Le Gouvernement argentin vient d’arrêter le plan définitif pour lutter contre les risques de contagion de la grippe A alors que s'annonce l’hiver austral.
Les cas de contamination avérée en Argentine s’élèvent actuellement à environ 300 cas suspects et 174 cas avérés à Buenos Aires et dans le Gran Buenos Aires. C’est peu par rapport à l’ensemble de la population et à la saison (sans compter le brusque refroidissement du temps ces derniers jours) et c’est géographiquement très circoncit, ce qui facilite la lutte contre le risque de contagion.
90% de ces cas de grippe A ont en effet été diagnostiqués à Buenos Aires et dans sa très proche banlieue, surtout dans le nord, et parmi les enfants scolarisés. C'est à Buenos Aires intra-muros que la densité de la population est la plus forte du pays mais sur un habitat majoritairement de maisons individuelles. C’est peut-être cette densité qui explique la circulation du virus dans un périmètre passablement restreint.
Les jeunes malades (entre 6 et 15 ans pour la plupart) ont été dûment hospitalisés (le réseau hospitalier portègne est assez dense lui aussi) et sont retournés à l’école une fois guéris. Il n’y a encore eu aucun mort des suites de la grippe A en Argentine, alors que, il faut le rappeler car nous avons tendance à l’oublier, la grippe saisonnière tue tous les ans, dans tous les pays du monde, y compris les plus avancés sur les plans technologique et médical.
Le Gouvernement argentin a donc décidé que lorsqu’un cas de grippe A serait diagnostiqué dans une classe, la classe serait fermée pour deux semaines (mais non pas tout l’établissement, comme cela se faisait il y a encore trois semaines), que tous les élèves seraient suivis médicalement et bénéficieraient d’un suivi pédagogique via Internet, avec enseignement à distance, la capitale argentine étant remarquablement bien équipée au niveau collectif de ce point de vue (en plus, la zone affectée est la zone riche et la plupart des établissements atteints sont des écoles privées très chic et très chères). Quant aux enfants qui rentrent de voyage avec des symptômes grippaux, ils sont invités à rester chez eux, le temps que le diagnostic soit effectué (ce qui peut prendre plusieurs jours). Ils disposent eux aussi d’un suivi pédagogique à distance pour ne pas prendre de retard sur le reste de leur classe et le temps d’absence ne pénalisera ni l’enfant ni ses parents (l’école est obligatoire en Argentine et officiellement, ne pas envoyer un gamin à l’école est un délit).
Dans la population, la psychose semble modérée. On constate certes que les pharmacies vendent beaucoup de masques de protection et que de nombreux services d'urgence ou beaucoup de médecins de ville sont débordés par l'afflux de patients atteints de toutes sortes de symptômes, dont la plupart ne sont pas du tout grippés. On a repéré que certains parents s'abstenaient d'envoyer leurs enfants à l’école au cas où... même lorsqu'aucun cas n’est déclaré dans l’établissement. On a entendu ce week-end beaucoup de rumeurs selon lesquelles les vacances d’hiver, traditionnellement placées en juillet, allaient être avancées. Mais le premier ministre (Jefe de Gabinete), Sergio Massa, dans sa conférence de presse samedi, les a fermement démenties en expliquant que les deux droits des enfants, à la santé et à l’éducation, étaient aussi inaliénables l’un que l’autre et que par conséquent l’école continuait. Il s'exprimait d'une voix particulièrement posée, avec un débit très serein qui en imposait. La presse a aussitôt embrayé avec beaucoup de responsabilité, en s’abstenant d’exploiter l’angoisse éventuelle du lectorat. Bref, la vie continue.
En Amérique du Sud, la grippe A n’a jusqu’à ce jour fait que 2 morts. Cela s’est passé au Chili. Le premier malade n’avait pas été correctement diagnostiqué et avait été soigné pour une autre maladie. Le second a succombé aux suites d’autres affections, son état de santé déjà assez détérioré du fait de son obésité pathologique et des problèmes cardiaques y afférant ayant été fragilisé encore un peu plus par la grippe.
La situation sanitaire n'est donc pas particulièrement alarmante et le système médical en place, notamment en Argentine, a les capacités de faire face au phénomène tel qu’il se présente pour le moment.
Dans l'ensemble, l’Argentine et l’Uruguay disposent de systèmes de santé publique d’une grande efficacité, malgré un manque de moyens chronique qui rappelle fort les situations connues en France ou en Angleterre. En Argentine, la néonatalogie et la chirurgie pédiatrique sont des disciplines de pointe au point que les hôpitaux attirent des patients des pays environnants. La chirurgie réparatrice est très développée. La psychiatrie est particulièrement performante, malgré, comme toujours, ce manque de moyens dont se plaignent régulièrement les personnels de santé. Le système hospitalier public est gratuit pour les patients.
Quant à la chirurgie esthétique, qui n’est pas du ressort du système sanitaire, elle attire, en Argentine comme au Brésil, des clients du monde entier, y compris de l’hémisphère nord, très tout heureux d’aller se faire refaire le nez ou les seins à prix cassés.