En voyant le nom de Cucuza accolé au mot de vendredi, les habitués de Barrio de Tango ont tout de suite deviné que, malgré l’absence de Moscato, je vous emmenais tout là-bas, de l’autre côté de l’Océan Atlantique et de l’Equateur, déguster sur le pouce une petite pizza (1) au Bar el Faro, fondé en 1931 (on le saura !), à l’angle (là-bas, on dit "esquina") des avenues La Pampa et Constituyentes... Dans le quartier de ?
Villa Urquiza.
Villa Urquiza.
Pas mal du tout, la réponse ! Il y en a qui suivent de l’autre côté de l’écran....
Aparté pour les nouveaux lecteurs :
Le chanteur Cucuza (de son vrai nom Hernán Castiello) forme d’ordinaire un duo avec le guitariste Moscato (en fait, Maximiliano Luna, Cucuza et Moscato sont leurs deux surnoms) et ce duo se produit tous les vendredis soirs, vers 21h30 (entrée 20 $) dans un café-bar-restaurant-pizzeria tout ce qu’on fait de plus convivial et tranquille, le Bar El Faro (le phare). Là, ils animent une série de soirées tango de derrière les fagots, qu’ils ont baptisée El Tango vuelve al Barrio (le tango revient dans le quartier, ou ETvaB pour faire plus court) et à laquelle ils invitent régulièrement d’autres musiciens ou chanteurs. Leur gros coup, l’année dernière, a été d’amener dans ce resto de quartier ni plus ni moins que le chanteur, compositeur et bandonéoniste Rubén Juárez, une super-vedette en Argentine, autant à Buenos Aires qu’à Córdoba dont il est originaire (voir mon article à ce sujet, à la rubrique Retour sur images). Mais ils en ont invité bien d’autres : Hernán Genovese, qui tourne en ce moment même en Europe et chantera à Bruxelles à la fin du mois, en a été par exemple (voir son raccourci dans la rubrique Vecinos del Barrio, en Colonne de droite). Et beaucoup d’autres.
Pour en avoir une meilleure idée, cliquez donc sur ETvaB en haut de l’article, sous le titre, dans le bloc des mots-clés intitulé Pour chercher, para buscar, to search...
Toujours pour les nouveaux lecteurs (les anciens, je n’ai plus rien à leur apprendre) :
L’invité du jour, Juan Vattuone, est un auteur-compositeur-interprète assez détonnant, pour nous en tout cas mais pour les autochtones aussi, dans l’univers que nous imaginons être celui du tango. Le contraire du tanguero cliché, type crooner à l’argentine, que nous avons dans la tête.
Juan Vattuone est un contestataire dans l’âme, qui dans ses chansons appuie partout où ça fait mal et qui se produit, bonnet de laine visé sur le crâne jusqu’aux yeux (surtout que c’est l’hiver à Buenos Aires maintenant) en s’accompagnant lui-même à la guitare et en se faisant une gueule aussi patibulaire que possible, pour chanter l’underground et le pas politiquement correct sans limite.
C’est un artiste poil à gratter qui ne plaît pas à tout le monde (il y en a même que son style agace prodigieusement et je parle des Argentins) mais il n’en est pas moins et un grand poète et un grand compositeur.
En août dernier, Juan Vattuone a participé à cette rencontre de poètes qui a ouvert le 10ème Festival de Tango dans les locaux de la Academia Nacional del Tango (lire mon article d’août 2008 à ce sujet).
Vendredi 12 juin, il chantera dans un décor plus popu que l’hôtel particulier où est installée la Academia et ça ne changera rien ni à son talent ni à son style ni à ses chansons.
Le dimanche 14 juin, à 21h, il se produira une nouvelle fois à la Vaca Profana, rue Lavalle 3683 (Almagro).
Donc si vendredi vous n’êtes pas libre, vous aurez une seconde chance dimanche...
Vendredi à El Faro, Moscato ne sera pas là. C’est exceptionnel mais cela s’est déjà produit, puisqu’il est parfois requis par d’autres artistes, par exemple au sein du groupe Guitarra Negra qui accompagne le chanteur Alfredo Piro (voir mon plus récent article à leur sujet, juste avant Noël). Et puis Moscato a des ailes, il voyage. Il est en ce moment en Europe (il a trente ans et les voyages forment la jeunesse, c’est bien connu).
Pour tenir la partie guitare auprès de Cucuza, c’est donc un autre copain et excellent musicien qui va s’y coller, le guitariste du quatuor Catenacho, Diego Kvitko de son vrai nom, surnommé Dipi (ils ont tous un surnom là-bas).
Pour aller plus loin :
Cliquez sur les noms de Cucuza, Diego Kvitko et Juan Vattuone dans le bloc Pour chercher, para buscar, to search pour accéder à l’ensemble des articles qui leur sont consacrés dans Barrio de Tango, à commencer par les plus récemment publiés.
Cucuza, Moscato et Juan Vattuone ont déjà un raccourci à leur nom dans la rubrique Vecinos del Barrio, dans la Colonne de droite (partie supérieure). Pour Dipi Kvitko, ce n’est pas encore fait, mais je vais essayer d’installer ça avant de partir en vacances en août (il fait partie de ces artistes qui ont déjà 3 articles et plus et pour lesquels je suis en retard).
A lire également cette interview de Juan Vattuone dans Clarín le 25 février 2004 où il se décrit lui-même comme un transgresseur (transgresor) et un empêcheur de penser en rond (pensez un peu à ce qu’ont pu être en leur temps chez nous des artistes comme Boris Vian, Georges Brassens ou Jacques Brel ou, dans un autre genre, Coluche).
Pour les écouter :
Connectez-vous à la page My Space de Cucuza
Connectez-vous au site de Catenacho et à leur page My Space
Visitez le blog de Juan Vattuone. Vous y trouverez des documents audio et vidéo, toute une revue de presse, plein de photos où vous le verrez avec la crème du tango pas sage ("atorrante", comme on dit là-bas, entre autres avec Juan Tata Cedrón ou Horacio Ferrer, beaucoup moins rangé que d’aucuns voudraient le faire croire).
(1) Enfin... Petite, c’est vite dit ! A Buenos Aires, la pizza est collective et se partage, donc elle ne peut pas être petite. Lire, à ce propos, mes articles sur la Gastronomie, dans la rubrique Quelques rubriques thématiques, en partie supérieure de la Colonne de droite.