C’est la conséquence, comme toujours excessive, de l’effondrement d’un bar le week-end dernier à Parlermo : le Gouvernement de la Ville Autonome de Buenos Aires vient de suspendre sine die toutes les autorisations spéciales d’organiser des spectacles dans des locaux privés, ce qui vient d’entraîner l’annulation de concerts dans un lieu aussi emblématique que la Ciudad Cultural Konex dans le quartier de l’Abasto et vous oblige à prendre avec beaucoup de réserve les informations que je pourrais continuer à vous donner sur de tels spectacles dans les colonnes de ce blog…
Il y a plusieurs années, le 30 décembre 2004, la tragédie de la discothèque República Cromañon avait produit le même type de décision. Il faut dire que l’incendie avait fait 193 morts et près de 1 500 blessés parce que les patrons du lieu en avaient condamné les issues de secours. Dès le lendemain, le Gouvernement portègne de l’époque, celui du péroniste Aníbal Ibarra, avait procédé à la fermeture de toutes les discothèques et de toutes les milongas de la ville pendant tout le mois de janvier 2005 (en haute saison touristique), sous prétexte de vérifier partout le respect des normes, ce qui ne fut pas fait avec autant de rigueur que les grands discours politiques le laissaient espérer. Ibarra avait été destitué dans les mois qui avaient suivi.
Le procès de la tragédie s’est achevé, il y a un an, par trois lourdes peines de prison. Mais il y a quelques semaines, comme pour mettre une nouvelle fois en lumière l’irresponsabilité indécrottable des acteurs du drame, la femme d’un des musiciens du groupe de rock, auteur collectif par imprudence (mais pourtant acquitté) de l’incendie à cause des feux de bengale qu’ils avaient allumés sur scène, décédait à l’hôpital, brûlée vive pendant une dispute conjugale (l’enquête n’est toujours pas vraiment close quant à la responsabilité du rockeur dans l’accident, puisque les deux époux étaient ivres au moment des faits). Vous voyez un peu le tableau…
La mort, dans la nuit de vendredi à samedi dernier, de deux jeunes filles, écrasées par la chute du premier étage du bar Beara et des 300 spectateurs qui s’y entassaient (voir mon article du 11 septembre 2010 au sujet de ce fait divers), vient donc de pousser le Gouvernement à imiter son prédécesseur malheureux. Mais ce nouvel accident a alerté l’opposition à la Legislatura, qui soupçonne l’existence d’une forte corruption au sein de la Direction des Habilitations et des Permis dépendant du Gouvernement portègne. Forte corruption dont j’ai moi-même distinctement entendu parler, et ce pour des sommes astronomiques, autour du scandale qu’a été en juillet le retrait de l’habilitation du Bar El Faro, pourtant inscrit en février de cette année sur la liste des Bares Notables de la Ville (voir mon article du 11 février 2010), précisément en raison du travail de promotion culturelle qu’il réalise à travers les concerts ETvaB, El Tango vuelve al Barrio, animés par Hernán Cucuza Castiello, double prix Hugo Del Carril, comme chanteur et comme compositeur. Quelqu’un m’a même dit qu’il croyait savoir que le patron avait été soumis à un véritable racket de la part de quelques ripoux de ce service. Comme toujours dans ces cas-là, la rumeur peut créer des pratiques délictueuses là où elles n’existent pas, il faut donc la prendre avec précaution mais l’accès de colère de l’opposition portègne, qui a tout intérêt, il est vrai, à décrédibiliser Mauricio Macri, semble apporter beaucoup d’eau à ce moulin-là… Et la manière dont le Festival a été géré (voir mon article du 11 septembre 2010 sur ce sujet) va dans le même sens.
Et aussi l’exaspération des lycéens qui, depuis plusieurs années maintenant, font régulièrement grève, notamment au Colegio Nacional, à Monserrat, parce que le plafond des classes de ce bâtiment historique leur tombe régulièrement sur la tête faute de travaux de maintenance et que les radiateurs ne fonctionnent pas en hiver, faute de combustible.
Ça ne fait pas un peu beaucoup, tout ça ?
Pour aller plus loin :
Lire l’article de Página/12 de ce jour (15 septembre 2010)