Les mails d’Alorsa, j’adore.
Les fidèles lecteurs de Barrio de Tango savent de qui je veux parler. Pour ceux qui débarquent, j’explique : Alorsa est le cantautor (comme on dit là-bas, auteur-compositeur-interpréte en français) du groupe La Guardia Hereje (la Garde Hérétique, par référence combinée aux deux groupes qui ont marqué les débuts du tango, la Guardia Vieja et la Guardia Nueva, et à l’oeuvre du poète Evaristo Carriego, dont un recueil s’intitule Misas herejes).
Ces mails d’Alorsa sont toujours particulièrement farfelus ("piola", dit-on en lunfardo) et ce sont des produits de terroir, travaillés avec soin et amour, comme un vigneron indépendant vous bichonne son cru à partir d’un raisin récolté à flanc de coteau d’un petit bled ("pago") alsacien... Et le terroir d’Alorsa, c’est la ville de La Plata, la capitale provinciale de la Province de Buenos Aires. Alors, en lisant ces mails, j’apprends des tas de trucs sur la vie locale et je me prends une indispensable dose de rire... C’est pour ça que j’aime bien de temps en temps prendre celui de vous les traduire, au moins partiellement... Voilà la dernière cuvée, à l’heure des vendanges en Argentine.
el 7 de marzo vuelve la magia ¡¡...
no es david coperfield ¡¡...
no es el mago luas ¡¡...
La Guardia Hereje abre el Tango Criollo Club en La Plata todos los sabados de marzo y estan invitados La Chicana, el Yotivenco y La Fernandez Fierroapertura :
sabado 7 de marzo
La Guardia Hereje
22 h
(Alorsa)
Le 7 mars, c’est le retour de la magie !
Ce n’est pas David Coperfield !
Ce n’est pas Luas le Magicien ! (1)
La Guardia Hereje ouvre le Tango Criollo Club, à La Plata, tous les samedis de mars et nous avons invité La Chicana, El Yotivenco et La Fernández Fierro (2).
(Traduction Denise Anne Clavilier)
*~*~*~*~*~*
lo pedís, lo tenés ¡¡¡ (pero si lo querés, pedilo ¡¡¡):
escribí a laguardiahereje@hotmail.com con asunto "disco de yapa" y recibiras el link para descargar un disco de TaNGOS Y OTRaS YERBaS en forma GRaTUITa, compacta, rapida y segura
naaa...que te via´cobrar ¡?
el cd en vivo lo podras conseguir en nuestros shows o en Jason de Pza Italia (La Plata) y seguramente pronto por correo a todo el pais, sino decidimos que se transforme en una reliquia anacronica e incunable
si, si, si...ya estamos preparando el proximo disco y otras sorpresas...
(Alorsa)
Tu le demandes, tu l’as ! (Mais si tu le veux, demande-le !)
Ecris à La Guardia Hereje avec en objet "Disco de Yapa" et tu recevras le lien pour télécharger un disque de Tangos et autres herbes (3) de manière gratuite, serrée, rapide et sûre.
Ta ta ta ta ta ! Qu’est-ce que tu me parles de payer !?
Le CD enregistré en public (4) tu pourras te le procurer à la sortie du spectacle ou à Jason, sur la Plaza Italia à La Plata, et pour sûr, très bientôt, par courrier dans tout le pays (4). A moins que nous ne décidions d’en faire un relique anachronique et incunable....
Eh bien si ! Nous sommes en ce moment en train de préparer le prochain disque et d’autres surprises...
(Traduction Denise Anne Clavilier)
*~*~*~*~*~*
Et il termine avec cette pique qui n’a rien à voir avec la choucroute (5) et qui m’a fait hurler de rire :
nos vamos 3 meses y ya hay un negro en el poder ¡¡ ...no se los puede dejar solos , che ¡
crisis, eran las de antes ¡
(Alorsa)
Alors, on tourne le dos trois mois, et ça y est : il y a un Noir (6) au pouvoir ! Mais on ne peut vraiment pas vous laisser seuls, vous !
Des crises, celles d’avant, oui, ça, c'en était !
(Traduction Denise Anne Clavilier)
Dans la Colonne de droite, voir les raccourcis de la partie haute : ils vous proposent des choix thématiques parmi les articles du blog : A l'affiche, les chanteurs, La Plata...
La partie centrale vous présente un petit lexique des expressions typiques de la région (Argentine-Uruguay).
Dans la partie basse, les liens extérieurs, notamment aux sites des artistes, dont La Guardia Hereje, l'OTFF....
(1) El mago Luas est une vedette locale de La Plata, un magicien qui a fait les belles heures des matinées enfantines et de diverses émissions de télévision sur la ville et à travers la Province. En illustration, je vous ai mis sa photo, telle qu’elle est parue dans un article que le quotidien La Plata lui a consacré le 24 juillet 2005. Alorsa adore rappeler ces détails qui informent notre mémoire la plus intime, la plus dérisoire aussi (dans Clase 70, il aligne des marques, des exploits sportifs, des vedettes de télé, des gadgets passés de mode aujourd’hui : c’est un vrai délice en même temps qu’un casse-tête chinois à traduire, parce que nos repères, à nous Européens, sont tout autres). L’autre photo, à côté, c’est Alorsa tel que je l’ai photographié en août, sur la scène de la Sala Osvaldo Pugliese, au CCC Floreal Gorini, abondamment noyée sous les ballons ("globitos"), parce que c’était les 5 ans de Fractura Expuesta... (Voir article du 5ème anniversaire).
(2) La Chicana, c’est le groupe d’Acho Estol (guitariste et compositeur) et de la chanteuse Dolores Sola dont je vous ai déjà parlé. El Yotivenco est un autre groupe, dont le chanteur vedette est un jeune premier de téléfilms très à la mode et qui chante du tango depuis quelques années, Rodrigo de la Serna (je vous en ai parlé aussi). La Fernández Fierro, c’est la Orquesta Típica Fernández Fierro ou OTFF, orchestre coopératif installé dans le quartier de l’Abasto à Buenos Aires où il a son propre centre culturel, le CAFF. Je vous en ai déjà souvent parlé. La Chicana et la OTFF ont déjà été invités au Tango Criollo Club.
(3) "otras yerbas" : le mate, la boisson de la convivialité par excellence en Argentine, en Uruguay et dans quelques autres pays de la zone, se prépare à partir d’une feuille séchée et hachée qu’on appelle yerba mate ("l’herbe à mate", le mate étant le nom du récipient dans lequel on prépare et on boit cette infusion. Le breuvage est excessivement amer et donc très éloigné des goûts auxquels nous sommes habitués, nous les Européens).
L'opération Disco de Yapa avait déjà bien marché au mois de décembre (voir l'article que je lui avais consacré un peu avant Noël).
(4) Alorsa fait ici allusion à un coffret auto-produit composé d’un CD et d’un DVD de 24 pistes chacun, qui reprennent deux shows enregistrés au Tango Criollo Club, un week-end, en public avec uniquement des morceaux de sa composition.
Ce coffret est disponible au Tango Criollo Club, à la librairie-disquerie Jason, à La Plata, ainsi qu’à la boutique du CCC Floreal Gorini à Buenos Aires.
Le disque à télécharger gratuitement a été enregistré en studio et reprend tous les morceaux musicaux du précédent, sans les récits sans musique qui ponctuent les spectacles, à savoir Te morfaste las facturas, Vuelve el Tango, El metejón, Al pan pan, La sonrisa del fasfud, Troyl, Petera et Tesperoaca (lire "Te espero aca", soit je t’attends). Comme c’est bien compliqué à La Plata de gérer des commandes et des paiements depuis la zone euro, pour nous, de ce côté-ci de l’Atlantique, nous devons nous contenter du disque gratuit ou prendre l’avion (Aerolineas depuis la plupart des capitales européennes, en direct ou via Madrid). L’adresse mail que je vous donne sous le lien dans l’article est la bonne. Vous pouvez donc écrire à Alorsa de ma part, il sera ravi de vous envoyer le lien (en espérant que votre configuration vous permettra de décompresser le dossier que vous récupérerez ainsi).
(5) "N’avoir rien à voir avec la choucroute" (francés popular hace solamente unos años) : nada que ver con el resto.
(6) Ici, Alorsa joue à fond sur tous les emplois de l’adjectif "negro". Vous pouvez lire au premier degré, c’est alors un propos raciste, gras et crétin au possible (il faudrait presque alors traduire par nègre ou par negro). Vous pouvez aussi, un degré en dessous, entendre "negro" comme une insulte très méprisante, sans aucun lien avec la couleur de la peau (crétin, abruti...). "Negro" peut aussi être utilisé à contrepied, comme en français on peut traiter de "pauvre idiot", de "petit crétin" ou d’"espèce d’abruti" quelqu’un devant qui on fond de tendresse, avec une très légère nuance moqueuse. C’est aussi un terme qui désigne les classes sociales les plus défavorisées, "les petits, les obscurs, les sans-grade". Et c’est enfin un authentique et puissant terme d’affection, qui exprime l’amitié, voire une admiration liée à un soupçon de familiarité (el negro Juárez, surnom du chanteur et compositeur Rubén Juárez) et dans un couple l’amoureux le plus fleur bleue (negro, negrito, negra, negrita).
Ceci une fois dit pour nourrir ma rubrique Jactance & Pinta qui mourrait de faim, pas besoin d’être grand sorcier pour comprendre que le propos d’Alorsa est en fait sans aucune ambiguïté. Cette exclamation sonne comme un cri d’enthousiasme pour la prise de fonction d’Obama. Et c’est une des grandes forces de son écriture que de pouvoir jouer ainsi de l’ambiguïté de cette langue orale sans que jamais l’auditeur ou le lecteur (pour autant qu’il ait un minimum de sensibilité au second degré) puisse douter du sens très précis de ce qu’il dit et de ce qu’il pense. Alorsa trouve que j’exagère quand je dis cela mais c’est un très grand poète.
(5) "N’avoir rien à voir avec la choucroute" (francés popular hace solamente unos años) : nada que ver con el resto.
(6) Ici, Alorsa joue à fond sur tous les emplois de l’adjectif "negro". Vous pouvez lire au premier degré, c’est alors un propos raciste, gras et crétin au possible (il faudrait presque alors traduire par nègre ou par negro). Vous pouvez aussi, un degré en dessous, entendre "negro" comme une insulte très méprisante, sans aucun lien avec la couleur de la peau (crétin, abruti...). "Negro" peut aussi être utilisé à contrepied, comme en français on peut traiter de "pauvre idiot", de "petit crétin" ou d’"espèce d’abruti" quelqu’un devant qui on fond de tendresse, avec une très légère nuance moqueuse. C’est aussi un terme qui désigne les classes sociales les plus défavorisées, "les petits, les obscurs, les sans-grade". Et c’est enfin un authentique et puissant terme d’affection, qui exprime l’amitié, voire une admiration liée à un soupçon de familiarité (el negro Juárez, surnom du chanteur et compositeur Rubén Juárez) et dans un couple l’amoureux le plus fleur bleue (negro, negrito, negra, negrita).
Ceci une fois dit pour nourrir ma rubrique Jactance & Pinta qui mourrait de faim, pas besoin d’être grand sorcier pour comprendre que le propos d’Alorsa est en fait sans aucune ambiguïté. Cette exclamation sonne comme un cri d’enthousiasme pour la prise de fonction d’Obama. Et c’est une des grandes forces de son écriture que de pouvoir jouer ainsi de l’ambiguïté de cette langue orale sans que jamais l’auditeur ou le lecteur (pour autant qu’il ait un minimum de sensibilité au second degré) puisse douter du sens très précis de ce qu’il dit et de ce qu’il pense. Alorsa trouve que j’exagère quand je dis cela mais c’est un très grand poète.