sud, donc populaire, à Barracas, où la même proposition a été faite à un conseil pastoral, situé à proximité de l'hôpital Borda, célèbre hôpital psychiatrique pour adultes qui fut autrefois un sinistre hospice d'aliénés, de l'hôpital Tobar García, qui accueille des enfants et des adolescents en souffrance psychique, et d'un foyer de personnes âgées (donc pauvres), tous lieux où l'église a des activités pastorales auprès des souffrants, non loin des ponts d'autoroute sous lesquels les sans-abris trouvent refuge la nuit à Buenos Aires. Il faut avoir vu l'aspect de ce quartier pour imaginer quelles pauvretés il renferme et comprendre à quel point cette tentative ne peut que provoquer le dégoût et le scandale parmi les chrétiens sollicités d'une manière aussi tendancieuse.

Ces propositions font l'objet de nombreuses discussions dans les réunions des différents doyennés qui composent le diocèse de Buenos Aires alors qu'aucun plan et aucun financement public n'a été annoncé publiquement par le Gouvernement portègne, à quelques semaines de ce qu'à Buenos Aires on considère comme le commencement des grands froids hivernaux (en juillet, la nuit, la température peut descendre en dessous de 0, même si une température négative reste exceptionnelle en journée).

La même démarche officieuse semble être en cours aussi auprès des protestants, des orthodoxes et des juifs...

Stratégie très contestable sur le plan du principe démocratique qui voudrait que la politique sociale des pouvoirs publics fasse l'objet d'un examen public lui aussi, à la Legislatura par exemple, à laquelle revient le droit et le devoir constitutionnel de contrôler l'emploi de l'argent des contribuables, et tout aussi contestable sur le plan social, d'autant que les paroisses et les communautés confessionnelles dans leur ensemble (donc pas seulement la majorité catholique) ont chacune leur plan d'actions en faveur des moins privilégiés.

Sur ces solutions qui n'en sont pas, lire l'article en colère et plein d'un humour féroce sur le site de Página/12.
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