Décidément, les scandales de toute sorte se multiplient sous la présente gouvernance de la ville autonome de Buenos Aires. Début août, un gymnase s'était effondré au coeur du quartier résidentiel de Villa Urquiza, à quelques mètres du Teatro del 25 de Mayo. Survenu dans l'après-midi, l'accident a coûté la vie à 3 personnes.
Cette nuit, c'est un bar du quartier chic de Palermo dont le premier étage s'est effondré sur le rez-de-chaussé. Il y a deux morts et 25 blessés.
Dans ces accidents mortels et d'une gravité exceptionnelle, ce qui semble en cause, c'est le manque flagrant de respect des normes de sécurité dans le processus de construction ou dans l'usage qui est fait des locaux existants. Hier soir, il y avait environ 300 personnes au premier étage, selon le chanteur qui s'y produisait, beaucoup trop pour ce que la structure du bâtiment pouvait supporter.
A Villa Urquiza, c'est l'ingénieur responsable des travaux conduits sur le terrain limitrophe du gymnase qui a été mis en cause et inculpé. En fait, il est fort probable qu'il est le lampiste de l'affaire. Le manque de respect des règles techniques, qui ont fragilisé de nombreux bâtiments de la zone des travaux, au point d'en détruire un, est essentiellement le fait de la société de promotion immobilière, commanditaire des travaux.
A Parlermo, le Gouvernement de la Ville de Buenos Aires vient d'accuser les patrons du bar qui utilisaient leur établissement pour des concerts alors qu'ils n'avaient pas l'habilitation requise. Mais enfin, qui fait qu'il a de moins en moins de lieux dans Buenos Aires où les artistes puissent se produire ? Qui fait que les artistes vont de bar en café et en restaurant à la recherche de lieux où ils peuvent jouer, chanter, voire danser ? Ce n'est pas les cafetiers ni les restaurateurs, c'est bien la politique culturelle menée par ce Gouvernement.
Cet hiver, en juillet, le Bar El Faro s'est vu interdire d'organiser des concerts. Quatre mois après son inscription sur la liste de Bares Notables, qui doivent cette distinction à leur rôle culturel dans la Ville. Personne ne comprend pourquoi. Le lieu a trois portes de sortie et est de plain-pied. Mais en écoutant les commentaires qui se faisaient sur cette décision qui paraît absurde à tous, j'ai entendu des rumeurs de corruption dont je ne peux savoir quelle part de vérité elles contiennent (si elles en contiennent une). Le plus grave, en l'état, est qu'elles soient si vraisemblables...
Il y a quelques mois, s'est achevé à Buenos Aires le procès de la tragédie de Cromañón, une boîte de nuit dont les issues de secours avaient été condamnées pour éviter les resquilles et où plusieurs dizaines de jeunes gens ont trouvé la mort lorsque les feux de bengale allumés par le groupe de rock, passablement inconscient, qui jouait ce soir-là, ont déclenché un incendie épouvantable. Un affreux fait divers dont on a eu des échos jusqu'en Europe et qui a provoqué la destitution du Chef du Gouvernement de la Ville autonome de Buenos Aires de l'époque, Ibarra. C'est à nouveau le même type d'anomalie qui aboutit encore une fois à mort d'homme, en l'occurrence deux jeunes filles, de 21 et 20 ans respectivement.
Mauricio Macri, actuellement en tournée politique dans les capitales européennes et lui-même pris dans un nombre considérable de scandales politiques de tous ordres depuis plus d'un an, a despuis Rome envoyé ses condoléances aux familles. Par Twitter. On n'arrête pas le progrès. La désinvolture non plus.
Pour en savoir plus :
lire l'article de Clarín (qui est lui-même actuellement au coeur d'un autre scandale, puisqu'il semblerait que le groupe de presse ait profité indûment des bontés de la Junte militaire de 76-83 pour acquérir des positions monopolistiques au détriment d'un industriel, mort dans des circonstances suspectes)
lire l'article de La Nación.
Ce quotidien de droite soutient d'ordinaire le Gouvernement de Buenos Aires et la politique de Macri. Mais aujourd'hui, il multiplie les articles hostiles allant même jusqu'à faire écho aux accusations particulièrement graves du Sous-Secrétaire d'Etat national aux Travaux publics (donc un ministre de gauche) qui dénonce l'irresponsabilité de Macri (voir l'article).