C'est un journaliste de très grand talent que saluent aujourd'hui les pages culturelles de Página/12, un journaliste politique averti, qui recueillit l'un des derniers grands coups médiatiques de Néstor Kirchner, un commentateur sportif exalté et un animateur d'émissions culturelles, dont une s'intitula El Polaco es Gardel (comprendre : "Roberto Goyeneche est la perfection faite homme", ou "Roberto Goyeneche et Gardel, c'est tout un").
Il y a trente ans, des producteurs argentins s'en allèrent tirer de prison le jeune homme qui y croupissait pour une bagarre un soir de match (de football, bien sûr). Presque en même temps, Maradona donnait ses premiers shoots sous les couleurs du Boca Juniors. Et c'est le commentaire du plus célèbre but de Maradona qui a fait entrer Víctor Hugo Morales dans la légende radiophonique argentine et hispano-américaine, le fameux "Diegol ! Diegol ! [...] Gracias Dios por estas lágrimas". C'était en 1986, Diego Maradona venait de marquer le deuxième but de l'Argentine contre l'Angleterre au Mexique, au Stade Aztèque. Le premier, vous le saviez déjà, je ne vous apprends rien, qu'il venait de marquer, il l'a appalé La Mano de Dios. Celui-ci fut El Gol del Siglo (le but du siècle). C'est dans ces quelques secondes d'envolée lyrique de Victor Hugo Morales désignant Maradona comme un Barrilete Cósmico (cerf-volant cosmique), une métaphore que le poète Alorsa reprit dans sa chanson Para verte gambetear, hommage à Diego Maradona (1).
Hasta la llegada de Víctor Hugo, los grandes del relato futbolístico nacional (Fioravanti, Muñoz, Veiga) se limitaban a mencionar al jugador que llevaba la pelota, su posición en la cancha, los probables receptores y poco más. Explotaban recién a la hora del grito del gol. Pero antes de que la pelota golpeara las redes, contaban lo justo y lo necesario. En cambio, Víctor Hugo metió todos los ingredientes futboleros en la cancha y en el aire de la radio. Y de esa mezcla apasionada y apasionante surgió un relato que muy pronto atrapó al oyente argentino y que sigue atrapándolo, tres décadas más tarde. Cuando el fútbol, la vida y la radio son otros, no necesariamente mejores.
Daniel Guiñazú, in Página/12
Jusqu'à l'arrivée de Víctor Hugo, les grands du commentaire footballistique national (Fioravanti, Muñoz, Veiga) se limitaient à mentionner le joueur qui avait la balle, sa position sur le terrain, les destinataires probables et pas grand chose de plus. Ils n'explosaient qu'au moment où éclatait le cri du but. Mais avant que la balle frappe les filets, ils racontaient le strict nécessaire. Tout au contraire, Víctor Hugo a fourré tous les ingrédients footeux sur le terrain et sur les ondes de radio. Et de ce cocktail passionné et passionant a surgi un commentaire qui a très vite capté l'auditeur argentin et qui le capte toujours, trois décennies plus tard. Quand le football, la vie et la radio sont différents, pas nécessairement meilleurs.
(Traduction Denise Anne Clavilier)
Et si au lieu de souffler trente bougies, on se repassait ce fameux commentaire de 1986, en VO, grâce à You Tube (et avec des sous-titres en espagnol, ça aide à comprendre)... Voir aussi mon article du 19 novembre 2008 sur ce texte historique (en version bilingue).
Voir aussi le site de Víctor Hugo Morales, que j'ai placé en lien permanent dans la Colonne de droite, dans la rubrique Actu, dans la partie inférieure.
Voir aussi le site de Víctor Hugo Morales, que j'ai placé en lien permanent dans la Colonne de droite, dans la rubrique Actu, dans la partie inférieure.
(1) traduit dans Barrio de Tango, recueil bilingue de tangos argentins, ed. du Jasmin, mai 2010, p 158. Vous pouvez l'écouter dans la liste d'écoute consacrée à Barrio de Tango, qui compte désormais 98 morceaux, sur ma page Myspace (cliquez sur l'onglet Playlists pour y accéder).