La Ministre de la Santé d’Argentine, Graciela Ocaña, sur laquelle couraient de nombreuses rumeurs de démission depuis plusieurs semaines à Buenos Aires, a finalement renoncé à son portefeuille au lendemain des élections législatives au cours desquelles la majorité actuelle a été dépassée en nombre de voix par l’opposition libérale. La ministre avait déjà présenté sa démission en mai à la Présidente qui l’avait refusée.
Graciela Ocaña avait beaucoup choqué l’électorat de gauche à sa prise de fonction en décembre 2007 en déclarant que la question de l’avortement (formellement illégal en Argentine) ne relevait pas selon elle de la politique de santé publique mais de la politique pénale. Coup sur coup, elle a dû affronter une épidémie de dengue qui a créé une vraie psychose sur la fin de l’été (en mars et en avril) puis l’arrivée sur le sol argentin du virus de la grippe A qui provoque une nouvelle psychose et des difficultés d’organisation : fermeture pendant 14 jours des écoles puis seulement des classes où un cas a été détecté et engorgement des services hospitaliers pris d’assaut par des patients plus paniqués que grippés. Il est sûr qu’en période électorale, cette situation tombait bien mal...
Graciela Ocaña est remplacée par un médecin, Juan Luis Manzur, qui prendra ses fonctions demain.
Juan Luis Manzur était jusqu’à ce jour Vice-Gouverneur de la Province de Tucumán. Auparavant, il avait tenu le portefeuille de la santé au niveau de sa Province. Il est reconnu pour son efficacité puisqu’il était parvenu à faire baisser la mortalité infantile. C’est donc un professionnel confirmé : chirurgien, puis praticien de santé publique et médecin légiste, il a été sollicité par de nombreux hommes politiques avant d’accepter le ministère de la Santé de Tucumán. A 40 ans, c’est un homme qui a encore une belle carrière à construire. Sa nomination est saluée par les personnalités auprès desquelles il a déjà travaillé et dont il garde l’appui.
En Argentine, la grippe A, qui touche dans la population en bonne santé essentiellement des enfants en milieu scolaire, comme en Europe, et se révèle alors bénigne, a cependant déjà causé la mort de 28 personnes, toutes de santé fragile, ce dont un Gouvernement ne peut s’enorgueillir puisqu’il montre un défaut d’organisation qui prive de la protection qui leur est due un certain nombre de personnes à risques. Le choix d’un professionnel aguerri et peu susceptible d’être contesté semble donc une réponse adaptée à la situation.
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