A quelques jours de la fête nationale du 25 mai,
mise au régime forcé par cette maudite pandémie (1), Página/12
consacre les pages de son supplément hebdomadaire Universidad à une
thématique de saison et de toujours : Identité et
souveraineté, deux axes qui soutinrent la politique des
révolutionnaires et que la gauche n’a jamais abandonnés (2).
Comment lire cette
image ?
Au
fond, vous voyez ces dames ? Ce sont les dames patriciennes,
celles qui sur leurs propres fortunes, dans toutes les grandes villes
du pays, financèrent, au moins en partie, l’effort de guerre pour
l’indépendance.
A
la même hauteur, à droite, le cactus colonnaire est là pour
évoquer les campagnes andines dites du Nord, celles de Manuel
Belgrano, Antonio González Balcarce, Juan Martín de Pueyrredón,
José Rondeau
et, brièvement, José de San Martín
et, brièvement, José de San Martín
En-dessous,
derrière les bâtiments, toute une série de personnages, dont de
gauche à droite : Cornelio de Saavedra, président de la
Primera Junta (le premier gouvernement révolutionnaire), Manuel
Belgrano (mes fidèles lecteurs l’auront reconnu bien avant de lire
cette ligne) et autour de la cocarde nationale, à gauche Miguel de
Azcuénaga (l’aîné de membres de la Primera Junta) et à droite
Mariano Moreno (le plus révolutionnaire de tous sur le plan social –
évidemment, Página/12 a un petit faible pour lui).
A
côté du canon, un prêtre révolutionnaire, Manuel Alberti, qui
mourut au début de l’année 1812. Derrière lui, avec son plastron
militaire orange, le dernier vice-roi, l’amiral Cisneros, survivant
de Trafalgar, et un peu plus à droite, tout petit sous les figures
des deux Amérindiens, la sale bobine de Fernando VII, le pire
roi d’Espagne et le plus laid aussi, tel que Goya l’a peint avant
la chute de Napoléon.
Sur
le toit et sur le parvis du Cabildo et de la grande galerie qui
coupait en deux la future Plaza de Mayo, le petit peuple :
lavandières, porteurs d’eau, gauchos, ouvriers et payadores, ces
musiciens ambulants qui improvisaient leurs vers et ont créé les
premières milongas,
qui furent la source du tango de la fin du 19e siècle.
qui furent la source du tango de la fin du 19e siècle.
La
crise actuelle, tant financière que sanitaire, donne du grain à
moudre au quotidien alors que l’Argentine se bat pour restructurer
l’énorme dette dont l’a chargée la précédente majorité et
pour traiter la maladie en recourant le moins possible à
l’importation et donc à la perte de devises. Or l’actualité
récente a donné raison à cette façon de voir : économistes
hétérodoxes rassemblés en conseil technique international auprès
du président qui appuient la proposition faite aux créanciers
privés, Blackrock qui, à la surprise générale, vient d’encourager
ceux-ci à accepter, au moins partiellement, cette proposition (3) et
des scientifiques qui parviennent à créer des tests nationaux pour
le diagnostic de la maladie et la détection des anticorps chez les
personnes guéries.
Pour
en savoir plus :
accéder
à l’ensemble du supplément.
(1)
Il semblerait que ce soir ou demain, le gouvernement annonce la
prolongation du confinement jusqu’au 8 juin. Les dispositifs
actuels valent jusqu’à dimanche. Il y a quelques semaines, on
espérait que la fête nationale pourrait être célébrée en début
de déconfinement. Les chiffres ne plaident pas dans ce sens. Même
les 250 ans de la naissance de Manuel Belgrano, le 3 juin, vont
sombrer, en dépit de tous les préparatifs des années précédentes
pour aboutir à ces célébrations...
(2)
A droite, c’est moins constant. Une partie importante des classes
dominantes ont tendance, depuis le milieu du 19e
siècle, à vouloir coûte que coûte que l’Argentine soit un pays
européen. Une idéologie qui s’inspire sans doute de la dérive
des continents !
(3)
Il faut voir la une du journal : la rédaction, les
infographistes et les titreurs se sont mis en quatre pour fêter la
nouvelle !