En
prélude à l'assemblée générale de
la Conférence épiscopale argentine qui débute
demain, Página/12 revient ce matin sur la supposée
différence de traitement fait par l'Eglise à trois
prêtres, différence dans laquelle le journal (athée)
croit détecter une incohérence scandaleuse de
l'institution religieuse. Après quelques efforts méritoires
de prendre en considération des sources catholiques (vaticanes
en particulier), Página/12 reprend donc son habituelle lecture
temporelle et politicienne d'une réalité ecclésiale
qui, par définition, ne relève ni du temporel ni du
politique.
Résumé
de la situation :
Un
prêtre du diocèse de Córdoba, probablement très
sensible aux questions sociales et personnellement très remonté
contre les injustices de notre monde (1), a pris parti pour
l'ouverture du mariage aux homosexuels (2), sans doute en 2010, au
moment du vote de cette loi en Argentine. Ce qui constitue une
rupture de doctrine grave puisque, selon des critères
catholiques constants depuis l'époque apostolique, le mariage
est une prophétie de la ressemblance que l'homme et la femme, dans leur engagement matrimonial l'un envers l'autre, ont avec le
Seigneur (3), une ressemblance qui repose sur la fécondité biologique, le fait que le
couple humain procrée (4). Ainsi cet échange charnel, bâti
sur la différence et la complémentarité, se présente comme l'une des fondations théologiques du mariage au sein d'une religion incarnée (Dieu "a
pris chair de notre chair").
D'où l'incompatibilité du mariage homosexuel avec la
cohérence de la foi. Or ce prêtre vient d'être
relevé de son ordination. D'après ce que dit Página/12,
et je ne suis pas allée regarder la source qu'ils citent (du moment qu'ils la citent, je leur fais confiance et
de toute manière, le problème que soulève
l'article n'est pas là), ce prêtre aurait donc retrouvé
l'état laïc, une décision très lourde, plutôt rare, surtout si
l'intéressé ne l'a pas demandé, n'y consent pas mais la subit comme une mesure disciplinaire.
Página/12 y voit une sanction contre un prêtre qui aurait émis une opinion, la comparant ce qui se passe sous une
dictature lorsqu'un opposant se retrouve en prison ou devant un peloton
d'exécution pour avoir exprimé son désaccord
avec telle ou telle action du gouvernement en place. Tel n'est
évidemment pas le cas ici. Quant un prêtre, chargé
de conduire le peuple, dit que l'Eglise se trompe dans sa conception
du mariage, il n'émet pas une simple opinion, il se sépare du corpus de croyances (le dogme) reçu
non de nous-mêmes mais de ceux qui nous ont
précédés, dogme qui fonde la foi commune à travers l'espace et le temps et par
conséquent fait la légitimité de son propre
sacerdoce.
De
l'autre côté, deux prêtres convaincus l'un de
crimes contre l'humanité pendant la dictature (et qui purge
une peine de prison au Chili, donc en dehors de la juridiction
territoriale des évêques argentins), l'autre d'abus
sexuel sur des mineurs, condamnation pour laquelle il a fait appel
(or en Argentine, le code de procédure pénale est conçu
pour faire traîner en longueur tous les procès pourvu
que l'avocat de la défense soit un habile procédurier et l'Eglise n'y est pour rien).
Eux n'ont pas été réduits à l'état
laïc et continuent par conséquent de célébrer
les sacrements, notamment la messe, le premier dans sa prison,
l'autre je ne sais où (l'article ne précise pas où
il vit) (4 bis). Et
le journal en tire la conclusion, totalement erronée, qu'on
trouve aussi en français dans Libération, ou dans Le
Soir ou sous la plume de Christian Terras, le rédacteur-fondateur
de la revue Golias ou dans la bouche de Monseigneur Gaillot,
ex-évêque d'Evreux reconverti dans la défense de
toutes les causes tordues du politiquement correct : "Exprimer une opinion politique [en l'occurrence pour ou contre le
mariage homosexuel] est plus grave dans l'Eglise que de commettre des
crimes".
A
nouveau, Página/12 (comme les médias
francophones que j'ai cités) confond le plan de la doctrine et
de la foi (celui dans lequel s'inscrivent les baptisés en tant qu'ils sont des croyants
et adhèrent à leur baptême) et le plan du
pénal (celui des citoyens en tant qu'ils habitent un Etat de
droit). Or si un baptisé engagé dans sa foi est aussi
un citoyen, tous les citoyens ne sont pas des baptisés
croyants et, si on veut y voir clair, il faut donc impérativement séparer les
deux plans d'un point de vue conceptuel et analytique.
Car
ils n'ont rien à voir l'un avec l'autre du point de vue
juridique et procédural (5) et cette distinction constitue la base de la
séparation démocratique (et non pas totalitaire) de
l'Eglise et de l'Etat, que Página/12 et toute la gauche athée
en Argentine appellent de leurs vœux.
Acharnement
agaçant qui fait tourner la discussion à un très
irritant dialogue de sourds puisque ce journal se remet à
jeter ses anathèmes inconsidérés sur tous ceux
dont il ne partage ni ne comprend les positions sans réussir à
s'arrêter solidement sur une question très simple (du
niveau de l'épreuve de philosophie au bac en France) et qui devrait
être élémentaire chez tout enquêteur,
surtout dans une région aussi influencée par la
psychanalyse freudienne que la ville de Buenos Aires (6) : sur quels
principes l'autre se fonde-t-il pour prendre les décisions
qu'il prend, quelle logique structure son agir et ses choix ? Et ceci est vrai, que
Página/12 parle des positions de la droite (ce pourquoi je me
réjouissais hier d'avoir lu dans ses pages une interview d'un
propriétaire agricole hostile au Gouvernement en place, même
si cette première -à ma connaissance- s'est réalisée
avec un interlocuteur patronal tout ce qu'on fait de plus
caricatural), qu'il parle des positions du rabbinat (comme il l'a
fait la semaine dernière avec les élections du bureau
exécutif de l'AMIA, la grande mutuelle juive qui tient en
grande partie en Argentine le rôle que Napoléon avait
dévolu chez nous, en Europe francophone, aux Consistoires
confessionnels) ou qu'il parle, comme ici, de l'Eglise catholique.
Pour
aller plus loin :
(1)
L'homme exerçait son ministère dans une paroisse placée
sous le patronage de San Cayetano, qu'en français nous
appelons saint Gaëtan, un évêque italien devenu en
Argentine le patron des travailleurs en difficulté et donc des
chômeurs. Les églises San Cayetano voient passer à
longueur de journée, 365 jours sur 365, un flux de pèlerins
en proie à des situations plus angoissantes ou plus pénibles
les unes que les autres. Les prêtres qui t exercent sont donc
bien placés pour observer les ravages sociaux, psychiques et
moraux du règne de l'argent et du profit, des modes de
management fondés sur la rentabilité à court
terme et le mépris des salariés et de l'arrogance des
possédants, de certains investisseurs et des spéculateurs...
Son côté prêtre de gauche se repère très
bien dans la photo de l'intéressé, avec sa tenue
vestimentaire et l'expression de son visage. C'est quelqu'un qui
tient à afficher une singularité, sous forme de révolte
contre le monde tel qu'il est. Ce qui est assez faux d'emblée
: chercher à se singulariser n'est pas chrétien en soi
(ça manque un peu d'humilité) et ne pas accepter ce
monde, avec ses failles et ses contradictions, non plus. Nous sommes
sur terre pour affronter les tensions liées à notre
condition humaine, pas pour les fuir ou les nier. Si nous avons à
combattre, encore faut-il savoir qui ou quoi, un homme (ou des
hommes) de chair et de sang comme c'est le cas ici (qu'on les appelle
"patrons",
"droite",
"exploiteurs",
"oligarchie",
ou encore "communistes",
"gauche",
"anarchistes"
ou "gouvernement-de-Hollande-qui-n'écoute-pas-les
Français-qui-sont-dans-la-rue")
ou si le combat est d'ordre spirituel et se joue contre une réalité que l'on peut expérimenter et que les uns appellent le mal, les autres la
tentation, Satan, le diable, le démon, le Malin, peu importe,
il s'agit bel et bien d'une force qui tend à nous éloigner
de Dieu et de la Vérité dont lui seul est garant et
dont tous les chrétiens un jour ou l'autre ont éprouvé
l'influence sournoise et perverse.
(2)
C'est Página/12 qui estime que cette déclaration a provoqué la mesure qui vient de
frapper cet ex-prêtre. Le reste de l'article montre néanmoins
chez l'intéressé un comportement et des postures qui
vont bien au-delà de cette prise de position, qui n'aurait
jamais déclenché une procédure aussi grave si
elle avait été un faux pas isolé. Cet ex-prêtre
semble penser qu'il a raison contre tout le monde au sein de sa
propre Eglise, vouloir détruire toute la tradition héritée
de deux mille ans de générations de croyants successifs (dont on fête la multitude innombrable à la Toussaint), ouvrir l'administration des sacrements
aux laïcs (ce qui revient à abolir le sacrement d'ordination) et faire disparaître tout le contrôle du
magistère sur l'expression de la foi pour l'unité de
celle-ci à l'échelle de la planète (là encore une tradition qui remonte aux Apôtres et dont le Nouveau Testament atteste l'existence).
Et c'est là que le divorce semble consommé entre athées et catholiques. Les premiers (avec la complicité de prêtres exaltés et séducteurs dans le genre de celui-ci) ont tendance à penser que lorsqu'une institution d'Eglise est restée stable depuis les origines, c'est le signe qu'il faut la remettre en question et la moderniser ou la faire disparaître "parce qu'on n'est plus au Moyen-Age". Les catholiques orthodoxes pensent exactement l'inverse : la permanence à travers les siècles d'une pratique, d'une formule ou d'une croyance est un signe auquel on reconnaît l'Esprit qui agit au milieu des fidèles
Par ailleurs, et c'est toujours Página/12 qui s'en fait l'écho, dans les jours qui ont suivi l'élection du Pape, ce monsieur, déjà réduit à l'état laïc, puisque la décision date du 6 février 2013 (cinq jours avant l'annonce de la renonciation de Benoît XVI), s'est permis de dicter ce que devrait être le programme de gouvernement du Pape François si celui-ci veut vraiment une Eglise pauvre pour les pauvres. Prétendre dicter sa conduite à un Souverain Pontife, tout frais choisi par le Saint Esprit (car c'est la foi que l'Eglise proteste depuis toujours), au moment même où il vient tout juste d'accepter ce ministère écrasant, c'est pour le moins manquer d'humilité. La première réaction d'un baptisé est au contraire d'exprimer sa gratitude envers le cardinal qui accepte une telle charge et sacrifie toute liberté de vie personnelle et privée (sans compter ici la terrible distance qui le sépare maintenant de sa famille et qui empêche que celle-ci vienne lui rendre visite fréquemment). Qui plus est, le programme en question, énoncé par Página/12, est irréaliste, insensé, subjectif, ego-centré et auto-référentiel : nomination d'un autre prélat comme évêque effectif de Rome en ses lieu et place (alors que le Saint Père, on le voit depuis le 13 mars au soir, agit avant tout comme évêque de Rome, puisque c'est dans ce ministère que entend enraciner sa mission pontificale), nomination d'un laïc à la tête de l'Etat du Vatican, disparition du réseau diplomatique des nonciatures (qui a pourtant été très utile pour permettre à l'Eglise d'être un foyer de résistance contre tous les pouvoirs personnels et despotiques partout dans le monde depuis l'Antiquité tardive), levée de toutes les mesures disciplinaires ayant frappé les théologiens en délicatesse avec la doctrine au moins depuis Vatican II jusqu'à aujourd'hui, nomination d'une commission de chercheurs en sciences sociales (surtout pas de théologiens, quelle horreur !) pour définir l'homosexualité autrement que comme un désordre grave (ça a déjà été long et complexe de cesser de la considérer comme un péché mortel !), approuver la théorie du genre (que l'article appelle d'une manière on ne peut plus révélatrice ideología del género) comme apport indispensable au respect de la diversité (alors que cette théorie, surtout si on reconnaît qu'elle est une idéologie et non pas une théorie au sens scientifique du terme, c'est justement l'indifférenciation et la déconnexion entre biologique, symbolique et psychique, donc la désincarnation de l'homme en tant que tel alors pour croire que Dieu est incarné si l'homme lui-même est désincarné...), et bien sûr ouvrir le débat sur le célibat des prêtres et remettre en question toute la morale sexuelle de l'Eglise (tant qu'on y est, il eût été surprenant que ces points manquassent à l'appel)... Le désaccord entre les vues individuelles de cet homme et le message transmis par l'Eglise n'était donc pas ce qu'on peut qualifier de superficiel et c'est bien dans l'ordre des concepts qu'il se produit, ce n'est pas un faux pas d'un homme qui garde la conscience de son péché (et peut donc vouloir le cacher, le nier ou être dans le déni à son égard comme dans le cas des deux autres, qui sont des criminels. A la limite, on a peut-être ici un nouvel exemple de la différence entre le bon larron et le mauvais larron placés à la droite et à la gauche du Christ sur leur lieu d'exécution).
Et c'est là que le divorce semble consommé entre athées et catholiques. Les premiers (avec la complicité de prêtres exaltés et séducteurs dans le genre de celui-ci) ont tendance à penser que lorsqu'une institution d'Eglise est restée stable depuis les origines, c'est le signe qu'il faut la remettre en question et la moderniser ou la faire disparaître "parce qu'on n'est plus au Moyen-Age". Les catholiques orthodoxes pensent exactement l'inverse : la permanence à travers les siècles d'une pratique, d'une formule ou d'une croyance est un signe auquel on reconnaît l'Esprit qui agit au milieu des fidèles
Par ailleurs, et c'est toujours Página/12 qui s'en fait l'écho, dans les jours qui ont suivi l'élection du Pape, ce monsieur, déjà réduit à l'état laïc, puisque la décision date du 6 février 2013 (cinq jours avant l'annonce de la renonciation de Benoît XVI), s'est permis de dicter ce que devrait être le programme de gouvernement du Pape François si celui-ci veut vraiment une Eglise pauvre pour les pauvres. Prétendre dicter sa conduite à un Souverain Pontife, tout frais choisi par le Saint Esprit (car c'est la foi que l'Eglise proteste depuis toujours), au moment même où il vient tout juste d'accepter ce ministère écrasant, c'est pour le moins manquer d'humilité. La première réaction d'un baptisé est au contraire d'exprimer sa gratitude envers le cardinal qui accepte une telle charge et sacrifie toute liberté de vie personnelle et privée (sans compter ici la terrible distance qui le sépare maintenant de sa famille et qui empêche que celle-ci vienne lui rendre visite fréquemment). Qui plus est, le programme en question, énoncé par Página/12, est irréaliste, insensé, subjectif, ego-centré et auto-référentiel : nomination d'un autre prélat comme évêque effectif de Rome en ses lieu et place (alors que le Saint Père, on le voit depuis le 13 mars au soir, agit avant tout comme évêque de Rome, puisque c'est dans ce ministère que entend enraciner sa mission pontificale), nomination d'un laïc à la tête de l'Etat du Vatican, disparition du réseau diplomatique des nonciatures (qui a pourtant été très utile pour permettre à l'Eglise d'être un foyer de résistance contre tous les pouvoirs personnels et despotiques partout dans le monde depuis l'Antiquité tardive), levée de toutes les mesures disciplinaires ayant frappé les théologiens en délicatesse avec la doctrine au moins depuis Vatican II jusqu'à aujourd'hui, nomination d'une commission de chercheurs en sciences sociales (surtout pas de théologiens, quelle horreur !) pour définir l'homosexualité autrement que comme un désordre grave (ça a déjà été long et complexe de cesser de la considérer comme un péché mortel !), approuver la théorie du genre (que l'article appelle d'une manière on ne peut plus révélatrice ideología del género) comme apport indispensable au respect de la diversité (alors que cette théorie, surtout si on reconnaît qu'elle est une idéologie et non pas une théorie au sens scientifique du terme, c'est justement l'indifférenciation et la déconnexion entre biologique, symbolique et psychique, donc la désincarnation de l'homme en tant que tel alors pour croire que Dieu est incarné si l'homme lui-même est désincarné...), et bien sûr ouvrir le débat sur le célibat des prêtres et remettre en question toute la morale sexuelle de l'Eglise (tant qu'on y est, il eût été surprenant que ces points manquassent à l'appel)... Le désaccord entre les vues individuelles de cet homme et le message transmis par l'Eglise n'était donc pas ce qu'on peut qualifier de superficiel et c'est bien dans l'ordre des concepts qu'il se produit, ce n'est pas un faux pas d'un homme qui garde la conscience de son péché (et peut donc vouloir le cacher, le nier ou être dans le déni à son égard comme dans le cas des deux autres, qui sont des criminels. A la limite, on a peut-être ici un nouvel exemple de la différence entre le bon larron et le mauvais larron placés à la droite et à la gauche du Christ sur leur lieu d'exécution).
(3)
"Et Dieu créa
l'homme, homme et femme il le créa, à sa ressemblance
il les créa. Dieu les bénit et dit "Soyez fécond
et remplissez la terre" "
Genèse 1, versets 27 et 28. Tous les catholiques un tant soit
peu instruits connaissent ce texte fondamental, dont la lecture
chrétienne est éclairée par une interprétation
juive relativement tardive (1er siècle av. J.C.). Bien
entendu, le divorce entre christianisme et judaïsme intervenant
très tôt, au milieu du 1er siècle ap. J.C., il n'y a, au-delà de cette fracture, que très peu
d'élaborations juives qui soient parvenues à influencer
la lecture chrétienne des Ecritures, jusqu'à ce que
Luther tente de renouer avec une certaine exégèse
juive, où il a mis les anachronismes de son temps, comme tous
les théologiens, de quelque confession chrétienne que
ce soit, jusqu'à ce qu'on introduise la méthode
critique historico-anthropologique dans les disciplines relevant de
la théologie au début du 20ème
siècle.
(4)
La notion de procréation, que même la médecine a
adoptée sans l'ombre d'une hésitation, est un concept
religieux judéo-chrétien. Le couple humain, qui donne
naissance à un enfant, crée pour Dieu (pro-créer,
étymologiquement c'est créer à la place de). Ce
faisant, le couple est considéré comme co-opérateur
de Dieu dans son œuvre de création du monde, laquelle est une
action continue et non pas un agir clos dans un temps immémorial,
celui d'Adam et Eve (qui n'est pas historique).
(4 bis) Ajout du 23 avril 2013 : Il se trouve en liberté surveillée (comme c'est très souvent le cas tant que la condamnation n'est pas définitive mais parfois lorsqu'elle est définitive, des personnalités issues des forces armées ou du clergé bénéficient de mesures de "prison à domicile", très différentes du port du bracelet électronique puisque la police ne surveille pas concrètement leurs allées et venues et qu'ils sont censés ne pas sortir des murs de leur domicile. Il y a peu, on a découvert, grâce aux investigations journalistiques, qu'un ex-haut gradé de l'Armée, convaincu de crimes sous la Dictature, se promenait librement au bras de son épouse dans les rues de son quartier et faisait ses courses dans le très chic centre commercial tout proche). Hier, 22 avril, la justice du district de Morón, où réside ce prêtre condamné en première instance, a fait appel de ces conditions de liberté parce qu'il les aurait enfreintes. C'est à un tribunal de cassation de se prononcer rapidement sur le maintien de la liberté surveillée ou l'incarcération pour le temps qui reste à courir jusqu'à l'audience en appel. On comprend que devant un tel laxisme pénal, les militants des droits de l'homme perdent leur sang-froid. Mais il n'en reste pas moins que l'Eglise n'y est pour rien.
(4 bis) Ajout du 23 avril 2013 : Il se trouve en liberté surveillée (comme c'est très souvent le cas tant que la condamnation n'est pas définitive mais parfois lorsqu'elle est définitive, des personnalités issues des forces armées ou du clergé bénéficient de mesures de "prison à domicile", très différentes du port du bracelet électronique puisque la police ne surveille pas concrètement leurs allées et venues et qu'ils sont censés ne pas sortir des murs de leur domicile. Il y a peu, on a découvert, grâce aux investigations journalistiques, qu'un ex-haut gradé de l'Armée, convaincu de crimes sous la Dictature, se promenait librement au bras de son épouse dans les rues de son quartier et faisait ses courses dans le très chic centre commercial tout proche). Hier, 22 avril, la justice du district de Morón, où réside ce prêtre condamné en première instance, a fait appel de ces conditions de liberté parce qu'il les aurait enfreintes. C'est à un tribunal de cassation de se prononcer rapidement sur le maintien de la liberté surveillée ou l'incarcération pour le temps qui reste à courir jusqu'à l'audience en appel. On comprend que devant un tel laxisme pénal, les militants des droits de l'homme perdent leur sang-froid. Mais il n'en reste pas moins que l'Eglise n'y est pour rien.
(5)
Aucun prêtre ne sera jamais réduit à l'état
laïc pour les péchés qu'il aura commis en tant
qu'individu faillible et fragile, quelque terribles qu'ils soient (et
ceux-là le sont indubitablement), car tous les hommes sont
pécheurs et il est exclu d'exiger des prêtres qu'ils
soient sans péché. Ou alors on renonce à avoir
des prêtres et c'est la position qu'ont prise il y a bien
longtemps la plupart des églises protestantes qui n'ont pas de
prêtres mais des pasteurs, lesquels ont un statut proche de
celui du rabbin juif ou de l'iman musulman (des gens qui ont fait des
études, sanctionnées par un diplôme, et qui
peuvent exercer un ministère d'autorité à partir
de cette compétence validée par le diplôme, comme
un médecin peut exercer dès lors qu'il a soutenu sa
thèse, alors que le prêtre, lui, a reçu une
ordination, qui lui fait poser sur terre les actes du Christ
lui-même, c'est-à-dire des actes irréversibles :
intégrer à jamais par le baptême les fidèles
dans la communion de l'Eglise, réintégrer pour toujours
ceux qui se sont éloignés par la réconciliation,
consacrer les espèces du pain et du vin pour rendre le Christ
irrévocablement présent au milieu du peuple ou dans le
tabernacle, être témoin de la validité du
consentement des époux lors de leur engagement mutuel qui est
définitif, munir un mourant de l'onction qui le fortifie à
l'heure où il s'apprête à rencontrer son
Seigneur, tous des actes-clé pour la vie des croyants, les
deux autres sacrements, ordination et confirmation, relevant du
ministère de l'évêque).
(6)
La psychanalyse repose sur la notion d'empathie et de décentrement de soi (pour l'analyste ou l'observateur). On part de l'univers
de l'autre pour le comprendre et l'aider à faire la lumière
sur lui-même et non pas d'un préconçu idéologique
qu'on appliquerait sur la situation singulière de l'individu.
Or les rédacteurs de Página/12 ont bien intégré
la psychanalyse dans leur univers conceptuel. Plusieurs de leurs
collaborateurs sont psychanalystes en exercice ou anciens praticiens,
comme Rudy par exemple qui régale tous les jours le lecteur
avec sa vignette co-signée avec le dessinateur Daniel Paz.