C’était une opération que je vous annonçais dès la fin de l’année (dans cet article du 24 décembre). On aura donc attendu un peu pour que l’opération s’enclenche ça valait la peine d’attendre : Rodrigo et Gisela ont fait les choses en grand, avec passion, avec amour, comme toujours...
Mes anciens lecteurs le savent, les nouveaux peut-être pas, sauf ceux qui arrivent sur ce blog depuis le site Rufinopassi ou depuis leur mail de cette nuit : Gisela Passi et Rodrigo Rufino sont professeurs de tango. Tous les deux sont argentins et parfaitement bilingues. Ils exercent leur talent à Paris dans la semaine et un peu partout ailleurs le week-end. Un lien vers leur site est accessible de manière permanente dans la rubrique Eh bien dansez maintenant ! de la Colonne de droite (partie inférieure, comme pour tous les liens vers les sites externes).
En décembre dernier, nous avons entamé, eux et moi, un partenariat pédagogique pour mettre à la disposition de leurs élèves quelques tangos, valses et milongas, en version bilingue, dans des traductions originales que je réserve à leur site. Hier, ils ont mis en ligne Pregonera et Percal et les ont accompagnés de nombreuses versions enregistrées que vous pouvez donc écouter :
Il y a 6 versions audios de Pregonera, dont celle de Osvaldo Pugliese (avec le chanteur Jorge Maciel), celle de Juan D’Arienzo (avec le chanteur Armando Laborde), les deux rivaux musicaux qui ont partagé la Buenos Aires des années 40 et 50 (1), et aussi celle de Alfredo De Angelis, chantée par Julio Martel. C’est cette version que j’entends souvent dans leurs cours, cette version que je vous avais présentée, il y a bientôt un an, le 22 février 2009, lorsqu’on avait appris la mort du chanteur (lire mon article sur Julio Martel).
Il y a 5 versions audios pour Percal, un grand classique, dont celle chantée par Roberto Goyeneche, qui est jugé comme le plus grand chanteur de tango après Carlos Gardel (et certains iconoclastes le placent même devant Gardel, ce qui est un blasphème impardonnable) et celle de l’orchestre de Aníbal Troilo, un chef qui a su attirer à lui tous les grands chanteurs de son époque, dont Roberto Goyeneche. Dans cet enregistrement-là, c’est Francisco Fiorentino, surnommé Fiore, qui chante. Goyeneche et Fiore sont deux légendes du tango, les deux grands aux côtés desquels mes amis Cucuza et Moscato font semblant de se tenir sur l’affiche-montage qu’ils ont confectionnée pour leur retour au Bar El Faro (lire mon article du 22 janvier 2010 sur cette série de concerts du vendredi soir, dans le quartier de Villa Urquiza).
En plus des deux textes (letras) de Pregonera et Percal, Rodrigo et Gisela démarrent cette semaine la publication des 8 fiches d’une présentation analytique que j’ai préparée pour balayer de manière synthétique toutes les thématiques du répertoire.
Outre le rappel rapide du contexte socio-politique dans lequel est apparu le tango-canción, la première fiche, mise en ligne hier soir, détaille le thème le plus célèbre, le plus emblématique du genre : l’amour et surtout l’amour malheureux. Et même s’il est très réducteur de ne retenir du tango que le thème de l’amour malheureux, il est vrai qu’il y est traité de bien des manières, qu’il y est vu sous bien des angles différents, en fonction des époques et des personnalités des auteurs.
Pour en savoir plus :
Connectez-vous à la page Ecouter de la version française du site de Rodrigo Rufino et Gisela Passi et profitez de votre visite pour les découvrir eux.
Et si vous le souhaitez, avant de vous rendre sur leur site, vous pouvez accéder au préalable à tous les articles que je leur ai consacrés sur ce blog, Barrio de Tango : il vous suffit pour cela de cliquer sur leur nom, dans le bloc Pour chercher, para buscar, to search, situé sous le titre de ce billet.
Dans la Colonne de droite du blog, dans la partie supérieure, vous disposez d’un certain nombre de raccourcis pour vous aider à élargir votre connaissance du tango d’hier et d’aujourd’hui : musiciens, écrivains, chanteurs, peintres, disques nouveaux, quartiers, grands événements.... Dans la rubrique Vecinos del Barrio, les raccourcis vous permettent de faire connaissance avec la bonne centaine d’artistes actuels sur lesquels j’ai déjà publié au moins 3 articles (et j’en ai écrits près de 1140 en tout pour l’heure). Il y a quelques jours, dans cette rubrique Vecinos del Barrio, j’ai même créé une section Les Danseurs. Vous y trouverez mes articles sur l’une des profs de Gisela, la Maestra Aurora Lubiz. C’est la danseuse qui figure, avec son partenaire Luciano Bastos, sur la couverture de Barrio de Tango, Recueil bilingue de tangos argentins (ed. du Jasmin), une couverture signée Jorge Muscia, un fileteador de grande renommée à Buenos Aires (section Les peintres).
(1) La moitié de la ville ne jurait alors que par Pugliese tandis que l’autre ne voulait entendre que D’Arienzo. Il y avait même des groupes de supporters (hinchas), comme pour les différentes équipes de foot de la ville, qui se distinguaient par un style vestimentaire particulier, un pour les garçon, un pour les filles. Ainsi, quand les deux musiciens se rendaient dans la milonga ou le club de barrio où ils devaient jouer ce soir-là, ils pouvaient reconnaître, dans la rue, à leur manière d’être habillés, les danseurs pour lesquels ils allaient jouer. Dans une interview, Osvaldo Pugliese a raconté quelques unes de ces rencontres fortuites dans la rue avec les admirateurs de sa musique. Il aimait bien le style vestimentaire qu’avaient choisi ses hinchas à lui... Dans Tiempos de tramvías, un tango récent que je présente dans mon livre Barrio de Tango (ed. du Jasmin, à paraître au printemps), Héctor Negro parle des barras a Pugliese, des bandes de fans de Pugliese, qu’il croisait lui aussi à tous les coins de rues lorsqu’il avait 20 ans. C’est à cela qu’il se réfère : les tenues grâces auxquelles ils s’identifiaient dans la rue...