lundi 21 mars 2011

Rendez-vous littéraire Tangos d'hier et d'aujourd'hui : programme du 26 mars 2011 [ici]

Samedi 26 mars 2011, à 18h, nouveau Rendez-vous littéraire Tangos d'hier et d'aujourd'hui, à l'Académie Esprit Tango, 3 rue des Vignoles, 75020 Paris (M° Avron), au 1er étage (escalier à droite dans la cour).

Au programme de ce Rendez-vous :
Yuyo verde, de Homero Expósito et Domingo Federico (musique), que nous n'avons pas eu le temps de regarder samedi dernier (1)
et, si nos échanges sur Yuyo verde nous en laissent le temps (2), Trenzas, du même Homero Expósito et du compositeur Armando Pontier (qui fut aussi un admirable chef d'orchestre, qui a laissé sa trace dans l'histoire du genre) - ci-contre la couverture de la partition, extraite du site Internet argentin Todo Tango (voir la rubrique Les Institutions, dans la partie inférieure de la Colonne de droite).

Pourquoi ces deux classiques ? Depuis le début de ces rencontres littéraires, nous nous penchons sur le thème de l'amour et la variété de ses déclinaisons, selon la personnalité des poètes et en fonction de l'histoire, l'histoire du tango mais aussi celle de la société portègne, dont le répertoire du tango est un très fidèle reflet. Après le thème de l'amour malheureux parce qu'ELLE est partie (Mi noche triste), parce que l'amour est mort entre eux deux (Toda mi vida, Como dos extraños), parce qu'il s'agit d'un amour impossible (Fuimos, qui nous a ouvert l'univers de Homero Manzi) (3), ou parce qu'à la manière romantique, la mort (la tuberculose faisait des ravages) y a mis un point final (Milonga triste).

Tous ces morceaux s'enchaînent donc les uns aux autres grâce à des liens que je choisis pour leur cohérence culturelle et que nous explorons ensemble : Mi noche triste est le père (ou la mère) de tous les tangos chantés, il a été écrit par Pascual Contursi en 1916. Son fils, José María Contursi, une génération plus tard, écrivit Toda mi vida et Como dos extraños. Lors de la troisième rencontre, nous nous sommes penchés sur Fuimos, avec une première approche de Homero Manzi et l'influence des surréalistes, notamment français, sur les écrivains de tango de la première moitié du 20ème siècle. Samedi, dans cette très sobre et très puissante Milonga triste, nous avons vu apparaître ce signe secondaire de féminité que sont, dans l'univers du tango, les tresses (trenzas) des jeunes filles et des femmes de la classe ouvrière, celles que l'on peut épouser (trenzas negras s'opposant au pelo corto y rubio des dames légères ou de petite vertu qui se sont haussées au-dessus de leur condition sociale en vendant leurs charmes à de riches protecteurs ou s'apprêtent à le faire). Dans Milonga triste, on a vu que ces tresses, noires et même parfois imprudemment défaites, avaient une puissance sensuelle digne de Baudelaire. On les retrouvera dans Yuyo verde, qui traite encore de la tragédie de l'amour entravé par la mort, mais avec ces métaphores que la fréquentation assidue des surréalistes français ont insufflés aux vers de Homero Expósito, un Argentin polyglotte qui les lisait dans le texte.

Si le temps nous le permet, nous retrouverons les tresses et l'ombre des surréalistes dans Trenzas, et pour cause. Avec Trenzas, nous aborderons pour la première fois et sur la pointe des pieds les rives de la poésie érotique. D'une manière des plus pudiques (pensez donc, nous remonterons le temps jusqu'en 1945 !). Il faudra encore attendre six ans pour que le thème ose paraître au jour et presque trente ans pour qu'un poète aussi inspiré que Horacio Ferrer ose créer une vraie thématique dans ce domaine. Des poètes de la génération suivante, comme Raimundo Rosales ou Alejandro Szwarcman (5), ont poursuivi sur cette voie et ce sera ce que l'on verra dans les séances suivantes pour clore notre première approche du thème amoureux, dont ainsi nous n'aurons pas encore fini l'exploration, ce qui nous laissera encore beaucoup de matière pour la rentrée de septembre.

Avec Yuyo verde et Trenzas, nous continuerons de découvrir des chanteurs, qui firent et font vivre et évoluer la tradition de l'interprétation du tango et ce sera notre première excursion dans le répertoire de la Orquesta de las Estrellas...

Pour participer, il est indispensable de vous inscrire à l'avance par mail sur dactango@hotmail.fr (4). Vous pouvez le faire dès à présent. La raison en est très simple et tombe sous le sens : j'ai besoin de savoir, entre autres choses, combien de documents je dois imprimer et je veux pouvoir vous avertir s'il y a un changement de programme (cela peut arriver).
Participation : 15 € par personne.

S'il est indispensable de s'inscrire, il ne l'est pas de parler espagnol (les textes sont vus en version bilingue, traduits par mes soins), ni de savoir lire la musique, ni de savoir chanter, encore moins de savoir danser. Les textes sont lus en version bilingue, traduits par mes soins. Et ces ateliers, qui donnent un supplément d'âme aux danseurs qui veulent bien y participer, sont ouverts aussi aux non danseurs, aux personnes à l'esprit curieux et ouvert qui n'auront jamais le goût ni l'envie de se lancer sur une piste de danse. De nos différences, les rencontres et les échanges s'enrichissent.

Pour en savoir plus sur les rencontres littéraires et leur programme, cliquez sur CLT dans le bloc Pour chercher, para buscar, to search, ci-dessus.
Pour en savoir plus sur l'Académie Esprit Tango, cliquez sur le sigle AET dans le même bloc Pour chercher ou visitez leur site que vous trouverez dans la rubrique Eh bien dansez maintenant, dans la partie basse de la Colonne de droite.
Pour en savoir plus sur les Rendez-vous littéraires Tangos d'hier et d'aujourd'hui, cliquez sur le mot-clé RVL.
Pour en savoir plus sur l'ensemble de mes activités, cliquez sur le sigle ABT.

(1) Yuyo verde fait partie du corpus de letras que j'ai traduites dans Barrio de Tango, recueil bilingue de tangos argentins, ed. du Jasmin, mai 2010, p. 253.
(2) Samedi, nous avons eu une discussion sur le contenu et les modalités de ces rencontres : doivent-elles s'étendre sur une heure et demie plutôt qu'une seule heure comme c'est le cas actuellement et dois-je couper systématiquement l'heure en deux, 30 mn pour chaque morceau, ou laisser libre cours à nos échanges. Le groupe s'est mis d'accord que mieux valait rester sur la durée d'une heure pour le moment et il a reconnu que les échanges étaient essentiels, que c'était eux qui permettaient l'appropriation des morceaux, ce qui permet par la suite de les indentifier et de mieux les apprécier lorsqu'on les entend lors d'un récital ou sur disque, à la radio (La 2 x 4, Radio CAFF, les podcasts de Fractura Expuesta ou celle de la chronique de Jean-Louis Mingalon sur France Musique, voir le raccourci Radio dans la rubrique Tangoscope, en Colonne de droite), dans un cours de tango, une pratique ou une milonga. En plus, les échanges au fur et à mesure que les rencontres existeront aideront à créer du lien entre nous, une certaine convivialité, un certain luxe dont le Parisien de base manque un peu à l'heure actuelle. C'est pourquoi je continuerai à annoncer deux morceaux, tout en sachant qu'on n'en traitera peut-être qu'un seul. Mais ce n'est pas au détriment de la culture, car la culture est un tout et elle s'explore pas à pas, en suivant une course éliptique. Après le thème de l'amour, qui nous accompagnera jusqu'à la fin avril sans être épuisé, on passera à une autre thématique, et celle de l'amour pourra être reprise plus tard, l'année prochaine, ou ailleurs, à l'Espace Tango Negro par exemple.
(3) Mi noche triste, Toda mi vida, Como dos extraños et Fuimos font également partie de Barrio de Tango, aux éditions du Jasmin.
(4) Cette adresse mail est exclusivement réservée aux inscriptions à mes rencontres littéraires. Il ne sera pas fait de réponse aux autres sollicitations et surtout pas aux spams.
(5) Tous les trois largement présentés dans Deux cents ans après, le Bicentenaire de l'Argentine à travers le patrimoine du tango, revue Triages, Supplément 2010, Tarabuste Editions, janvier 2011.