jeudi 20 novembre 2008

Mardi dernier, Tangozando avait pour invité el Ponja Malevo [à l’affiche]



C’était le 18 novembre, à 21h (entrée 10 €), dans la rue Bartolomeo Mitre, au n° 1525 (Bartolomeo Mitre fut un président de la République au 19e siècle). J’étais prise aux Barytons. Peux pas être partout à la fois...

Tangozando est un sextuor típico, composé d’un violon, Maximiliano Zenarola, un bandonéon, Santiago Cirmi Obon, un piano, Ursula Leal Capria, une guitare, Alejandro Alustiza, une contrebasse, Pedro Ochoa et un chanteur, Leandro Tagliaferro.

Le 15 novembre, ils s’étaient déjà fait entendre (et applaudir, je suis sûre) à la Academia Nacional del Tango à 22h, au cours de la Noche de los Museos.

Au Bartolomeo Bar, ils avaient donc invité un chanteur académicien et plein d’autres titres divers et variés, qui arbore avec une visible fierté ce surnom de Ponja Malevo. El Ponja Malevo est par ailleurs, le jour, le très honorable Directeur du développement sur l’Asie du Sud-Est, associé d’un cabinet de consultants portègne de communication interculturelle (1) avec derrière lui des études et un début de pratique de... médecine dentaire.

Ce surnom incompréhensible pour des étrangers comme nous mélange le verlan et le lunfardo de base.
Malevo, ça veut dire "voyou", dans tous les sens du terme, du simple traîne-savate inoffensif mais mal élevé au vrai de vrai gangster issu du vrai de vrai milieu (hampa, en lunfardo). C’est un terme que vous trouvez partout dans les letras de tango.
Ponja, c’est "japonais" (je dis bien japonais, le gentilé), mais à l’envers (Japón : vous y êtes ?).
Comme son nom vous l'indique, José María Kokubu est d’ascendance japonaise, c'est pourquoi il parle le japonais. C'est donc très logiquement qu'il développe son activité commerciale d’analyste de communication interculturelle du côté de l’Empire du Soleil Levant... Encore un autre apport à la culture portègne, dont je n'ai pas encore traité ici : l'immigration japonaise. Elle a été forte après la Seconde Guerre Mondiale, mais existait déjà bien avant, comme le prouve, à Palermo, l'existence du Jardín Japonés dont j'ai mis une photo en tête de cet article et qui a été offert à la ville par la communauté japonaise à la fin du 19ème siècle...

Or donc Pepe Kokubu (vous suivez ? Pepe c’est le diminutif de José. María, c’est le second prénom : aux oubliettes !) était l’invité de nos six musiciens et vous pouvez les découvrir chacun sur sa page internet respective...

Tangozando, qui tire son nom d’un disque de Piazzolla, est présent sur My Space.

Pepe Kokubu a préféré s’installer sur l’espace Google où il s’est construit une page japonisante, comme de bien entendu. Dans l’article qu’il lui consacre, Todo Tango décrit par le menu la carrière tous azimuts de ce martien tanguero (médecin, consultant, romancier, chanteur, pianiste, producteur... Fermez le ban !). Maintenant vous allez m’écouter ça.
Belle voix, hein ?
Avec le culot renversant qui caractérise tout titi portègne qui se respecte (lequel, comme vous vous en doutez, en matière d’humilité, ne craint personne), il se présente lui-même comme le Gardel des Relations Publiques... Et quand on sait qu'il est natif de la Recoleta, le quartier le plus chic de Buenos Aires, avant que le vieux port soit retapé et devienne Puerto Madero, on goûte le sel de la blague et de la voix... Allez, on se le remet ...

(1) Imaginez un cabinet qui s’appellerait Cafetière Consulting ou Pilier-de-comptoir Consulting ~ Communication interculturelle. Je ne suis pas sûre que nous aurions assez d’humour, de ce côté-ci du Charco, pour que ça passe... (Le Charco, la Flaque d’eau).