Affiche de l'exposition extraite du site de Abuelas (voir lien en partie basse de la Colonne de droite)
L'ONG Abuelas de Plaza de Mayo (grand-mères de la place de Mai) a fêté hier, vendredi 22 octobre 2010 à 18h, ses 33 ans d'existence et surtout les 102 personnes retrouvées et identifiées. Malgré la tragédie de mercredi dernier, qui a vu mourir un jeune militant syndical dans un affrontement entre protestataires et milice patronale, l'anniversaire a donné lieu à une fête à laquelle ont participé les petits-enfants retrouvés et les arrières-petits-enfants ainsi que les autres associations qui se sont fondées autour du thème des disparus de la Dictature (1976-1983), HIJOS (anagramme signifiant enfants en espagnol), Familiaires de Desaparecidos y Detenidos por Razones Políticas (Parents de disparus et de détenus pour raisons politiques), Madres de Plaza de Mayo (Mère de la place de Mai) et Madres de Plaza de Mayo línea fundadora (1).
Pour l'occasion, Abuelas a monté une exposition en deux espaces différents dans le Hall Central de la Maison de la Télévision Publique (2) dans le quartier de Palermo, sur ses 33 ans d'histoire, les luttes menées, les histoires des petits-enfants retrouvés (3). Etait également présent à cette inauguration festive le Sénateur Daniel Primus, très impliqué dans la promotion du combat de Abuelas (c'est lui qui a proposé l'ONG à trois reprises pour le Prix Nobel de la Paix, voir mon article n° 1300 du 21 avril 2010 et la lettre -en illustration- que Diego Maradona, ex-sélectionneur national, a adressée le 4 octobre dernier au Comité Nobel avant l'attribution du Prix qui est allé, comme vous le savez, cette année, à un militant des droits de l'homme chinois, actuellement en prison) et dans tous les enjeux de la culture et de l'éducation.
Lettre de Diego Maradona (image extraite du site de Abuelas)
“Me emocioné porque vi a muchas compañeras que ya no están, pero también veo a la gente que nos acompaña en el presente. Estamos más viejas pero más fuertes y estos 33 años valieron la pena”
Estela de Carlotto, actuelle présidente de Abuelas, citée par Página/12
J'ai été émue parce que j'ai vu beaucoup de camarades qui ne sont plus là mais j'ai aussi vu les gens qui nous accompagne actuellement. Nous sommes plus vieilles mais plus fortes et ces 33 ans valaient la peine.
(Traduction Denise Anne Clavilier)
L'exposition est ouverte tous les jours jusqu'au 7 novembre prochain, de 8h à 20h. Entrée libre et gratuite.
Il reste encore environ 400 personnes à retrouver parmi les enfants enlevés pendant la Dictature (ce chiffre est nécessairement approximatif parce que nul ne connaît exactement le nombre de femmes enceintes parmi les opposantes arrêtées par la Junte).
Il reste encore environ 400 personnes à retrouver parmi les enfants enlevés pendant la Dictature (ce chiffre est nécessairement approximatif parce que nul ne connaît exactement le nombre de femmes enceintes parmi les opposantes arrêtées par la Junte).
Pour en savoir plus :
Lire l'article de Página/12 sur l'inauguration et l'expositon
Pour s'informer (en français) sur les nouvelles récentes de l'association, cliquez sur le mot-clé Abuelas dans le bloc Pour chercher, para buscar, to search, ci-dessus. Pour élargir ces questions, cliquez sur le mot-clé JDH (anagramme de Justice et Droits de l'Homme). Vous trouverez aussi la même sélection de mes articles en cliquant sur le raccourci Juste et Droits de l'Homme dans la Colonne de droite (partie supérieure).
(1) Contrairement à ce qu'on peut être tenté de penser en Europe, où l'on a souvent perdu le souvenir de ces luttes que nous connaissions bien dans les années 70, les militantes de Abuelas (grand-mères) et des deux ONG de Madres (Mères) appartiennent à la même génération. Les premières recherchent des personnes qui étaient des enfants en bas-âge sous la Dictature et Madres recherchent des personnes qui étaient des adultes jeunes ou dans la force de l'âge et qui ont disparu à cause de leur action militante. Les deux associations de Madres se sont séparés peu de temps après le retour de la démocratie (fin 1983) pour des désaccords sur le devenir et la nature politique de leurs objectifs. Madres de Plaza de Mayo a développé des activités connexes à la recherche des disparus, notamment beaucoup d'activités culturelles et pédagogiques, jusqu'à fonder une radio (La Voz de las Madres), un centre culturel (ECuNHi, Espacio Cultural Nuestros Hijos) et une Université Populaire qui vient de se voir reconnaître un statut d'Université délivrant des diplômes reconnus à l'échelle nationale. Madres Línea Fundadora est restée uniquement consacrée à la recherche d'informations sur les disparus adultes. Vous pouvez trouver les liens vers plusieurs sites de ces ONG dans la partie inférieure de la Colonne de droite.
(2) Pour information, l'Argentine possède deux chaînes publiques nationales, une chaîne généraliste, Canal 7, et une chaîne culturelle et éducative, Canal Encuentro, sur laquelle vous pouvez trouver des émissions très intéressantes en téléchargement gratuit, à la seule condition de vous inscrire sur le site en donnant votre nom et une adresse mail. Cela leur permet de suivre la fréquentation des émissions à télécharger.
(3) Les histoires de ces adultes arrachés en bas-âge, voire à leur naissance, à leurs parents pour être confiés le plus souvent en adoption plénière à des couples complices de la Junte militaire alors au pouvoir, toujours avec des papiers falsifiés, des dates et lieux de naissance fausses, des filiations dissimulées ont inspiré plusieurs tangos au cours des 10 dernières années. Il y en a deux, l'un de Marcela Bublik, l'autre de Raimundo Rosales, dans mon prochain livre, dont je viens de terminer la correction des épreuves (à paraître en décembre prochain, aux Editions Tarabuste, dans la revue Triages).