Silvano Lanzieri donnera demain, mercredi 20 octobre, à 19h30, dans la salle Lacks du CCC, une conférence gratuite sur le thème Tango et Politique : San Pugliese.
San Pugliese n'est autre que Osvaldo Pugliese, le pianiste, compositeur et chef d'orchestre né à Buenos Aires en 1905 et mort dans cette même ville en 1995. Il a été en quelque sorte canonisé par les musiciens dont il est devenu le saint patron athée. Il existe une image pieuse au dos de laquelle on peut lire une prière, qui n'est nullement parodique mais relève d'une spiritualité authentique, avec une forme catholique et un contenu qui ne l'est pas (mais n'est en aucun cas incompatible ni avec une vision du monde chrétienne ni avec la morale qu'implique cette vision).
Le conférencier interrogera le caractère de mythe que Pugliese, d'après lui et d'après le CCC et la Ciudad del Tango, partage avec Carlos Gardel (1). Des documents audio et vidéo inédits illustreront la causerie.
Centro Cultural de la Cooperación Floreal Gorini, Corrientes 1543
(1) A titre personnel, je ne partage pas cette analyse. Je pense qu'on peut dire de Carlos Gardel qu'il a atteint d'ores et déjà un statut de mythe mais ce n'est pas le cas de Pugliese, qui a acquis le statut d'un très grand artiste, d'un artiste fondateur dans l'ordre du tango, à l'égal de Troilo, de Manzi, de Discépolo, de Arolas, de Cadícamo, des frères De Caro. Le caractère de saint patron que lui accorde un grand nombre de personnes et beaucoup de musiciens n'est pas de l'ordre du mythe mais d'une spiritualité syncrétique assez caractéristique de l'Amérique du Sud, familière de ces mélanges entre croyances autochtones et foi catholique. Cela n'a rien à voir avec le phénomène de la création de mythe que l'on observe sur des personnages comme Gardel, Che Guevara, Evita et plusieurs autres qui auront marqué l'histoire de l'Argentine et la construction du pays et de son identité.