samedi 16 octobre 2010

Horacio Salgán et Leopoldo Federico fêtent les 50 ans du Quinteto Real au Tasso [à l'affiche]

Depuis hier et pour tous les vendredis et samedis soirs jusqu'à la fin du mois, à 22h, Horacio Salgán, pourtant retiré de la scène depuis plus de six ans, et Leopoldo Federico fêtent ensemble les 50 ans de la fondation du Quinteto Real au Centro Cultural Torcuato Tasso, Defensa 1575, à San Telmo.

Aujourd'hui, César Salgán a repris dans le quintette la partie du piano tenue originellement par son père. Et il est lui aussi au Tasso pour la fête...


A cette occasion,le quotidien Página/12 a consacré la une de ses pages culturelles aux deux Maestrazos (maîtres des maîtres) et publié une interview croisée dont voici quelques passages en version bilingue comme toujours sur Barrio de Tango.

“Tengo los mejores recuerdos de mi vida al lado de Horacio –arranca–. Y ahora me ocurre esto, tan inesperado, cuando casi estoy en los finales de mi carrera. Volver a estar al lado de Horacio Salgán es un premio que no esperaba. Lo que menos me imaginé es que un día iba a subir a un escenario a tocar al lado de Salgán y de César, ¡a él lo conocí de pibito!”
Leopoldo Federico, Página/12

J'ai les meilleurs souvenirs de ma vie à côté de Horacio, commence [Leopoldo Federico]. Et maintenant qu'il m'arrive ça, qui est si inattendu, alors que je suis presque à la fin de ma carrière... Se retrouver à côté de Horacio Salgán, c'est un cadeau que je n'attendais pas. Et ce que j'avais imaginé le moins, c'est qu'un jour j'allais monter sur une scène pour jouer à côté de Salgán et de César... Lui, je l'ai connu tout moufflet !
(Traduction Denise Anne Clavilier)

“Yo también me siento honrado con este reencuentro –devuelve gentilezas–. No todo el mundo puede interpretar: hay gente que toca muchas notas, pero es poco lo que interpreta. Leopoldo es uno de los pocos privilegiados capaces de ser intérpretes de las intenciones del autor de la obra, agregándole su personalidad, su arte. Hemos pasado hermosos momentos en mi orquesta y siempre se ha mantenido a través del tiempo una amistad basada en lo artístico, que continúa en lo personal.”
Horacio Salgán, Página/12

Moi aussi, je me sens honoré de ces retrouvailles, retourne [Horacio Salgán, en veine de gentillesses]. Ce n'est pas tout le monde qui peut interpréter : il y a des gens qui jouent beaucoup de notes mais il y en a peu qui interprètent. Leopoldo est un des rares privilégiés capables d'être des interprètes des intentions de l'auteur de l'oeuvre, en lui ajoutant sa personnalité, son art. Nous avons passé de beaux moments avec mon orchestre et une amitié, fondée sur l'art, s'est toujours maintenue au fil du temps et se prolonge sur le plan personnel.
(Traduction Denise Anne Clavilier)

“Mi padre me dejó su lugar, ahora se lo voy a devolver, ¡y espero que sea para siempre! (risas). Vamos a darnos ese gusto, y va a ser un acontecimiento: lo que uno ha escuchado y aprendido durante años de la historia del tango podremos verlo en vivo. Arrancamos primero nosotros, el Quinteto de hoy, y después van a subir estos grandes para decir cómo se hace”
César Salgán, Página/12

Mon père m'a laissé sa place, maintenant je vais la lui rendre et j'espère que ce sera pour toujours (rires). Nous allons nous faire ce plaisir, et ça va être tout un événement : ce qu'on a écouté et appris durant des années au sujet de l'histoire du tango, nous pourrons le voir en direct. Nous démarrons les premiers, nous, le Quinteto d'aujourd'hui (1), et après, ce sont des vieux qui montent [sur scène] pour dire comme ça se fait.
(Traduction Denise Anne Clavilier)

“Mi destino se empecinó en no dejarme parar [...]. Siempre aparece algo nuevo para comprometerme, y siempre está mi orquesta, once compañeros que son tan amigos que no quieren que desaparezca como institución. Y así van apareciendo compromisos de grabación, proyectos, que me tientan, me engolosino, y a pesar de mis problemas físicos, no quiero dejar de hacer algunas cosas. Eso sí: trataré de no pasar papelones. Ahora, al lado de Salgán, vamos a ver qué papelón hago...”
Leopoldo Federico, Página/12

Mon destin s'est entêté à ne jamais me laisser m'arrêter [...]. Toujours il arrivait quelque chose de nouveau da,ns quoi m'engager et il y avait toujours mon orchestre, onze collègues qui sont autant d'amis qui ne veulent pas qu'il disparaisse comme institution. Et c'est comme ça que viennent des engagements d'enregistrement, des projets qui me lient, je m'emballe, et malgré mes problèmes physiques (2), je ne veux pas arrêter de faire certaines choses. Alors oui, j'essayerai de ne pas tourner en ridicule sur scène. Maintenant, à côté de Salgán, on va voir quel crétin je fais...
(Traduction Denise Anne Clavilier)

“Mi orquesta no era una orquesta fácil, es cierto. Pero no es que yo me proponga que mis tangos sean difíciles o fáciles, sino que he procurado ser absolutamente sincero en lo que hago, de manera de no estar pensando si voy a ganar mucha o poca plata [...] No he buscado ser popular o no popular: he querido ser honesto [...]. Todos los arreglos que hice a través del tiempo tienen algo en común: no son fáciles. Tampoco lo son las composiciones que tengo para piano, son tan difíciles que en el momento de ponerme a tocarlas yo mismo debo ponerme a estudiar. Si Dios me dio un talento para manejarme dentro de la música, el día que vaya a encontrarme con él, y me pregunte: ¿qué hiciste con el talento que te di? Creo que a Dios no le va a gustar que le diga: lo comercialicé.”
Horacio Salgán, Página/12

Mon orchestre n'était pas un orchestre facile, c'est sûr. Mais ce n'est pas mon propos que mes tangos soient difficiles ou faciles, c'est que j'ai tâché d'être absolument sincère dans ce que je fais, de sorte que je ne suis pas toujours là à penser si je vais gagner beaucoup d'argent ou pas beaucoup [...] Je n'ai pas cherché à être populaire ou non, j'ai voulu être honnête [...] Tous les arrangements que j'ai faits au fil du temps ont quelque chose en commun : ils ne sont pas faciles. Et pas plus les compositions que j'ai faites pour le piano. Elle sont tellement difficiles qu'au moment de me mettre à les jouer moi-même, il faut que je me mette à travailler. Si Dieu m'a donné un talent pour me débrouiller dans la musique, le jour où je vais le rencontrer, et qu'il me demandera qu'as-tu fais du talent que je t'ai donné ? Je crois que ça ne va pas lui plaire à Dieu ce que je vais lui dire : j'en ai fait du commerce.
(Traduction Denise Anne Clavilier)

La suite est à lire sur Página/12, au besoin en vous aidant de la traduction en ligne de Reverso (lien dans la rubrique Cambalache casi ordenado, dans le bas de la Colonne de droite).

(1) César Salgán au piano, Carlos Corrales au bandonéon, Julio Peressini au violon, Juan Pablo Navarro à la contrebasse et Hugo Rivas, à la guitare.
(2) Le Maestro Leopoldo Federico, 83 ans, a des difficultés considérables pour marcher et pour se tenir debout. Des problèmes articulaires qui le font beaucoup souffrir. C'est connu parce que lorsqu'il est sur scène, on ne peut pas manquer de le remarquer.