Demain, l'Argentine célèbre le Jour de la Mémoire, de la Vérité et de la Justice (Día de la Memoria, Verdad y Justicia), au jour anniversaire du pire accident de son histoire en terme de droits de l'homme, le coup d'Etat mené par Jorge Videla, alors chef d'Etat-Major, pour renverser Isabel Perón et établir la dictature la plus terrible qu'ait connu ce pays tout au long de son histoire. Ce sera le 35ème anniversaire de cette catastrophe.
A cette occasion, demain, le quotidien de gauche Página/12 publiera la réédition en deux tomes d'une histoire des Mères de la Place de Mai (Madres de Plaza de Mayo), ces femmes qui se ressemblèrent très tôt, dès le mois d'avril 1977, pour réclamer à la Junte des informations sur leurs enfants disparus, des militants des droits de l'homme et/ou des militants nationalistes, qui luttaient contre ce régime qui livrait le pays pieds et poings liés aux intérêts économiques et stratégiques des Etats-Unis. Elles transformèrent en lutte collective ce qui n'était au départ que des inquiétudes privées et familiales et ont, ce faisant, été un puissant facteur de déstabilisation du régime. Partout dans le monde, on les connaissait et les démocraties soutenaient leur mouvement, né pour dénoncer auprès de l'ONU les violations de la Déclaration universelle des droits de l'homme dont l'Argentine est signataire.
Le premier tome sort demain, au prix de 34 $. Le second paraîtra le 3 avril.
Le premier volume s'intitule La rebelión de las Madres (1976-1983). C'est l'oeuvre de l'historien Ulises Gorini. Il paraîtra accompagné d'une préface de Osvaldo Bayer, l'un des plus prestigieux histoiriens argentins (franchement de gauche et nationaliste, les deux notions étant liées en Argentine alors qu'elles sont devenues antinomiques en Europe).
Le second volume s'intitule La otra lucha et porte sur la période de la difficile instauration de la démocratie et la phase des premiers procès, 1983-1986, procès auxquels il fut vite mis fin par le défunt président Raúl Alfonsin (voir mes articles le concernant dans ce blog), comme en Europe à la fin de la seconde guerre mondiale, on arrêta assez vite les opérations d'épuration. Il fallait bien que le pays reprenne sa vie, tout en conservant ses élites administratives (juges, officiers de police et de l'Armée).
L'annonce de cette réédition est l'occasion pour Página/12 de publier une interview de Ulises Gorini sur ce travail ancien.
Pour aller plus loin :