L'une des spécialités de la région de Cuyo (Provinces de Mendoza, San Luis et San Juan) |
Ces
jours-ci, dans un article assez développé de ses pages
touristiques, Clarín propose à ses lecteurs un tour
d'horizon des différentes traditions culinaires du pays, en
intégrant les influences de l'histoire, de la colonisation,
les répartitions géographiques des divers groupes
d'immigrants qui ont marqué les cuisines régionales
jusqu'à aujourd'hui, en soulignant ce qui commence à se
présenter comme des héritages agricoles comme le mate
du littoral (Entre Ríos, Corrientes et surtout Misiones), les olives
des Provinces de Mendoza, San Juan et San Luis (qui ont hérité les traditions
paysannes de l'Espagne méridionale), leurs huiles, leurs vins et leurs fruits et légumes (1), la légende du dulce de leche (ou plus exactement l'une de ses légendes,
la moins crédible, celle qui le fait naître d'un ratage
génial d'une cuisinière de Juan Manuel de Rosas effarée par
l'apparition du général Urquiza, l'ennemi juré
du premier) (2), et les différentes façons de réaliser
certains plats nationaux qui varient selon les lieux : empanadas,
locros, asado et puchero...
L'article
est joliment illustré, comme vous pouvez le constater avec les
quelques photos que j'ai moi-même retenues. Une invitation au
voyage qui nous change des catalogues en papier glacé sur les
safaris photo proposés par les tours opérateurs de
l'hémisphère nord.
Avec
la musique, la gastronomie est l'un des vecteurs de ce phénomène en pleine mutation qu'est la construction de l'identité argentine, dans sa dimension nationale et ses dimensions régionales, pour les deux cents ans qu'il faudra
encore pour aboutir à un patrimoine partagé par toutes les classes sociales et toutes les Provinces.
Pour
aller plus loin :
lire
l'article de Clarín
Vous
pouvez également retrouver dans Barrio de Tango les quelques recettes argentines que j'ai déjà publiées en cliquant sur le mot-clé Gastronomie
dans le bloc Pour chercher, para buscar, to search, ci-dessus.
(1)
Le développement de l'agriculture dans l'ancienne Province de Cuyo (aujourd'hui subdivisée en trois provinces plus petites) au pied des Andes, à l'opposé de Buenos Aires sur la
carte argentine, a été lancé en 1814 par le
général José de San Martín, qui en fut
pendant deux ans le très charismatique et très efficace
gouverneur.
(2)
Il semblerait que le dulce de leche ait été inventé
en fait dans les anciennes Missions jésuites (territoire
immense qui couvrait le nord de l'Argentine, le nord de l'Uruguay,
l'actuel Paraguay et le sud de la Bolivie) : cela aurait été
une technique de conservation du lait dans ce terroir subtropical au
climat peu propice à la fabrication du fromage. Par conséquent
le dulce de leche daterait de la fin du XVIIème ou
du début du XVIIIème siècle, ce qui
précède de loin l'époque de Rosas (1829-1852).