lundi 25 mai 2020

La première Ambassadrice noire argentine a remis ses lettres de créance [ici]

L'Osservatore Romano, extrait de la une du journal daté du 24 mai 2020

María Fernanda Silva est la première femme à représenter l’Argentine auprès du Saint-Siège, c’est aussi la première personne de couleur à accéder au rang d’ambassadrice au ministère des Affaires étrangères argentin. Elle connaît déjà cette ambassade pour y avoir été occupé le poste de première Secrétaire, juste après l’élection de François. Elle arrive donc en terrain connu.


Oid el ruido de rotas cadenas:
Ved en el trono a la noble Igualdad.
Oyez le bruit des chaînes qui se brisent
Voyez la noble Égalité qui trône.
(3e et 4e vers de l’hymne national argentin, Vicente López y Planes, 1813
Traduction © Denise Anne Clavilier)
Illustration : cocarde argentine
qu’il est d’usage d’épingler sur son vêtement
mais cette année, tout le monde est à la maison,
alors c’est le blog qui arbore le symbole !

Samedi matin, elle a remis ses lettres de créance au pape, toute première cérémonie du genre reportée dans L’Osservatore Romano depuis que le confinement s’est abattu sur l’Italie et partant sur le Vatican, qui ne peut raisonnablement pas agir autrement en ce domaine que la République italienne. L’arrivée de Madame Silva à Rome indique donc que les diplomates sont en train de récupérer leur liberté de mouvement. L'Ambassadrice avait été nommée peu de jours après l’arrivée en fonction du président, en décembre 2019.

Présentation
de la diplomate
en page 2
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Le poste, souvent considéré comme une agréable sinécure par la plupart des démocraties contemporaines, est loin d’être aussi anodin pour l’Argentine : d’abord parce que le pape est argentin (ça ne vous a pas échappé), ensuite parce qu’il dispose d’un ample réseau diplomatique qui mène toutes sortes de négociations en toute discrétion (1), que le Vatican soutient la cause de l’Argentine endettée et enfin parce qu’à Buenos Aires, le gouvernement va prochainement faire passer une loi pour réguler l’avortement et là, ça risque de coincer ! Une catholique très engagée dans sa foi et bien connue de l’ancien archevêque de Buenos Aires comme María Fernanda Silva est donc très bien placée pour arrondir les angles quand il le faudra et symboliser la volonté de Alberto Fernández de faire de la place dans le pays et ses institutions aux femmes et à toutes les minorités possibles et imaginables comme le Saint-Père lui-même le plaide depuis son élection, il y a sept ans.

L’audience protocolaire a duré une heure vingt et elle a été suivie d’une conférence de presse de la nouvelle Ambassadrice, comme il est de tradition. Aujourd’hui, Son Excellence aura participé, sans aucun doute avec son homologue auprès de la République italienne, à une messe avec très peu de participants, avec masques et gel hydroalcoolique, dans la petit église argentine de Rome pour célébrer la fête nationale.

Curieusement, seule Página/12 a fait mention hier de cette cérémonie qui marque le point de départ de la mission de tout ambassadeur. On attendait La Prensa sur le sujet.

Pour en savoir plus :
lire l’article de Página/12

Mise à jour du 3 juin 2020 :
lire cet article de La Nación sur les prises de poste en cours



(1) L’Argentine compte beaucoup sur le réseau des nonces pour entamer un dialogue avec la Grande-Bretagne sur la souveraineté des Malouines. Dans les années 1970, ce sont les nonces qui ont empêché le Chili et l'Argentine de se déclarer la guerre.