Décidément, l’année 2010 aura vu partir beaucoup de grands artistes en Argentine.
Le Maestro Aníbal Arias, qui a fait le tour du monde avec son compagnon bandonéoniste Osvaldo Montes, vient de passer la guitare à gauche à l’âge de 88 ans à la clinique Güemes où il était soigné pour ce qu’on appelle là-bas aussi une "longue maladie".
En décembre de l’année dernière, il avait annoncé, avec Osvaldo Montes, leur commun retrait de la Orquesta del Tango de la Ciudad de Buenos Aires à la fin du concert qui avait marqué les 40 ans de la création de Balada para un loco (voir le reportage envoyé par Solange Bazely à Barrio de Tango, depuis Buenos Aires où elle se trouvait alors). Il avait intégré cet orchestre en 1980.
Aníbal Arias, c’est une longue carrière car il jouait encore cette année, c’est une ample discographie, c’est le guitariste qui a aussi accompagné d’innombrables chanteurs, tous meilleurs les uns que les autres. Aníbal Arias, c’était aussi un musicien de cœur qui allait souvent, le dimanche, à la Feria de San Telmo, jouer en plein air auprès de ses amis, les danseurs de rue Osvaldo et Pochi Boó, que je ne suis pas allée voir cette année (1). Il jouait là, incognito. Seuls les Portègnes bons connaisseurs de tango le reconnaissaient. Les touristes applaudissaient comme ils auraient applaudi n’importe qui d’autre…
Aníbal Arias, c’était aussi un enseignant. Il avait notamment fondé la Escuela de Música Popular de Avellaneda, dont sont sortis de nombreux jeunes musiciens de valeur d’aujourd’hui, comme ceux qui composent le groupe La Biyuya, presque tous passés par cette institution…
Personnellement, j’avais eu la chance de l’écouter, à deux reprises dont une en 2008 (ci-dessus), le dimanche, en plein air, devant le Café Dorego à San Telmo, et de l’entendre aussi sur scène, dans la salle Jean Vilar du Théâtre National de Chaillot à Paris, en juin 2008, lors de la dernière édition du Festival Buenos Aires Tango où il était venu avec Osvaldo Montes jouer avec les jeunes musiciens de la Orquesta Escuela de Tango Emilio Balcarce, déjà placée sous la direction de Néstor Marconi.
Le décès du musicien est intervenu dans la journée d’hier. Il a été veillé de 20h à 23h et l’est à nouveau aujourd’hui de 8h à 11h dans un funérarium de la rue Acevedo au numéro 1120. Sa sépulture suivra immédiatement, comme il est d’usage là-bas.
Plusieurs médias argentins lui rendent hommage aujourd’hui malgré une actualité politique continentale très fournie (élection présidentielle au Brésil, suites du coup d’Etat raté en Equateur et scandale des expériences médicales étatsuniennes au Guatemala) :
Lire l’article de Clarín
Lire la note de Radio Nacional
Vous pouvez aussi visiter la page qui est consacrée à Aníbal Arias sur Myspace Music et celle dont il dispose sur le Portail Guitarrasweb (mais elle est assez pauvre).
C’est le troisième artistes dont le raccourci va s’enrichir de dates dans la rubrique Vecinos del Barrio, dans la partie haute de la Colonne de droite…
Demain, je vous parlerai avec un jour de retard du Plenario de ce soir à l'ANT et des interviews d’Ute Lemper.
(1) Il a fait exceptionnellement un temps pourri pendant mon séjour à Buenos Aires, en août dernier, et le seul dimanche où il a fait beau, je suis allée à La Plata, pour un hommage à Alorsa. Donc pas de Feria de San Telmo cette année et je ne sais pas s’il a eu la force d’aller y jouer cet hiver, les dimanches de beau temps.