L'Osservatore Romano, extrait de la une du journal daté du 24 mai 2020 |
María
Fernanda Silva est la première femme à représenter l’Argentine
auprès du Saint-Siège, c’est aussi la première personne de
couleur à accéder au rang d’ambassadrice au ministère des
Affaires étrangères argentin. Elle connaît déjà cette ambassade
pour y avoir été occupé le poste de première Secrétaire, juste
après l’élection de François. Elle arrive donc en terrain connu.
Oid
el ruido de rotas cadenas:
Ved en
el trono a la noble Igualdad.
Oyez
le bruit des chaînes qui se brisent
Voyez
la noble Égalité
qui trône.
(3e
et 4e
vers de l’hymne national argentin, Vicente López y Planes, 1813
Traduction
© Denise Anne Clavilier)
Illustration :
cocarde argentine
qu’il est d’usage d’épingler sur son
vêtement
mais cette année, tout le monde est à la maison,
alors
c’est le blog qui arbore le symbole !
Samedi
matin, elle a remis ses lettres de créance au pape, toute première
cérémonie du genre reportée dans L’Osservatore Romano depuis que
le confinement s’est abattu sur l’Italie et partant sur le
Vatican, qui ne peut raisonnablement pas agir autrement en ce domaine
que la République italienne. L’arrivée de Madame Silva à Rome
indique donc que les diplomates sont en train de récupérer leur
liberté de mouvement. L'Ambassadrice avait été nommée peu de jours
après l’arrivée en fonction du président, en décembre 2019.
Présentation de la diplomate en page 2 Cliquez sur l'image pour une meilleure résolution |
Le poste, souvent considéré comme une agréable sinécure par la plupart des démocraties contemporaines, est loin d’être aussi anodin pour l’Argentine : d’abord parce que le pape est argentin (ça ne vous a pas échappé), ensuite parce qu’il dispose d’un ample réseau diplomatique qui mène toutes sortes de négociations en toute discrétion (1), que le Vatican soutient la cause de l’Argentine endettée et enfin parce qu’à Buenos Aires, le gouvernement va prochainement faire passer une loi pour réguler l’avortement et là, ça risque de coincer ! Une catholique très engagée dans sa foi et bien connue de l’ancien archevêque de Buenos Aires comme María Fernanda Silva est donc très bien placée pour arrondir les angles quand il le faudra et symboliser la volonté de Alberto Fernández de faire de la place dans le pays et ses institutions aux femmes et à toutes les minorités possibles et imaginables comme le Saint-Père lui-même le plaide depuis son élection, il y a sept ans.
L’audience
protocolaire a duré une heure vingt et elle a été suivie d’une
conférence de presse de la nouvelle Ambassadrice, comme il est de
tradition. Aujourd’hui, Son Excellence aura participé, sans aucun
doute avec son homologue auprès de
la République italienne, à une messe avec très peu de
participants, avec masques et gel hydroalcoolique, dans la petit
église argentine de Rome pour célébrer la fête nationale.
Curieusement,
seule Página/12 a fait mention hier de cette cérémonie qui marque
le point de départ de la mission de tout ambassadeur. On attendait
La Prensa sur le sujet.
Pour
en savoir plus :
lire
l’article de Página/12
Mise à jour du 3 juin 2020 :
lire cet article de La Nación sur les prises de poste en cours
Mise à jour du 3 juin 2020 :
lire cet article de La Nación sur les prises de poste en cours
(1)
L’Argentine compte beaucoup sur le réseau des nonces pour entamer
un dialogue avec la Grande-Bretagne sur la souveraineté des
Malouines. Dans les années 1970, ce sont les nonces qui ont empêché le Chili et l'Argentine de se déclarer la guerre.