Un grand procès s'est ouvert hier à Comodoro Py, en Argentine, contre huit accusés, parmi lesquels les anciens dictateurs Bignone et Videla, déjà condamnés à la prison à vie pour d'autres crimes qu'ils ont commis ou fait commettre pendant les années de plomb (1976-1983).
Ils sont accusés d'avoir fait disparaître ou adopter sous des identités falsifiées trente-quatre enfants nés en captivité, fils et filles de militantes politiques arbitrairement séquestrées et qui ont dû accoucher dans des des centres de détention et de torture clandestins. Ils auraient dû être plus nombreux dans le box, mais deux des accusés sont déjà morts, en particulier Massera, l'ex-amiral décédé tranquillement dans un hôpital militaire il y a quelques mois (voir mon article du 9 novembre 2010 à ce sujet). Bien entendu, pour les deux hommes décédés, l'action publique est éteinte, comme dans n'importe quelle démocratie au monde.
Ce procès s'est enclenché il y a 15 ans, sur une plainte déposée le 30 décembre 1996 par deux militantes de l'association Abuelas de Plaza de Mayo (les Grands-mères de la Place de Mai), qui recherche les 300 à 500 bébés et autres enfants en bas-âge qui furent arrachés à leurs familles légitimes par ce régime anticonstitutionnel.
Pour l'histoire, le procès est filmé par l'INCAA, l'institut national argentin du cinéma et de l'audiovisuel.
Le procès durera 8 mois. Sont attendus à la barre pas moins de 370 témoins. C'est toute une organisation systématique montée pour détruire les familles d'opposants qui devrait être mise à jour par ces audiences jusqu'à la fin de l'année.
A ce jour, Abuelas de Plaza de Mayo a permis d'identifier 102 personnes victimes de ce type d'enlèvement politico-crapuleux.
Pour en savoir plus, cliquez sur les mots-clés Abuelas ou JDH (Justice et droits de l'homme) dans le bloc Pour chercher, para buscar, to search, ci-dessus. Vous accéderez ainsi à l'ensemble des articles de Barrio de Tango (donc en français) qui portent sur ces sujets douloureux de la mémoire récente en Argentine.
Pour aller plus loin :
lire l'article de Página/12 qui a fait de cette information le sujet de sa une
lire l'article de Clarín, qu'il fallait chercher pour le trouver ce matin sur le site du quotidien
Sur le plan artistique, cette tragédie politique et humaine inspire un certain nombre de poètes et de musiciens en Argentine, en passeurs de sens qu'ils sont pour mettre en mots et en notes tout ce qui se passe et s'est passé dans le pays.
Dans Deux cents ans après, le Bicentenaire de l'Argentine à travers le patrimoine littéraire du tango, paru le 26 janvier 2011 chez Tarabuste Editions, j'ai présenté et traduit trois tangos sur ce sujet : Elogio de la duda (éloge du doute), de Raimundo Rosales, page 53 (musique de Tato Finocchi), Soy (Je suis ou C'est moi) de Marcela Bublik, page 107 (musique de Raúl Garello, au terme du concours Letra para la Identidad, organisé par Abuelas, en 2004) et Pompeya no olvida (Pompeya n'oublie pas), de Alejandro Szwarcman, page 118 (musique de Javier González, enregistré en 1998, par Javier et sa femme, la chanteuse Patricia Barone, dans l'album homonyme (disponible à la vente sur la boutique en ligne du disquaire argentin Zivals, Tangostore, voir en Colonne de droite, partie inférieure).
Sur le plan artistique, cette tragédie politique et humaine inspire un certain nombre de poètes et de musiciens en Argentine, en passeurs de sens qu'ils sont pour mettre en mots et en notes tout ce qui se passe et s'est passé dans le pays.
Dans Deux cents ans après, le Bicentenaire de l'Argentine à travers le patrimoine littéraire du tango, paru le 26 janvier 2011 chez Tarabuste Editions, j'ai présenté et traduit trois tangos sur ce sujet : Elogio de la duda (éloge du doute), de Raimundo Rosales, page 53 (musique de Tato Finocchi), Soy (Je suis ou C'est moi) de Marcela Bublik, page 107 (musique de Raúl Garello, au terme du concours Letra para la Identidad, organisé par Abuelas, en 2004) et Pompeya no olvida (Pompeya n'oublie pas), de Alejandro Szwarcman, page 118 (musique de Javier González, enregistré en 1998, par Javier et sa femme, la chanteuse Patricia Barone, dans l'album homonyme (disponible à la vente sur la boutique en ligne du disquaire argentin Zivals, Tangostore, voir en Colonne de droite, partie inférieure).