Claudia Levy est une chanteuse et une pianiste. Elle compose et écrit la majeure partie de son répertoire, auquel elle a aussi inscrit plusieurs grands classiques comme Muñeca brava, Niebla del Riachuelo ou Malevaje.
Elle reprend à son compte et revivifie une tradition théâtrale d’humour portègne, tantôt burlesque, tantôt grinçant, que l’on découvre dans un répertoire des années 20 et 30 qui a été peu à peu marginalisé par l’industrie du tango (le disque notamment, et le tourisme), la grande époque du sainete, ce théâtre typiquement rioplatense qui mettait en scène la vie quotidienne des immigrants faisant des pieds et des mains pour s’en sortir, pour se nourrir et nourrir leur famille, au milieu de toutes les difficultés qu’ils pouvaient rencontrer dans leur nouvelle vie et croquait les personnages typiques des faubourgs des grandes villes. Le sainete lui-même, théâtre bon marché (1 heure, 1 peso) a tout à fait disparu à la fin des années 30 et il est surtout resté dans l’univers du tango la tristesse, la mélancolie, le découragement...
Claudia Levy appartient à une nouvelle génération de créatrices du tango (comme Verónica Bellini, la pianiste de China cruel ou Carla Pugliese). Ces artistes, qui affirment leur identité féminine à travers leur travail, développent un tango lucide et critique, mais aussi tendre et espiègle, un tango jamais futile mais qui ne s’interdit pas non plus la légèreté, un tango dans la tradition des origines mais repris à leur compte par des femmes, alors que le tango était aux origines et resta longtemps essentiellement des regards, des voix, des ressentis masculins (Contursi, Cadícamo, Discépolo, Bardi, Cobián, Flores, Gardel...), pour la simple et bonne raison que la société comptait alors beaucoup plus d’hommes que de femmes.
Claudia Levy aborde des thèmes d’aujourd’hui (la drague, le culte du paraître, la recherche du profit, la frivolité) tout en mélangeant cela aux vieilles figures imposées héritées du passé : la cuite, la séduction, l’amour non partagé, le rêve de faire fortune... Et elle chante cela elle-même en s’accompagnant au piano, avec un vrai jeu d’actrice (il faut le faire, avec les deux mains sur le clavier), avec force suspensions et clins d’oeil au public qui ne se fait guère prier pour rire de tout son coeur.
Elle a déjà édité deux disques et vous pouvez la découvrir sur son site, par vraiment à jour (1). Rendez-vous sur la colonne de droite. Dans la partie basse, vous trouverez la rubrique Grillons, zorzales et autres cigales. Claudia Levy a aussi une page My space, à laquelle vous accédez depuis son site (sur le site, vous avez le contenu de Escuchame 1 segundo, son deuxième disque ; sur My space, vous pouvez l’écouter chanter quelques morceaux en MP3, non téléchargeables).
Elle se produit donc dans le cadre des Bailes de carnaval (vieille coutume estivale portègne : les bals du carnaval) le samedi 14 février en toute fin de soirée. Il s’agit des bailes de carnaval du Centro Cultural Resurgimiento, rue Artigas 2226, dans le quartier de La Paternal. Ces soirées auront lieu tout au long du carnaval de Buenos Aires, les samedis 14, 21 et 21 février. Elle commence à 20h avec un cours de tango.
Ce samedi, le cours sera délivré par Silvia Leone et sera suivi d’une animation à la charge de la Murga Garufa de Constitución, que je viens de présenter à l’occasion de sa prestation au Centro Cultural de la Cooperación, la semaine dernière, voir article sous ce lien. Claudia interviendra vers minuit en fin de soirée... Si par hasard, vous êtes à Buenos Aires en ce moment, ne ratez pas ça...
Claudia Levy avait aussi participé, en août dernier, pendant le 10ème festival de tango de Buenos Aires, à une soirée poésie à la Academia Nacional del Tango où j’avais eu la chance de la voir sur scène. Chacun des 10 auteurs participant ne pouvait présenter que deux morceaux. Je me souviens encore de son peps et de la présentation farfelue que Walter Piazza, le Secrétaire de la Academia, avait choisi de lui servir...
Lire l’article sur cette soirée académique sous ce lien.
En colonne de droite, partie supérieure, vous disposez des raccourcis vers tous mes articles (y compris celui-ci) sur les spectacles A l’affiche à Buenos Aires ainsi que dans quelques villes de la région (La Plata, Mar del Plata, Montevideo...), vers les articles que j’ai consacrés aux musiciens, aux poètes, aux chanteurs de là-bas et à tout ce qui touche le tango danse (bals, cours, danse dans la rue, que ce soit là-bas ou "ici", sur la côte européenne de l’Atlantique).
(1) Cela fait je ne sais pas combien de mois que son site persiste à la croire en tournée en Finlande et en Allemagne. Pourtant ça fait un petit bout de temps qu’elle est revenue à la maison...