Les lecteurs de ce blog qui le lisent régulièrement depuis au moins le mois d'octobre se souviennent sans doute de ce très jeune militant ouvriériste, Mariano Esteban Ferreyra, qui mourut pendant une manifestation de cheminots externalisés dans le quartier de Barracas à la suite de violences venant des forces de l'ordre, officielles ou privées, déployées pour empêcher la manifestation de dégénérer, voire de se tenir (consulter à ce propos mes articles sur ce drame et ses conséquences politiques et judiciaires).
Une enquête avait été aussitôt diligentée par la Justice, dont la famille de la victime se disait satisfaite, et il semble bien que le présent Gouvernement argentin s'emploie à tirer toutes les conséquences de cette enquête et de celle qui, en décembre, a suivi les émeutes qui se sont produites dans le quartier de Villa Soldati (voir mes articles sur les émeutes de Villa Soldati). Les deux événements mettaient en effet en cause les dirigeants des polices, fédérale ou locale.
C'est ainsi que la toute nouvelle Ministre de la Sécurité, nommée à la fin des troubles de Villa Soldati, vient de mettre en disponibilité le Superintendant (1) de la Police Fédérale, qui était à la tête des 53 districts de la capitale argentine.
La Ministre reproche à Hugo Lompizano des agissements des plus suspects dans la mort violente de Mariano Ferreyra, notamment la disparition de plusieurs minutes de vidéo de surveillance, précisémment celles pendant lequel le jeune homme a été atteint par balle, des appels reçus et donnés depuis son portable à des personnes mêlées à un trafic de prostitution dans les quartiers de Recoleta et de Flores alors que les hommes déployés sur place ne voyaient jamais rien de suspect dans ces deux coins.
On imagine que les sanctions ne vont pas s'arrêter là et on s'attend à un vrai jeu de chaises musicales dans la direction de la Police et les 53 commissariats qui veillent sur la sécurité des Portègnes. Il semblerait donc que le présent gouvernement soit bien déterminé à faire cesser les scandales ou en tout cas un certain nombre d'entre eux, comme la corruption de la police et le travail au noir, qui affecterait d'après l'INDEC encore un tiers des travailleurs (on l'estimait à 40%, il n'y a encore que quelques mois). En tout cas, on s'en prend là aux hauts fonctionnaires et non pas aux lampistes de service, comme à l'ordinaire en Argentine. Un pas supplémentaire vers l'implantation d'une démocratie de plus en plus digne de ce nom, après tant et tant d'années de dictatures et de magouilles en tout genre ?
Pour en savoir plus :
lire l'article de Clarín
(1) C'est l'histoire qui veut ça. L'organisation fédérale de l'Argentine date de 1853, date à laquelle un gouvernement libéral prenait en tout exemple sur l'Angleterre victorienne et sur les Etats-Unis. Ainsi est-ce le titre britannique de Superintendant qui est utilisé pour la Police et le modèle des Etats-Unis qui l'est pour l'organisation du Gouvernement, avec Président et Vice-Président, Sénat et Chambre des Députés rassemblés dans un même bâtiment qui ressemble furieusement au Congrès de Washington...