Entre les Avenida Independencia et Caseros, la rue Defensa sera le cadre de la 3ème édition de la Llamada de Candombe de San Telmo, une fête du candombe portègne dans le quartier qui fut par excellence avec celui de Monserrat le quartier noir de Buenos Aires, notamment du temps de Juan Manuel de Rosas (1793-1877). Aux grandes fêtes religieuses, dont certaines étaient plus particulièrement populaires chez les noirs argentins, descendants d'esclaves et porteurs d'une culture religieuse assez syncrétique comme toujours à Saint Domingue ou au Brésil, cette partie-là de cette actuelle rue de Buenos Aires, très connue des touristes (c'est la rue piétonne de la Feria de San Telmo chaque dimanche), s'emplissait de gens en fête, jouant de la musique, principalement aux tambours, de l'aube jusque tard dans la nuit... C'était le candombe... Celui qui s'est perdu presque totalement à Buenos Aires et ne vit plus que comme une résurgence musicale forte, comme un retour du refoulé, mis en forme par Sebastián Piana le premier, dans les années 1930, après les premières présidences radicales qui renouaient avec l'identité sud-américaine et donc métissées de l'Argentine... Le candombe a aussi évolué en Uruguay mais il y est resté l'expression de cette exubérance collective et de rue, de grande fête...
La Llamada (appel) du 6 décembre sera en fait un spectacle qui rassemblera 25 comparsas (groupes constitués pour les défilés festifs traditionnels), venues de tout le pays et d'Uruguay, et 2000 musiciens. Il est organisé par Fortunato Lacámera, sous la houlette du Programme culturel dans les Quartiers, un programme de la Direction Générale de la Promotion culturelle du Ministère de la Culture portègne.
On cherchera en vain une quelconque spontanéïté dans cette manifestation, qui entend concurrencer les candombes de Montevideo (1). Le tout doit durer sept heures et s'étendre sur 8 cuadras (800 m). Chaque comparsa mettra une heure à accomplir le parcours. Et avec la chaleur qu'il fait en ce moment sur Buenos Aires, on allumera 4 feux pour le soin du son des tambours... Une vraie folie mais sans doute un grand succès touristique car il y aura beaucoup à voir : bannières, couleurs, costumes chatoyants, jonglages divers et variés...
Le même jour, Horacio Ferrer fait transformer une section similaire de la Avenida de Mayo en Gran Milonga Nacional. Cette milonga en plein air sur la plus belle et la plus prestigieuse avenue de Buenos Aires se sera sûrement plus authentique...
(1) et pourquoi donc, grand Dieu ! Pourquoi ne pas laisser à Montevideo ce qui appartient à Montevideo ? Buenos Aires, qui aspire à elle toute seule 90 % de toute activité culturelle au bas mot à 500 km à la ronde, n'a pas encore assez ?