Lundi dernier, la Revista del Abasto s’est fait écho de la Noche de los Museos qui avait eu lieu pendant le week-end. C’était la 4ème année que le Museo Casa Carlos Gardel, phare culturel du quartier et sa gloire tanguera, se joignait à cette manifestation festive (que je vous décrivais la semaine dernière et la semaine d’avant déjà). Le quartier de l’Abasto est resté au coeur de Buenos Aires un quartier populaire, dès que l'on quitte les abords immédiats de la avenida Corrientes et de la façade Corrientes du Centre commercial de l’Abasto. Ce bâtiment, que Carlos Gardel ne connut jamais, a longtemps abrité la halle aux fruits et légumes de Buenos Aires (on peut d’ailleurs encore lire à quelques endroits de la façade les indications de ce temps là : vente en gros au rez-de-chaussée, vente au détail monter à l’étage...). Le bâtiment lui-même a été construit en 1934, pour abriter ce gros marché de maraîchers qui s’était constitué sauvagement en 1893, l’année d’après l’arrivée de Carlos Gardel (2 ans et demi) et de sa maman dans la capitale argentine (en mars 1892). En 1988, le bâtiment a été désaffecté et il a été racheté par une grosse entreprise immobilière qui en a fait un centre commercial dénué de cachat à l'intérieur (à part un Mac Do... cachère pour tenir compte de la nombreuse communauté juive qui vit dans le secteur).
Ce coin de la ville se situe à la jonction des quartiers de Almagro et Balvanera au sud et La Recoleta et Palermo au nord. C’est sur son territoire que se trouvent outre le centre commercial, reconnaissable entre tous, la Esquina Carlos Gardel, sompteux cena-show ne fonctionnant qu’en soirée (et hors de prix), le pasaje Carlos Gardel (petite rue longeant la Esquina Carlos Gardel et ornée de la seule statue du Zorzal Criollo qui existe dans Buenos Aires... Elle n’est d’ailleurs pas très belle), le magasin de souvenirs qui lui fait face et où Elvio Gervasi dispose ses murales fileteados que tous les touristes du monde entier photographient puis dont ils inondent Internet, la boutique de chaussures artisanales de Loló Gérard (à peu près à l’angle avec Zelaya), une belle boutique à la devanture ornée d'une belle arabesque de fileteado : vous y trouverez les chaussures les plus solides et les plus confortables pour danser de toute la ville (ce n’est pas des blagues ! Il y a des maisons plus célèbres que celle-là à Buenos Aires, avec des chaussures plus prestigieuses et plus chères, mais elles ne vous aideront pas à danser mieux sans fatigue ni torture de vos pieds, Mesdames... Tandis que Loló Gerard, c’est du chausson et du chausson élégant avec ça !), la rue Zelaya dont malheureusement les pittoresques peintures murales représentant les partitions des grands succès de Gardel sont en train de disparaître... La rue Zelaya, du temps de Gardel c’était un coin à mauvais garçons, une de ces rues retirées, parallèles aux grands axes très passants mais pas trop loin d’eux non plus où ils pouvaient profiter de l’obscurité pour vaquer à leurs petits et gros trafics. Elle débouche pratiquement face au 735 rue Jean Jaurès, la maison de Carlos Gardel, aujourd’hui Museo Casa Carlos Gardel, aux alentours duquel vous admirerez les façades multicolores aux couleurs voyantes des maisons particulières entièrement ornées de somptueux fileteados, jusqu’au rideau de tôle qui ferme l’atelier de mécanique automobile mitoyen du Museo...
La revue utilise pour les sous-titres de son papier des titres de succès de Carlos Gardel :
Volver (Revenir, l’un des tout derniers tangos du duo Gardel y Le Pera écrit, composé et enregistré en 1935, quelques mois à peine avant leur mort) pour décrire en un petit paragraphe la parade d’une baudruche caricature de Carlitos, qui fut gonflée à l’Obélisque et se retrouva devant la maison de Gardel au terme d’une pérégrination dans tout le centre de la Buenos Aires,
Callecita de mi barrio (Ruelle de mon quartier, Alberto Laporte - Otelo Gasparini et Enrique Maroni) pour décrire la rue Jean Jaurés en cette nuit de fête printannière,
Viejo rincón (le vieux coin, Raúl de Los Hoyos et Roberto Lino Cayol) pour raconter l’intérieur de la maison-musée et le programme des visites guidées de la nuit,
Barrio Viejo pour des bribes d’interview avec Carola Sánchez, une charmante dame qui travaille au Musée (dirigé par Horacio Torres) et à qui est revenu l’honneur d’organiser cette Noche de los Museos dans ce sanctuaire de la mémoire gardélienne,
Guitarra, guitarra mía regroupe quatre prestations, celle de Tito Alonzo, le professeur de chant qui officie au Musée et donnait ce soir-là lui-même un récital, celle de Lucrecia Merico accompagnée par le guitariste Daniel Pérez (les deux étaient ensuite attendus au Musée argentin de la Marionnette, pour un spectacle musical avec Sarah Bianchi), celle de Gloria Díaz, une chanteuse plus très jeune, fidèle à un ancien tour de chant, Alma corazón y tango, et enfin celle de Cucuza et Moscato (Hernán Castiello et Maximiliano Luna). Le journaliste rapporte que Cucuza était venu en chaussures de foot (le foot et le tango sont ses deux passions, sûrement une tenue pour étrenner son premier show dans un lieu aussi prestigieux que celui-là...
Medianoche (minuit, Eduardo Méndez y Alberto Tavarozzi), c’est pour l’heure et cette heure fut celle du tango électronique de Tanghetto (bandonéon et travail de sample, il faut aimer).
Enfin, bien sûr, l’article se conclut par une despedida (un au-revoir) sous le titre d’Adiós Muchachos (de Julio César Sanders et Cesar Vedani ) sur l’ambiance qui régnait dans la rue à l’heure l’aube pointait déjà...
Ceux qui veulent lire cet article peuvent cliquer ici.
Ceux qui veulent découvrir la revue dans son ensemble cliqueront plutôt ici. (Elle vaut le coup d’oeil). Elle comporte en particulier en ce moment un article sur une manifestation de théâtre de rue qui parcourt tout le quartier, en marquant les haut-lieux culturels de son histoire (souvent en lien bien sûr avec Gardel) et que l’on peut suivre, le 22, 29 novembre et 6 décembre contra la modique contribution de 20 $. La promenade théâtrale commence à 17h à l’Hotel Abasto Plaza.