Le
Festival de Tango de l'Espace ECuNHi, dont la programmation est
placée sous la responsabilité de Lucrecia Merico,
s'ouvre ce soir pour tout le week-end. Comme la plupart des activités
sous le patronage de Madres de Plaza de Mayo, ce petit festival
célèbre la mémoire des victimes de la Dictature
(1976-1983). La manifestation est assez complète puisqu'elle
comporte des concerts, une exposition, des projections
cinématographiques, des cours de danse, une milonga, dans le
même esprit qui préside au Festival de Tango
Independiente organisé sur plusieurs lieux dans tout le pays
par la Unión de Orquestas Típicas et l'équipe
productrice de Fractura Expuesta, l'émission tango diffusée
par La Voz de las Madres, la radio de l'ONG des Mères de la
Place de Mai.
Le
Festival a pour parrain et marraine le pianiste et compositeur José
Colángelo et la chanteuse Susana Rinaldi (1), qui se
produiront eux-mêmes sur la scène de ce centre culturel,
installé dans les locaux de l'ex-ESMA, cette école de
mécanique navale qui avait abrité sous la Dictature un
centre de détention et de torture clandestin, à
quelques mètres des immeubles d'habitation du quartier de
Palermo.
La
clôture du festival, dimanche, sera consacrée elle-même
aux différents festivals alternatifs qui se développent
à Buenos Aires, dans des perspectives politiques, qui vont de
la revendication sociétale à la dénonciation de
la politique culturelle affairiste du gouvernement portègne :
festival de La Boca, festival de Barracas, Tango Queer ainsi que le
cycle El Tango vuelve al Barrio (ETvaB) de Cucuza et Moscato à Villa
Urquiza et Villa Pueyrredón (vous connaissez déjà
bien la plupart de ces manifestations dont je tâche de rendre
compte autant que ma disponibilité et que les priorités
de l'actualité me le permettent).
Le
Festival fait l'objet d'un article de Cristian Vitale dans les pages
culturelles de Página/12 ce matin. L'article prend place dans
un contexte très houleux puisque la réforme du pouvoir
judiciaire actuellement en débat au Congrès a fait
sortir hier dans la rue une grande masse d'opposants qui ont donné
le concert de casseroles commun en Amérique du Sud à
toutes les manifestations hostiles au gouvernement en place. Une
réforme du pouvoir judiciaire qui a beaucoup à voir
avec la démocratisation des institutions argentines et la
purge des structures qui ont permis la réussite de plusieurs
coups d'Etat au cours du 20ème siècle.
ECuNHi (Espacio Cultural Nuestros Hijos),
Libertador 8400, Palermo.
Entrée
libre et gratuite dans la limite des places disponibles (mais la
salle de concert est très grande, trop grande même, elle
a été conçue comme hangar à navire, à
moteurs ou à simulateurs pédagogique, pas du tout comme
salle de concert...)
Pour
aller plus loin :
visiter
les pages du festival sur le site Internet d'ECuNHi
(1)
Susana Rinaldi est aussi députée socialiste à la
Legislatura portègne, elle siège dans l'opposition
municipale (opposition à Mauricio Macri). Elle ne fait pas
partie de la majorité nationale, les socialistes se classant
plus souvent dans l'opposition au gouvernement de Cristina Kirchner
qu'en alliés objectifs du Frente para la Victoria.