mardi 5 octobre 2010

El Afronte à Albi à la fin du mois [ici]

Comme l’année dernière (voir mon article du 23 octobre 2009), la Orquesta Típica El Afronte se produira à Albi (81) dans le sud de la France au festival de tango organisé par l’association Artefacto pendant le week-end de la Toussaint, à la fin de ce mois. Le très grand joueur d'harmonica tanguero Franco Luciani sera lui aussi au programme. Cela vaut donc le coup de s’offrir un long week-end albigeois sans qu’y soit mêlée aucune référence à des querelles médiévales entre Eglise catholique et hérésie cathare (1). Et, en plus de cette participation de El Afronte, il y a plein d’autres raisons de se rendre dans cette très belle ville emblématique du Tarn. Albi possède de très beaux monuments historiques, dont une cathédrale fortifiée, un musée consacré à Toulouse-Lautrec, un pont médiéval et une église à cloître, des monuments qui ont fait inscrire le centre-ville au Patrimoine culturel de l’Humanité. Sans parler de l’accent chantant des habitants et des traditions gastronomiques locales particulièrement réputées…



Pour en savoir plus sur l’événement, visitez la page du festival sur le site de l’association.
Pour en savoir plus sur El Afronte, cliquez sur le nom de cette formation de Buenos Aires dans le bloc Pour chercher, para buscar, to search, ci-dessus : vous accéderez ainsi à l’ensemble des articles que je leur ai consacrés à l’heure où vous lisez cette annonce.
Vous pouvez aussi visiter leur site Internet pour écouter un peu de musique.
Pour en savoir plus sur Franco Luciani, connectez-vous à son site.
(1) A l’intention de mes lecteurs sud-américains qui ne comprennent pas nécessairement le jeu de mot que je me permets dans cet article…
Au 13ème siècle, l’hérésie cathare (catharos, en grec ancien, c’est "pur") fut une pensée et une pratique religieuses initiatiques qui constituèrent ensemble ce que nous appelons de nos jours une dérive sectaire. Comme les actuelles dérives sectaires, l’hérésie cathare a mis en grave danger les fondements de la société de ce temps, détruit des familles et bouleversé l’ordre économique lui-même très fragile puisque soumis aux caprices du climat. Les adeptes, qui furent désignés comme cathares (le nom-programme qu’ils s’étaient donné) ou comme Albigeois (le nom qu’ils reçurent des catholiques parce que la citadelle d’Albi résista longtemps), professaient des croyances dans lesquelles les réalités spirituelles et les réalités charnelles (corporelles, sensibles), que la théologie orthodoxe unit intimement par fidélité à l’incarnation du Christ, sont irréductiblement séparées et incompatibles l’une avec l’autre. Dans cette optique dichotomique, vaguement héritée d’un platonisme mal compris, et pour laquelle les nécessités biologiques appartiennent à l’empire du mal, les cathares ou Albigeois se soumettaient à des jeûnes et des ascèses d’une sévérité inouïe et renonçaient pour eux-mêmes à toute possession matérielle, n’hésitant pas, lorsqu’ils étaient en nombre supérieur, à attaquer les catholiques restés fidèles afin d’éradiquer le mal (ou ce qu’ils croyaient tel) sur la Terre. Les cathares les plus élevés dans les grades initiatiques renonçaient aussi au mariage, à la procréation (abandonnant le cas échéant leur famille et leur foyer) et aux soins médicaux lorsqu’ils tombaient malades pour accéder plus vite au ciel en vue de la fin du monde, qu’ils croyaient imminente. La lutte qui s’en suivit entre l’orthodoxie catholique et la société en place (dont le Roi de France prit le parti et la défense) et quelques puissants seigneurs occitans qui voulurent en profiter pour détacher leurs Etats de l’influence française et papale fut longue et très violente. Du côté catholique, elle prit même la forme d’une croisade avec bénédiction des troupes et indulgence plénière pour les participants. La répression fut impitoyable et atroce et son souvenir envenime aujourd’hui encore les relations entre Paris et la région toulousaine, les deux villes ayant toujours conservé, tout au long de l’histoire de France, des intérêts politiques, économiques et culturels divergents, pour ne pas dire antinomiques. C’est ainsi qu’à la Renaissance, Toulouse allait devenir un foyer actif du protestantisme français (à proximité du royaume de Navarre, champion en la matière) et que la ville aujourd’hui encore porte les traces de cette hostilité atavique au catholicisme. C’est la seule ville en France où j’ai vu une banque installée dans une église désaffectée qui porte encore tous les signes de ses fonctions paroissiales (sous le vocable de Notre-Dame !). C’est une des rares villes en France où une ancienne église romane (ailleurs) est convertie en centre de danse et en école de cuisine. C’est aussi une des rues ou des hôpitaux en faisant disparaître le nom du saint sous la protection duquel ils avaient été placés par les congrégations catholiques qui les avaient fondés au Moyen Age (un genre de sacrilège symbolique qui ne s’est pas produit à Paris).