mercredi 27 octobre 2010

Néstor Kirchner est mort [Actu]

Capture d'écran sur le site du quotidien

Après plusieurs accidents cardiaques répétés ces derniers mois, la mort de Néstor Kirchner ce matin arrive tout de même comme une grande surprise. Il n’avait que soixante ans.

C’est un ancien président de la république qui disparaît et l’une des figures de proue du péronisme d’après la Dictature et d’après la catastrophique présidence de Carlos Menem dans les années 90. C'est lui qui avait fait relancer les procès contre les bourreaux de la Dictature et l'enquête sur l'attentat de l'AMIA. C'est lui aussi qui eut la redoutable responsabilité de conduire l'Argentine juste après l'effondrement économique de décembre 2001. Il avait immédiatement précédé à la magistrature suprême sa propre épouse, l’actuelle présidente, et la passation de pouvoir entre les deux, le 10 décembre 2008, avait été une cérémonie très émouvante à bien des égards.

La crise cardiaque l’a surpris ce matin au cours d’une réunion à laquelle il participait dans la ville très touristique de Calafate, dans le sud du pays, où il avait investi pas mal d’argent dans des projets et des entreprises touristiques, investissements sur lesquels des bruits fâcheux avaient circulés et qu’il avait pu faire démentir l’année dernière avec beaucoup d’habileté politique. Il a été admis immédiatement à l’hôpital le plus proche mais les médecins n’ont rien pu faire. Sa femme était à ses côtés.

Plusieurs ministres du gouvernement fédéral se sont aussitôt rendus à Calafate, d’où ils convoieront très certainement le corps jusqu’à Buenos Aires où l’ancien mandataire sera très certainement veillé, dans la salle des Pas Perdus du Congrès ou un autre salon d’honneur, dès ce soir avant des obsèques qui pourraient avoir lieu dès demain. La veillée qui se prépare donnera la mesure de sa popularité et des chances de l’actuelle majorité aux élections de l’année prochaine. Déjà, certaines voix se sont élevées en Argentine pour rendre hommage à l’homme et Estela de Carlotto, la Présidente de Abuelas de Plaza de Mayo, autorité morale s’il en est, en fait partie, ainsi que Pino Solanas, pourtant presque hostile aux Kirchner dans la lutte politique…

Plusieurs chefs d’Etat latino-américains ont déjà rendus un hommage vibrant à celui qui avait pris, il y a quelques mois, la présidence de l’Union régionale, l’UNASUR. Chavez a été parmi les premiers à s’exprimer. Curieusement, Pepe Mujica, le voisin uruguayen, si prompt à relancer le processus d’entente transfrontalière, ne fait pas parmi de ces tout premiers chefs d’Etat à exprimer leurs condoléances.

La mort soudaine de son mari sera-t-elle pour Cristina l’année prochaine ce que la mort d’Evita fut pour Perón ? Un formidable atout ! En tout cas, c’est certainement un coup rude pour les ambitions présidentielles de Mauricio Macri, le principal présidentiable d’opposition, après la série de scandales dans lesquels il est impliqué.

Il est probable que toutes les Ambassades d’Argentine vont ouvrir un livre de condoléances dès demain.

A 20h, ce soir, un rassemblement aura lieu Plaza de Mayo en signe de soutien à la présidente Cristina Fernández plus de Kirchner que jamais…

Et comme toujours dans ce cas, Barrio de Tango se met à l’heure de l’Argentine : les articles d’aujourd’hui et de demain (peut-être aussi de vendredi) ne parleront que de ce décès et des événements qui vont l’entourer.

A mes très amis argentins péronistes K (j’en compte un bon paquet), j’adresse ce soir un salut affectueux. Je sais qu’ils sont tristes et qu’ils attendaient encore beaucoup de ce combattant tenace et madré qui savait rebondir comme peu.

Pour aller plus loin :
Lire l’article de Página/12 (déjà plus développé et déclinée en plusieurs articles)
En France : Le Monde a consacré à cette disparition une analyse exceptionnellement longue que je me devais de souligner.