Le
13 avril 1813, José Gervasio Artigas, le grand leader de la lutte pour
la liberté civile de ce qu'on appelait alors La Banda Oriental
(et qu'on appelle aujourd'hui la République Orientale de
l'Uruguay), validait un texte fondateur de l'identité
nationale uruguayenne : un plan révolutionnaire de promotion
de la liberté civile et religieuse et de la liberté des
peuples américains à disposer d'eux-mêmes, connu
dans l'histoire comme les Instructions de l'Assemblée de l'An
XIII, cette assemblée législative et constituante qui
avait été convoquée par Buenos Aires pour tout
le territoire de l'ancien Vice-Royaume du Río de la Plata (qui
englobait alors l'actuel Uruguay sur le point de faire défection,
l'actuel Paraguay qui avait déjà consommé son
indépendance vis-à-vis de Buenos Aires comme de
l'Espagne et le Haut-Pérou, aujourd'hui la Bolivie, dont le
lien avec Buenos Aires allait se briser en 1814, après le
retrait de José de San Martín de la région de Tucumán) et dont l'Argentine
(de gauche) a fêté le bicentenaire de la séance
inaugurale le 31 janvier dernier (voir mon premier article sur ce
thème).
A
travers les Instructions, Artigas a marqué son opposition à
la tendance unitaire et donc centralisatrice de l'Assemblée de
l'An XIII car il était très conscient des
particularismes de son pays. Par la suite, José Artigas a été
l'un des très grands leaders du camp fédéral et
il est considéré comme le père de l'indépendance
de l'Uruguay dont il n'est pourtant pas l'acteur dans les années
1828-1830, lorsque le pays put adopter sxa propre constitution et se dégager de l'allégeance tant à Buenos Aires qu'à Rio de Janeiro, car le Brésil a toujours convoité ces terres. En revanche, c'est bien Artigas qui a
modelé l'identité nationale du pays et lui a fait
prendre conscience de sa singularité et de sa nécessité
d'échapper à l'impérialisme que Buenos Aires n'a
jamais cessé de manifester depuis 1776, date à laquelle
elle est devenue capitale vice-royale. Et c'est cette série
d'événements historiques qui permettent d'expliquer la
tension permanente qui marque les relations diplomatiques entre
l'Argentine et l'Uruguay (et notamment un récent incident avec
des paroles malheureuses, très insultantes pour le couple
Kirchner, que le truculent Président uruguayen Pepe Mujica croyait off the record mais qui ont été
entendues de tout le monde et diffusées et rediffusées par tous les médias de la région).
A
partir d'aujourd'hui, c'est un nouvel épisode du Bicentenaire
uruguayen qui s'ouvre avec, en particulier, une débauche de
concerts dans tous les coins du pays, qui commenceront tous en même
temps, samedi à 18h.
On
trouve tout le programme sur le site officiel du Bicentenaire, sur
lequel un assez long article a été consacré aux
événements historiques ainsi fêtés (et
assez mal connus puisque l'histoire enseignée en Uruguay a été
tout aussi manipulée que son homologue en Argentine).
Pour
aller plus loin :
lire
l'article de El País