Le
menu du petit-déjeuner semble avoir définitivement
changé à la rédaction de : on
n'y bouffe plus du curé à longueur d'année...
Voilà qu'en ce mardi de Pâques, le quotidien publie un
reportage très respectueux et sans obséquiosité
sur le pèlerinage que le Pape a fait hier sur la tombe de
saint Pierre, dans la crypte de la Basilique homonyme. Le journal en
profite même pour citer quelques uns des passages les plus
spirituels du message du lundi de Pâques, dont il est tout
surpris qu'il soit férié en Italie et au Vatican (il ne
l'est pas en Argentine). Sans nom particulier pour cette fête
inconnue, Página/12 traduit le terme italien : Lundi de l'Ange
(Lunedì
dell'Angelo) (à cause des lectures du jour qui racontent la
visite de l'ange à Marie de Magdala près de la tombe
vide).
Je
vous présente l'intégralité de cet article,
simplement intitulé Visite de François avec ce seul
commentaire, "Le Pape est allé dans la nécropole".
Article court et très dense en informations de valeur.
François et le cardinal Comastri, sur le site archéologique photo Osservatore Romano |
El
papa Francisco se convirtió en el primer pontífice en
descender a las catacumbas de la Necrópolis vaticana, donde se
acercó a la antigua tumba de San Pedro y se detuvo a rezar
(foto). “El Santo Padre realizó hoy (por ayer) por la tarde
una visita de devoción a la tumba de San Pedro en la
Necrópolis que se encuentra bajo la Basílica vaticana”,
informó un comunicado. La nota señaló que en la
capilla Clementina, el lugar más cercano a la tumba del
príncipe de los apóstoles, el pontífice “se
detuvo en plegaria silenciosa, en recogimiento profundo y conmovido”.
Jorge
Bergoglio decidió visitar la antigua necrópolis
enterrada por Constantino para hacer construir la primitiva basílica
de San Pedro, y fue sacada a la luz en las excavaciones autorizadas
en 1939 por Pío XII. Así quedaron expuestos el altar
mayor y 22 tumbas, pero todavía hay una parte enterrada e
inexplorada.
Le
Pape François est devenu le premier pontife à descendre
dans les catacombes de la Nécropole vaticane, où il
s'est rendu sur l'antique tombe de Saint Pierre et s'est arrêté
pour prier (photo). (1) "Le Saint Père a fait aujourd'hui
(c'est-à-dire hier) dans l'après-midi une visite spirituelle sur la tombe de Saint Pierre dans la Nécropole qui se
trouve sous la Basilique vaticane", a indiqué un
communiqué. L'article signale que, dans la chapelle
Clémentine, le lieu le plus proche de la tombe du premier des
apôtres, le pontife "s'est arrêté pour une
prière silencieuse et un recueillement profond et ému".
Jorge
Bergoglio (2) a décidé de visiter l'antique nécropole
enfouie sous terre par Constantin pour faire construire la basilique
Saint-Pierre primitive et mise au jour pendant les excavations
autorisées en 1939 par Pie XII. C'est de cette manière
qu'ont été exposés l'autel majeur et 22 tombes
mais il y a encore une partie enfouie et inexplorée.
(Traduction
Denise Anne Clavilier)
Por
la mañana, el Papa dijo que el misterio de las Pascuas puede
“operar profundamente en nosotros y en éste, nuestro tiempo,
para que el odio deje el lugar al amor, la mentira a la verdad, la
venganza al perdón, la tristeza a la alegría”.
Decenas de miles de fieles, en particular de Sudamérica, se
habían congregado en la Plaza San Pedro, en el día
posterior a la multitudinaria asistencia a la misa pascual, para
asistir a la oración dedicada a la Virgen. Francisco exhortó
a que “la fuerza de la Resurrección de Cristo pueda alcanzar
a cada persona, especialmente a quien sufre, y a todas las
situaciones más necesitadas de confianza y esperanza”.
Dans
la matinée, le Pape avait dit que le mystère de la
Pâque peut "opérer profondément en nous et en ce
temps qui est le nôtre, pour que la haine cède la place
à l'amour, le mensonge à la vérité, la
vengeance au pardon, la tristesse à la joie" (3). Au
lendemain de la messe pascale à laquelle ont participé
une multitude de gens, des dizaines de milliers de fidèles, en
particulier d'Amérique du Sud, s'étaient rassemblés
sur la place Saint-Pierre pour assister à la prière
dédiée à la Vierge (4). François a
exhorté [la foule] pour que "la force de la Résurrection
du Christ puisse atteindre chaque personne, spécialement celui
qui souffre, et toutes les situations où l'on a le plus besoin
de confiance et d'espérance".
(Traduction
Denise Anne Clavilier)
Para
el pontífice, “el bautismo que nos hace hijo de Dios, la
eucaristía que nos une a Cristo, deben convertirse en vida,
traducirse en posturas, comportamientos, gestos, decisiones”. “Pero
todo pasa a través del corazón humano, si me dejo
alcanzar por la gracia de Cristo resucitado, si le permito cambiarme
en ese aspecto mío que no es bueno, que puede hacer mal a mí
y a los otros, permito a la victoria de Cristo afirmarse en mi vida,
prolongar su acción benéfica”, sostuvo.
Al
finalizar, el Papa saludó a los fieles desde la ventana del
estudio pontificio. En su italiano particular y con un tono calmo
dijo: “Buena Pascua y buen almuerzo en familia”. En Italia ayer
fue día no laborable por la llamada “Pasquetta”, la
jornada siguiente al domingo de Pascua.
Pour
le pontife, "le baptême qui nous rend enfant de Dieu,
l'eucharistie qui nous unit au Christ doivent se transformer en vie,
se traduire en postures, en comportements, en gestes, en décisions".
"Mais tout passe à travers le cœur de l'homme, si je me
laisse pas atteindre par la grâce du Christ ressuscité,
si je lui permets de me transformer dans cet aspect de moi qui n'est
pas bon, qui peut me faire du mal à moi et aux autres, je
permets à la victoire du Christ de s'affirmer dans ma vie, de
prolonger son action bénéfique", a-t-il soutenu.
(Traduction
Denise Anne Clavilier)
Por
su parte, el teólogo brasileño Leonardo Boff saludó
desde Costa Rica la designación del papa Francisco y dijo
sentirse entusiasmado y confiado en que el pontífice restaure
una desacreditada Iglesia. “Yo pienso que hay algo providencial (en
su elección), que es el Papa del tercer milenio y que puede
ser un arquetipo, una referencia mundial de autoridad moral,
espiritual, que nos llama a amar la tierra, salvar la humanidad,
salvar la vida”, aseguró Boff durante una entrevista en un
programa radial. Los obispos argentinos instaron, en sus mensajes
pascuales, a optar por los pobres, tal como pidió el papa
Francisco, y a fortalecer el diálogo en el país, al que
definieron como “la casa de todos”.
De
son côté, le théologien brésilien Leonardo
Boff (5) a salué depuis le Costa Rica la désignation du
Pape François et a dit se sentir enthousiasmé et
confiant dans le fait que le pontife allait restaurer une Eglise
discréditée. "Je pense qu'il y a quelque chose de
providentiel (dans son élection), que c'est le Pape du
troisième millénaire et qu'il peut être un
archétype, une référence mondiale en matière
d'autorité morale, spirituelle, qui nous appelle à
aimer la terre, sauver l'humanité et sauver la vie" a
assuré Boff dans une entrevue dans une émission de
radio. Les évêques argentins ont insisté, dans
leurs messages de Pâques, sur la priorité aux pauvres,
tout comme l'a demandé le pape François, et à
renforcer le dialogue dans le pays, qu'ils ont défini comme
"la maison commune" (6).
(Traduction Denise Anne Clavilier)
Si
on regarde dans le reste de la presse, on ne trouve rien dans La
Nación sur le sujet et dans Clarín, on lit un article
fourre-tout, quelque peu décousu, qui mêle sans aucun
lien entre eux les mêmes citations extraites du même
communiqué officiel, l'annonce d'une invitation au Pape à
venir visiter la Terre Sainte envoyée par le Patriarche de ces
lieux et l'écho à de soi-disant rumeurs insistantes à
Rome qui veulent que le Pape s'apprête à nommer des
femmes à des hauts postes de la curie, le tout ne reposant que
sur le radio moquette du petit monde des journalistes présents
à Rome et qui occupent le temps comme ils peuvent en
s'arrangeant pour avoir toujours quelque chose à dire même
quand ils n'ont rien à se mettre sous la dent. J'ai rarement
vu un point d'actualité où la différence
qualitative entre les deux quotidiens était aussi nette
qu'ici... Du contenu, et un contenu difficile à manipuler mais
cependant manié avec respect, dans un cas, et un maigre fourbi
somme toute assez mondain dans l'autre.
Le
communiqué de presse du Vatican précise quant à
lui que le Pape s'est aussi rendu sur la tombe de cinq de ses
prédécesseurs, tous enterrés à proximité
du site archéologique, et qu'il est ensuite rentré à
pied à la Maison Sainte Marthe où il a choisi de
résider (et Radio Vatican d'ajouter qu'il est "rentré
à pied comme d'habitude". Cette bonne vieille routine,
quoi !)
Pour
aller plus loin :
vous
connecter à l'article de Página/12
lire
l'article de Clarín.
(1)
La photo ne représente pas ce moment mais celui où l'un
des deux conservateurs laïcs du site archéologique lui
explique le plan de ce très ancien cimetière remontant
au règne de Néron, à une époque où
les chrétiens n'ont pas encore développé leur
corpus iconographique et symbolique apparu lors des règnes
suivants (le poisson et le berger avec la brebis sur les épaules, bien avant la croix encore trop
traumatique quand elle est toujours un supplice en vigueur et qui
plus est fréquent). On y a trouvé le corps d'un homme
recouvert d'un tissu de pourpre or il est vraisemblable que les
premiers chrétiens aient pu avoir ce type de geste pour
honorer Pierre et une tradition interrompue a toujours désigné
ce lieu comme celui où il avait été mis en terre
après son supplice.
(2)
C'est bien dur d'accepter le changement de nom et d'adhérer à
sa signification. Il est vrai qu'il faut pour cela entrer assez
profondément dans les traditions bibliques. Dans les deux
Testaments, le changement de nom est une opération par
laquelle Dieu donne une nouvelle mission à un homme ou une
femme qu'il a appelé(e) et qui par là même change
de vie. Dans l'Ancien Testament, l'épisode le plus connu est
celui du changement de nom de Abram et Saraï qui deviennent
Abraham et Sarah au moment où Dieu leur promet qu'ils auront
une descendance aussi nombreuse que les grains de sable au bord de la
mer et dans le Nouveau Testament, c'est le moment où Jésus
prend Simon à part et le nomme Pierre. La même chose est
arrivé à Saül de Tarse, devenu après Damas
et sa spectaculaire conversion, Paul, de son nom de gens romaine
lorsqu'il décida de voyager dans toute la Méditerranée
avec son statut de citoyen romain (ce qui était exceptionnel
pour les Juifs, sauf pour les habitants de cette ville qui avaient
rendu de signalés services à Tibère qui les
avait remerciés en leur octroyant le droit de cité)
pour annoncer la foi chrétienne au monde païen.
(3)
Ces propos reproduisent très sagement la source vaticane. Le
Pape paraphrase ici une prière attribuée à saint
François d'Assise qui est très connue et très
pratiquée dans toutes les couches de la population catholique
et même au-delà (la prière est aussi récitée
dans certaines églises protestantes qui n'ont pas répudié
l'héritage spirituel des grands saints même quand elles
en refusent les dimensions cultuelles).
(4)
Il s'agit du Regina Coeli (reine du ciel), une salutation à
la Vierge qui se dit pendant tout le temps de Pâques (jusqu'au
Dimanche de la Pentecôte) en lieu et place de l'Angelus, qui
consiste en une triple salutation avec l'Ave Maria (Je vous salue
Marie). Ceci dit, la prière n'est pas dédiée à
la Vierge, mais adressée à la Vierge. Ils font de gros
efforts mais on voit qu'ils ont séché le cathé...
(5)
Un des leaders de la théologie de la Libération. Resté sur les rails du dogme catholique, il est néanmoins entré en grand contentieux avec Jean-Paul II, qui avait même osé le chapitrer en public sur un tarmac d'aéroport, humiliation qui a été très mal vécue dans toute la gauche démocratique en Amérique du Sud et ailleurs aussi (une partie de ce courant a
versé dans le marxisme au cours des années 70 et 80, ce qui lui a valu d'être rejeté d'une manière peu nuancée par Jean-Paul II, d'où cette vision qu'a Página/12 d'un Jean-Paul II main dans la main avec l'ultra-capitalisme prôné par Reagan et Thatcher).
(6)
L'expression employée par Jorge Bergoglio le 8 mai 2010 dans
son homélie à Luján que je vous ai traduite hier
dans l'article n° 3000 de ce blog.