Le 1er février dernier, Mauricio Macri a fait comprendre indirectement qu'il n'entendait pas se représenter pour un autre mandat à la tête du Gouvernement de la Ville Autonome de Buenos Aires. Non pas à cause de la collection de scandales qu'il constitue patiemment depuis son arrivée aux commandes, le 10 décembre 2008, et dont je vous rapporte les péripéties si fréquemment. Ce serait trop simple. Tout bêtement parce qu'il est fermement décidé à se présenter à la Présidence de la République, contre Cristina Fernández de Kirchner, qu'il n'est pas loin de s'imaginer mettre en sérieuse difficulté, voire, pourquoi pas, battre à plate couture.
Il a en effet affirmé que le PRO, son parti, désignerait son candidat à sa succession à Buenos Aires en mars ou en avril. Le PRO devrait choisir entre Gabriela Michetti, actuellement députée et qui fut Vice-Chef du Gouvernement de Mauricio Macri jusqu'aux élections de juin 2009, date à laquelle Macri lui a demandé de se démettre (1), et Horacio Rodríguez Larreta, l'actuel Premier Ministre de la Ville de Buenos Aires. Depuis ce jour-là, la lutte est à couteau tiré entre les deux. Mauricio Macri, qui semble décidément beaucoup aimer mettre de l'huile sur le feu, a dit aux journalistes qu'en plus des deux candidats déclarés, d'autres personnalités avaient pris du galon pendant sa mandature et il n'a ainsi pas écarté que son ministre de la culture, Hernán Lombardi, puisse s'aligner au départ...
Qui vivra verra. En attendant, c'est la pétaudière à droite dans la Capitale argentine. Rien de bien surprenant au reste.
Dans l'entourage de Mauricio Macri cependant, on murmure off the record que l'homme, qui n'a jamais exprimer clairement sa renonciation à un deuxième mandat, se garderait en fait une poire pour la soif et pourrait bien changer d'avis et se représenter à Buenos Aires si, dans les semaines qui viennent, les sondages montraient clairement qu'il ne pourrait pas figurer au deuxième tour de l'élection présidentielle. Or en Argentine, il est fréquent que cette élection soit emportée dès le premier tour, comme ce fut le cas coup sur coup pour les deux époux Kirchner avec des scores sensiblement égaux, en 2003 et en 2007. Et avec son aura de veuve du grand leader continental que fut Néstor Kirchner (voir mes articles sur sa disparition soudaine en octobre 2010), il y a fort à parier que l'actuelle présidente a de quoi le faire reculer.
C'est cette situation pitoyable de la droite que Daniel Paz et Rudy ont croquée hier sur la une de Página/12 avec cette caricature de Macri, dont Paz fait ressortir les incisives, faute de ridiculiser la petite moustache un peu hitlérienne qu'il affichait jusqu'à il y a un an et qui était du vrai pain béni pour les dessinateurs de presse...
Macri : Je sais ce que je vais faire pour que ça aille mieux à Buenos Aires (2).
Le conseiller : En quoi ça consiste ?
Macri : Je vais être président de la République.
(Traduction Denise Anne Clavilier)
Pour en savoir plus :
lire l'article de Página/12 du 2 février (hostile à Macri et au PRO)
lire l'article de Página/12 du 3 février
lire l'article de Clarín du 2 février
(1) Gabriela Michetti présente l'avantage d'être à la fois une femme et une handicapée moteur (elle est paralysée des membres inférieurs et se déplace en fauteuil roulant). Il est tout à fait possible que le PRO joue la carte quelque peu démagogique de ce type de symbole. Mauricio Macri ne s'en était pas privé au début de son mandat, lorsque l'opposition a commencé à contester les priorités de son budget (beaucoup de travaux urbanistiques, dont une poignée de petits aménagements pour les fauteuils roulants, tiens, tiens !, et des baisses considérables dans l'éducation, la culture et la santé). Il demandait alors à la gauche s'il fallait renoncer à ces aménagements. Comme si c'était cette partie-là du plan (essentiellement tourné vers le tourisme et les investisseurs étrangers) qui faisait pousser des cris aux opposants...
(2) Allusion aux innombrables problèmes traversés par la Ville (écoles et hôpitaux en déshérence, institutions culturelles laissées à l'abandon, multiplication des cas de corruption dans de très nombreux services municipaux) et à la récente querelle qui a opposé le Gouvernement fédéral et Macri au sujet de la viabilisation d'une zone sud de la Capitale, où le Gouvernement portègne laissait la situation se détériorer malgré un arrêt de la Cour Suprême lui enjoignant de faire les travaux de toute urgence. Voir à ce sujet mon article du 26 janvier 2011.