"Ah oui ! C'est
important, ça !", c'est sur cette exclamation spontanée que le Pape, ce matin, au cours de son audience générale
sur la place Saint-Pierre, a repoussé son micro, au milieu des cris d'enthousiasme de la foule, après avoir salué, à titre particulier et pour la première fois en espagnol dans une célébration publique, une petite délégation azulgrana au
milieu des autres pèlerins hispanophones : des sociétaires (socios) de son club sportif, le San Lorenzo de Almagro, conduits par le
Président et le Trésorier (photos ci-dessous), ce club
mythique du sud de Buenos Aires dont je vous ai déjà
parlé le jour de l'installation du Pape au Vatican (voir mon article du 19 mars 2013) et dont le Pape est donc resté socio
jusqu'à aujourd'hui, si l'on en croit le présent de
l'indicatif employé là-dessus par le communiqué du Vatican, dont les auteurs semblent bien avoir pris leur parti de
ce nouveau style pontifical (vous saurez tout en lisant la dépêche...
rédigée en espagnol, eh oui ! Je n'ai pas vu qu'elle
ait été traduite dans une autre langue et il est
probable qu'elle ne le sera pas).
Si
cela donne, comme c'est possible, quelques savoureuses réactions
dans la presse argentine demain, je les reprendrai peut-être
sur un second article. D'ici là, avouez que les documents
publiés par le Club lui-même sont assez parlants...
Traduction
de la réponse du Pape (ci-dessus) aux bons vœux envoyés
par les dirigeants du San Lorenzo au lendemain de son élection (voir mon article du 19 mars) :
Mon
cher Président
La
lettre prévenante qu'à l'occasion de mon élection
à la Chaire de Saint-Pierre vous avez tenu à m'envoyer,
au nom du Club Sportif San Lorenzo de Almagro [autant qu'au vôtre],
m'a causé une grande joie, tout comme le maillot de l'équipe
que vous m'avez si gentiment offert.
No comment ! La photo est publiée par le San Lorenzo (sigle en haut à gauche) avec la légende : "François n'oublie pas [nos/ses] couleurs". |
Je
vous remercie beaucoup de cette marque de considération que je
vous retourne bien volontiers, en demandant à Notre Seigneur
qu'il vous récompense généreusement pour la
délicatesse de votre geste.
En
lisant ce que vous disiez me sont venus en mémoire de beaux
souvenirs, et ça commence dans mon enfance. A dix ans, j'ai
suivi la glorieuse campagne de 1946 (1) : Quelle merveille, ce
but de Pontoni !
Soyez
tous sûrs que je ne vous oublie pas. Et au-delà de
l'amour du football, je vous demande de cultiver l'amitié avec
Jésus, le Véritable Ami, qui sera toujours avec vous
(2), dans les moments heureux et également quand il se
présentera des difficultés. Ouvrez-lui votre cœur et
dites-lui tout ce que vous portez à l'intérieur. Lui
prendra soin de vous et de vos familles et vous donnera des forces
pour relever tous les défis auxquels vous êtes affrontés
au jour le jour et pas uniquement sur le terrain sportif. Il n'est
pas de plus grande gloire que de tout faire bien, pour l'amour de
Dieu et de ceux qui nous entourent, en encourageant toujours une
saine compétition, la fraternité et le respect mutuel.
Avec
ces sentiments, et en vous suppliant de prier pour moi, je vous
envoie avec affection la Bénédiction Apostolique que de
tout cœur j'étends à tous les autres dirigeants, au personnel technique, aux joueurs et à tout le peuple bleu-grenat.
Vatican,
le 20 mars 2013
Franciscus
(3)
(Traduction
Denise Anne Clavilier)
Pour
aller plus loin :
Article
sur l'audience générale de ce matin (sur Vatican News
et en espagnol)
Page
sur la lettre du Pape sur le site Internet du Club
Page
sur les photos de l'Audience de ce matin sur le site Internet du Club
La photo, comme la précédente, a été publiée par le Club et ça se voit (regardez en bas à gauche) |
Vous
pouvez aussi vous reporter à la caricature que Miguel Rep nous
avait concoctée avant la Semaine Sainte et, plus largement, à
toutes les entrées de ce blog qui porte sur ce berretín
(4) si argentin qu'est le football.
(1)
En plus, 1946 ce n'est pas n'importe quelle année dans
l'histoire argentine. C'est une date-pivot : celle de l'élection
de Perón à la Présidence, ce qui a changé
le cours de l'histoire nationale.
(2)
Allusion au dernier verset de l'Evangile de Matthieu, qui est
traditionnellement le premier des quatre Evangiles dans une Bible.
(3)
Le Pape signe toujours en latin. Vous remarquez que la signature
n'est pas suivie du traditionnel PP (abréviation latine de
Pape) qui accompagnait jusqu'à présent l'ordinal du
prénom (Benedictus PP XVI). Le Pape a définitivement
cessé d'être ce monarque d'un autre temps qui ne
correspondait plus du tout à nos sociétés. Dieu
merci !
(4)
Berretín (lunfardo) : lubie, tocade, particularité,
dinguerie... En France, on parle volontiers de sport national dans ce
cas-là mais pour quand il s'agit de foot, cela complique la tâche du traducteur !