jeudi 21 mai 2020

Página/12 consacre son supplément Universidad à la Révolution de Mai [Actu]

A quelques jours de la fête nationale du 25 mai, mise au régime forcé par cette maudite pandémie (1), Página/12 consacre les pages de son supplément hebdomadaire Universidad à une thématique de saison et de toujours : Identité et souveraineté, deux axes qui soutinrent la politique des révolutionnaires et que la gauche n’a jamais abandonnés (2).

Comment lire cette image ?
Au fond, vous voyez ces dames ? Ce sont les dames patriciennes, celles qui sur leurs propres fortunes, dans toutes les grandes villes du pays, financèrent, au moins en partie, l’effort de guerre pour l’indépendance.
A la même hauteur, à droite, le cactus colonnaire est là pour évoquer les campagnes andines dites du Nord, celles de Manuel Belgrano, Antonio González Balcarce, Juan Martín de Pueyrredón, José Rondeau
et, brièvement, José de San Martín
En-dessous, derrière les bâtiments, toute une série de personnages, dont de gauche à droite : Cornelio de Saavedra, président de la Primera Junta (le premier gouvernement révolutionnaire), Manuel Belgrano (mes fidèles lecteurs l’auront reconnu bien avant de lire cette ligne) et autour de la cocarde nationale, à gauche Miguel de Azcuénaga (l’aîné de membres de la Primera Junta) et à droite Mariano Moreno (le plus révolutionnaire de tous sur le plan social – évidemment, Página/12 a un petit faible pour lui).
A côté du canon, un prêtre révolutionnaire, Manuel Alberti, qui mourut au début de l’année 1812. Derrière lui, avec son plastron militaire orange, le dernier vice-roi, l’amiral Cisneros, survivant de Trafalgar, et un peu plus à droite, tout petit sous les figures des deux Amérindiens, la sale bobine de Fernando VII, le pire roi d’Espagne et le plus laid aussi, tel que Goya l’a peint avant la chute de Napoléon.
Sur le toit et sur le parvis du Cabildo et de la grande galerie qui coupait en deux la future Plaza de Mayo, le petit peuple : lavandières, porteurs d’eau, gauchos, ouvriers et payadores, ces musiciens ambulants qui improvisaient leurs vers et ont créé les premières milongas,
qui furent la source du tango de la fin du 19e siècle.


La crise actuelle, tant financière que sanitaire, donne du grain à moudre au quotidien alors que l’Argentine se bat pour restructurer l’énorme dette dont l’a chargée la précédente majorité et pour traiter la maladie en recourant le moins possible à l’importation et donc à la perte de devises. Or l’actualité récente a donné raison à cette façon de voir : économistes hétérodoxes rassemblés en conseil technique international auprès du président qui appuient la proposition faite aux créanciers privés, Blackrock qui, à la surprise générale, vient d’encourager ceux-ci à accepter, au moins partiellement, cette proposition (3) et des scientifiques qui parviennent à créer des tests nationaux pour le diagnostic de la maladie et la détection des anticorps chez les personnes guéries.

Pour en savoir plus :



(1) Il semblerait que ce soir ou demain, le gouvernement annonce la prolongation du confinement jusqu’au 8 juin. Les dispositifs actuels valent jusqu’à dimanche. Il y a quelques semaines, on espérait que la fête nationale pourrait être célébrée en début de déconfinement. Les chiffres ne plaident pas dans ce sens. Même les 250 ans de la naissance de Manuel Belgrano, le 3 juin, vont sombrer, en dépit de tous les préparatifs des années précédentes pour aboutir à ces célébrations...
(2) A droite, c’est moins constant. Une partie importante des classes dominantes ont tendance, depuis le milieu du 19e siècle, à vouloir coûte que coûte que l’Argentine soit un pays européen. Une idéologie qui s’inspire sans doute de la dérive des continents !
(3) Il faut voir la une du journal : la rédaction, les infographistes et les titreurs se sont mis en quatre pour fêter la nouvelle !