Los gringos, à Buenos Aires, ce sont les étrangers. Ceux qui débarquèrent par bateaux entiers depuis l’Europe, entre 1880 et 1930 (voir l’article sur l’histoire de l’Argentine et de l’Uruguay, dans la rubrique Petites Chronologies, dans la partie centrale de la Colonne de droite).
C’est donc le nom que j’ai choisi pour une nouvelle section de Vecinos del Barrio (Colonne de droite, partie supérieure). Une section qui rassemblera désormais les raccourcis des très rares artistes de tango qui ne soient ni argentins ni uruguayens et qui trouvent néanmoins leur place dans Barrio de Tango, un blog que je veux consacrer essentiellement au tango de là-bas et où je n’entends donc pas parler des artistes installés en Europe, qu’ils soient européens ou rioplatenses, pour la simple et bonne raison qu’il y a abondance de sites et de réseaux internet, ici et en français, mais aussi en italien, en allemand, en néerlandais... qui se consacrent déjà à leur activité et qu’ils n’ont donc ni peu ni prou besoin du présent site de tango pour se faire connaître.
Les artistes dont les noms seront inscrits dans cette nouvelle section de Vecinos del Barrio se distinguent tous par l’authenticité de leur travail tanguero et l’amour exceptionnel qu’ils portent au genre et à la réalité argentine que ce genre raconte, dont il vit, dont il se nourrit et qu’à son tour il enrichit et transforme et développe. Ils se distinguent aussi par le fait qu’ils sont et qu’ils restent eux-mêmes, qu’ils assument de n’être pas argentins et qu’ils n’essayent d’imiter personne (ce en quoi ils ont bien raison parce que personne n’est jamais devenu Gardel en imitant Gardel).
Les uns, comme la chanteuse japonaise (ponja en lunfardo) Anna Saeki et le chanteur espagnol Enrique Moratalla (vasco ou gallego ou même gaita à Buenos Aires, alors qu’en fait il est andalou) (1), m’ont été signalés par Horacio Ferrer, à l’occasion de mes passages à la Academia Nacional del Tango où je les ai moi-même entendu chanter. Tous les deux sont d’exceptionnels interprètes de tango et tout particulièrement de l’oeuvre commune d’Astor Piazzolla et Horacio Ferrer dont ils ont fait plusieurs enregistements, qu’ils ont présentés sur scène avec Horacio Ferrer lui-même...
Marie Crouzeix, quant à elle, se partage entre Buenos Aires et Clermont-Ferrand, en France, et joue, travaille, enregistre en duo avec le guitariste et compositeur argentin Daniel Pérez. Elle est flûtiste.
Une violoniste belge viendra bientôt les rejoindre, qui joue en trio avec le clarinettiste Néstor Tomassini et le guitariste Hernán Reinaudo, tous deux compositeurs et argentins eux aussi. Ananta retrouvera bientôt ses deux complices sur la rive occidentale du Río de la Plata, puisqu’elle va passer le mois de juillet à travailler avec eux. Il feront tous les trois ensemble au moins un concert dont les lecteurs de Barrio de Tango devraient avoir bientôt des nouvelles (puisqu’on est déjà le 15 juin).
Profitant de la création de cette section, j’ai ajouté ailleurs différents autres liens :
Marisa Vázquez, qui chante demain du côté de Bordeaux, a enfin son raccourci au milieu des chanteurs de Vecinos del Barrio.
Et Diego Dipi Kvitko a rejoint les Vecinos dans la section des musiciens et compositeurs.
Côté liens externes (partie inférieure de la Colonne de droite), dans la rubrique Cambalache (casi ordenado), j’ai ajouté le site de la Péniche Demoiselle (où Litto Nebbia se produira en septembre prochain, dans le cadre des événements de l’Agenda de Barrio de Tango) et celui de l’Association Culturelle Franco-Argentine (ACFA) qui organise son concert de Ploërmel.
Et aussi un petit nouveau dans la rubrique Eh bien dansez maintenant : l’association Tango Porteño Orléans qui anime avec beaucoup d’exigence et une grande loyauté un lieu de convivialité et d’apprentissage pour de nombreux passionnés de tango dans la vieille cité de la Loire (lire l’article que j’ai consacré à la préparation de leur rentrée 2009). Bienvenue à eux tous.
(1) Mais faire ce distingo-là, à Buenos Aires, c’est le cadet des soucis du Portègne lambda. A 10 000 km de distance et avec un équateur et un océan au milieu, comment voulez-vous qu’il distingue entre un Galicien et un Andalou ? Tout ça, en 1880, ça descendait du même transatlantique battant pavillon espagnol et aujourd’hui, à l’aéroport international d’Ezeiza, ils descendent tous de l’avion de Madrid...
Vasco : Basque. Gallego : Galicien. Gaita : la gaita, c’est la musette galicienne, un instrument de musique que l’on retrouve sous des formes et des tailles variables dans tout le monde celte. A Buenos Aires, l’instrument de musique a fini par désigner les Espagnols par confusion avec les seuls Galiciens, très nombreux à avoir immigré. La gaita, au féminin, c’est l’instrument de musique. El gaita, au masculin, c’est un Espagnol. Comme nous, les Français, nous sommes capables d’utiliser le mot biniou pour désigner les Bretons dans certains contextes.