lundi 13 juin 2011

Front uni des ONG sur fond de campagne électorale [Actu]

Quatre ONG des droits de l'homme ont publié avant-hier, 12 juin 2011, un communiqué de soutien à Madres de Plaza de Mayo (les Mères de la Place de Mai) pour répondre à la campagne de diffamation qui se déchaîne depuis quelques jours dans la presse d'opposition contre cette association, qui apporte son soutien à l'action du gouvernement actuel.

Voici ce communiqué en version bilingue :

Buenos Aires, 12 de junio 2011
Ante los hechos de público conocimiento, los Organismos de Derechos Humanos abajo firmantes expresamos
(Abuelas de Plaza de Mayo, Madres de Plaza de Mayo Linea Fundadora, Familiares de Desaparecidos y Detenidos por Razones Políticas, H.I.J.O.S)

Buenos Aires, 12 juin 2011
Devant les faits de notoriété publique, nous, Organisations des Droits de l'Homme signataires de la présente, déclarons
(Traduction Denise Anne Clavilier)

Que la lucha por la Memoria, la Verdad y la Justicia no puede ser manchada ni atacada por ningún grupo económico ni político que intente desprestigiar el arduo y comprometido camino que hemos recorrido en más de treinta años.
(Abuelas, Madres Linea Fundadora, Familiares, H.I.J.O.S.)

Que le combat pour la Mémoire, la Vérité et la Justice ne peut être ni entaché ni pris à parti par aucun groupe économique ni politique (1) qui cherche à rabaisser le chemin dur et engagé que nous avons parcouru en plus de 30 ans.
(Traduction Denise Anne Clavilier)

Todos nosotros surgimos del dolor más profundo que significa el habernos arrancado a nuestros familiares y habernos negado durante tantos años el derecho a la justicia. En este momento de juicios históricos a los genocidas y de la exigencia del cese de la impunidad para los cómplices civiles, vemos a sectores vinculados con crímenes políticos y económicos del terrorismo de Estado intentar ensuciar los pañuelos blancos, abrazados por todo el pueblo, incluso por el mundo entero, ante el cual las Madres y Abuelas de Plaza de Mayo son un ejemplo histórico en materia de compromiso y derechos humanos.
(Abuelas, Madres Linea Fundadora, Familiares, H.I.J.O.S.)

Nous tous, nous venons de la souffrance la plus profonde que représente le fait qu'on nous ait arraché des membres de nos familles et qu'on nous ait refusé pendant de si nombreuses années le droit à la justice. En cette heure où se tiennent les procès historiques des génocidaires (2) et où l'on exige la levée de l'impunité pour les complices civils (3), nous voyons des secteurs liés aux assassinats politiques et économiques du terrorisme d'Etat chercher à salir les Foulards Blancs (4), que tout le peuple serre sur son coeur, y compris dans le monde entier, devant lequel les Mères et les Grands Mères de la Place de Mai sont un exemple historique en matière d'engagement et de droits de l'homme.
(Traduction Denise Anne Clavilier)

No nos parece casual que en estos tiempos en los que se investiga la participación de los grupos económicos en el genocidio se manipule la información sobre Sergio Schoklender para agredir la lucha histórica de los Organismos de Derechos Humanos.
(Abuelas, Madres Linea Fundadora, Familiares, H.I.J.O.S.)

Il ne nous paraît pas fortuit qu'en cette heure où l'on enquête sur la participation des groupes économiques dans le génocide, on manipule l'information concernant Sergio Schoklender (5) pour porter atteinte au combat historique des Organisations des Droits de l'Homme.
(Traduction Denise Anne Clavilier)

Estamos convencidos de que la Justicia será la encargada de resolver la situación del ex apoderado de la Fundación Madres de Plaza de Mayo.
No podemos dejar de lado que en el momento de máximo avance hasta ahora en la Justicia, a 10 años de la apertura de la causa que involucra el derecho a la identidad de Marcela y Felipe Noble Herrera, se pretenda poner en duda la legitimidad de nuestra lucha.
(Abuelas, Madres Linea Fundadora, Familiares, H.I.J.O.S.)

Nous sommes convaincus que c'est à la Justice qu'il revient de résoudre la situation de l'ex-fondé de pouvoir de la Fondation Mères de la Place de Mai.
Nous ne pouvons pas passer à côté du fait qu'au moment où nous connaissons les plus grands progrès jusqu'à ce jour en matière de Justice, dix ans après l'ouverture du dossier qui implique le droit à l'identité de Marcela et Felipe Noble Herrera (6), on s'emploie à mettre en doute la légitimité de notre combat.
(Traduction Denise Anne Clavilier)

Repudiamos el uso que se está haciendo sobre este tema, que está siendo utilizado en una época electoral como una herramienta de ataque sin límites para intentar desprestigiar la honrosa tarea de las Madres y de los demás Organismos, así como también para agredir al Gobierno que desde la gestión de Néstor Kirchner y la de Cristina Fernández decidió hacer política de Estado la lucha histórica de los Organismos de Derechos Humanos. Pero también sabemos que esas políticas cuentan con un apoyo popular que es indestructible.
Sabemos que el pueblo nos acompaña y que más de treinta años de historia, lucha y compromiso nos respaldan.
Por Abuelas de Plaza de Mayo, Madres de Plaza de Mayo Línea Fundadora, Familiares de Desaparecidos y Detenidos por Razones Políticas, H.I.J.O.S. Hijos e Hijas por la Identidad y la Justicia contra el Olvido y el Silencio

Nous condamnons l'utilisation qui est faite en ce moment de ce thème, dont on est en train de se servir en période électorale comme une arme offensive sans limite pour chercher à abaisser la mission honorable des Mères et des autres Organisations, et aussi pour porter atteinte au Gouvernement qui, depuis l'action gouvernementale menée par Néstor Kirchner (7) et Cristina Fernández, a décidé de faire de la lutte des Organisations des Droits de l'homme une politique d'Etat. Mais nous savons aussi que ces actions gouvernementales bénéficient d'un appui populaire qui est indestructible.
Nous savons que le peuple nous accompagne et que plus de 30 ans d'histoire, de lutte et d'engagement nous apportent leur soutien.
Pour Grands Mères de la Place de Mai, Mères de la Place de Mai ligne fondatrice, Parents de Disparus et Prisonniers pour Raisons Politiques, H.I.J.O.S. Fils et Filles pour l'Identité et la Justice contre l'Oubli et le Silence
(Traduction Denise Anne Clavilier)

~ ~ ~ ~ ~

Jusqu'à présent, j'avais décidé de traiter en fait divers la mise en cause de ce fondé de pouvoir, que son ancien mandant, l'ONG Madres de Plaza de Mayo, vient de lâcher publiquement et contre lequel elle porte même plainte, devant la Justice, pour que toute la lumière soit faite sur ses agissements suspects, à la tête de la Fondation de promotion immobilière qui opère les programmes de construction et d'aménagement de logements sociaux, qui forment l'une des branches de l'engagement militant de Madres. Il était clair que Clarín et La Nación allaient chercher à faire leurs choux gras de cette affaire trouble, comme je l'ai dit dans un article récent (cliquez sur le mot-clé JDH dans le bloc Pour chercher, para buscar, to search, ci-dessus, pour accéder à l'ensemble des articles sur le sujet dans ce blog). En quelques jours, il s'est avéré que l'affaire est beaucoup plus grave qu'un simple fait divers de corruption et qu'elle ressemble de plus en plus, sinon à un coup monté, du moins à une manipulation de l'opinion qui ne peut pas ne pas être liée, de près ou de loin, à une campagne électorale où la majorité nationale est presque sûre de l'emporter pour la magistrature suprême et où l'opposition radicale, la droite libérale, voit son champion le plus séduisant, Mauricio Macri, chef du Gouvernement de la Ville Autonome de Buenos Aires, mis en difficulté dans son propre fief par le candidat péroniste, Daniel Filmus, lui-même ferme soutien politique des ONG des droits de l'homme.

Dès lors, il faut en parler dans ce blog consacré à l'actualité culturelle du Río de la Plata, tant cette affaire touche à des points capitaux de la vie des gens là-bas et des enjeux de choix de société qui sont devant eux.

Une de Página/12 du dimanche 12 juin 2011

Ce matin, Página/12, qui soutient et les ONG des droits de l'homme et le Gouvernement actuel en Argentine, donne la parole à Estela de Carlotto, la très rayonnante Présidente de Abuelas de Plaza de Mayo, dont des propos ont été récemment rapportés, de manière déformée, par les quotidiens Clarín et La Nación, comme des propos hostiles à la Présidente de Madres de Plaza de Mayo, Hebe de Bonafini.

Après le communiqué officiel des associations ci-dessus, je vous propose donc la version bilingue de l'interview de Estela de Carlotto publiée, hier matin, en ce dimanche de Pentecôte, et reprise in extenso sur le site Web de l'ONG Abuelas de Plaza de Mayo (voir le lien dans la partie basse de la Colonne de droite, dans la rubrique consacrée aux Droits de l'homme).

“No es que por aclarar yo estuviera responsabilizando ni juzgando a nadie, simplemente quería decir que somos dos organizaciones distintas y que el momento que estamos pasando es muy doloroso para nosotros también, porque todo lo que concierne a un organismo de derechos humanos nos afecta a todos. Somos todos parte de una historia. Tenemos en común el haber iniciado hace tantos años una lucha con un dolor muy grande”.
Estela de Carlotto, dans Página/12

Ce n'est pas que pour mettre les choses au clair, j'aie voulu mettre en cause ni juger personne, simplement je voulais dire que nous sommes deux organisations différentes et que le moment que nous vivons est très douloureux pous nous aussi, parce que tout ce qui concerne une organisation de droits de l'homme nous affecte tous. Nous sommes tous partie intégrante d'une seule et même histoire. Nous avons en commun d'avoir engagé, il y a tant d'années, un combat avec beaucoup de souffrance.
(Traduction Denise Anne Clavilier)

“Lo que dije es que, confiando en la Justicia, lo que esperamos es que se aclaren las responsabilidades de quienes cometieron delitos. La propia dirigente del organismo los denuncia. Pero cuando yo hago esas declaraciones, sin acusar a nadie, la prensa que está buscando la oportunidad agazapada para ver cómo puede desunirnos, disolvernos, atomizarnos y además directamente quienes involucrar la gestión del Gobierno, tergiversan los dichos, los ponen en otro contexto, los aíslan y ponen palabras que no son ciertas. Son medios que no nos convocan absolutamente para nada para hablar de cosas que son inherentes a Abuelas, como la búsqueda de nuestros nietos, no cubren juicios ni restituciones con la repercusión con que cubren estas cuestiones. Ahora hay un aprovechamiento de un momento tan duro, y que todos estamos expectantes de que tenga un final deseado, que se esclarezca todo, que se sepa qué responsabilidades hay y tratan de enfrentarnos entre nosotros, los compañeros de ruta.
Estela de Carlotto, dans Página/12

- Ce que j'ai dit, c'est que, ayant confiance dans la Justice, ce que nous attendons, c'est que les responsabilités de ceux qui ont commis des atteintes à la loi soient mises à jour. La dirigeante du mouvement elle-même porte plainte contre eux. Mais quand moi, je fais ces déclarations, sans accuser personne, la presse qui est à l'affût d'une opportunité pour voir comment elle peut nous désunir, nous dissoudre, nous atomiser et en plus, ils veulent (8) directement impliquer la politique du Gouvernement, ils tordent les dires, les mettent dans un autre contexte, les isolent et mettent des mots qui ne sont pas les bons. Ce sont les medias qui ne font pour rien au monde appel à nous pour parler de choses qui sont inhérentes à Abuelas, comme la recherche de nos petits-enfants, ils ne couvrent pas les procès ni les restitutions [d'identité] avec la répercution avec laquelle ils couvrent les histoires d'aujourd'hui (9). Maintenant, ils profitent d'un moment tellement dur et dont nous sommes tous en attente que ça se termine bien, que tout soit mis à jour, qu'on sache où sont les responsabilités et ils essayent de nous opposer les uns aux autres, nous les compagnons de route.
(Traduction Denise Anne Clavilier)

–Las diferencias entre los organismos de derechos humanos existen. Pero si uno se rigiera por lo que publicaron algunos medios, parece que se están acusando entre ustedes.
–Tratan de dividirnos, de que nos desconfiemos, que nos reprochemos. En una historia de 34 años no tuvimos siempre las mismas opiniones. Hemos discutido, hemos resuelto las cosas y seguimos juntos. De ninguna manera esto va a romper una amistad, ni un afecto de tantísimos años. Lo siniestro es que quieren con esta situación entintar las gestiones tanto de Néstor Kirchner como de Cristina, que fueron las que más hicieron por reconocer nuestra historia, de respetarla y darnos respuestas de manera permanente sobre lo que queremos, como verdad, memoria y justicia.
Estela de Carlotto, dans Página/12

- Les différences entre les organisations de droits de l'homme existent. Mais si l'une se laissait conduire parce qu'ont publié quelques media, on dirait que vous vous jetez mutuellement des accusations à la figure.
- Ils cherchent à nous diviser, à faire que nous perdions confiance les uns dans les autres, que nous nous jetions des reproches à la tête. Au long d'une histoire de 34 ans, nous n'avons pas toujours eu les mêmes opinions. Nous avons discuté âprement, nous avons trouvé des solutions et nous continuons ensemble. En aucune manière, cette histoire ne va briser une amitié, un attachement de tant et tant d'années. Le plus sinistre dans tout ça, c'est qu'ils veulent à travers cette affaire entacher les actions gouvernementales menées tant par Néstor Kirchner que par Cristina, qui furent celles qui ont le plus agi pour faire reconnaître notre histoire, la faire respecter et nous donner des réponses en permanence sur ceux que nous aimons, avec vérité, mémoire et justice.
(Traduction Denise Anne Clavilier)

–¿Para usted el objetivo es electoral o hay una intención de obstaculizar, por ejemplo, los juicios contra los represores?
–Hay un motivo electoral. Lo que quieren es desprestigiar la gestión de Cristina, como lo han querido siempre, sólo que ahora hay una campaña muy fuerte para que la gente que no tiene acceso a la lectura fina de la historia haga alianza con esas infamias y que esto tenga un resultado en las elecciones. Están peleando para que no se ponga en vigencia la Ley de Medios. Es un ataque a un proyecto de país. Y sobre los juicios, también, porque todos ellos han estado juntos desde la época de la dictadura, para poner un ejemplo, Clarín con Papel Prensa y (Jorge Rafael) Videla. Todos estos que estamos buscando como responsables del genocidio, de una manera u otra han sido partícipes de la apropiación de bienes, de concentración de poder en lo mediático. No quieren que hablemos, no quieren que se juzgue, no quieren que encontremos niños, porque, justamente, están en este momento en el tapete dos criaturas, un hombre y una mujer hoy, que pueden ser los nietos que buscamos, en poder de la dueña de un monopolio.
Estela de Carlotto, dans Página/12

- Pour vous, leur objectif est-il électoraliste ou y a-t-il une intention de faire obstacle, par exemple, aux procès contre les criminels de la Dictature ?
- Il y a un motif électoraliste. Ce qu'ils veulent, c'est rabaisser l'action gouvernementale de Cristina, comme ils ont toujours voulu le faire, à ceci près que maintenant il y a une campagne très intense pour que les gens qui n'ont pas accès à la lecture fine de l'histoire fassent alliance avec ces infâmies et que tout cela se traduise dans les urnes. Ils sont en train de batailler pour qu'on ne mette pas en oeuvre la Loi sur les Medias (10). C'est aussi une attaque contre un projet de nation, un projet de pays. Et contre les procès aussi, parce qu'ils étaient tous liés depuis l'époque de la Dictature pour prendre un exemple, Clarín avec Papel Prensa et (Jorge Rafael) Videla. Tous ceux que nous sommes en train de rechercher en leur qualité de responsables du génocide, d'une manière ou d'une autre, ont participé à l'appropriation de biens, ils ne veulent pas que nous retrouvions les enfants, parce que justement, en place publique, en ce moment même, deux petits, un homme et une femme aujourd'hui, qui peuvent être les petits-enfants que nous recherchons, sont au pouvoir de la propriétaire d'un monopole. (11)
(Traduction Denise Anne Clavilier)

–De todas formas las denuncias contra Sergio Schoklender existen, la misma Hebe de Bonafini las respalda, ¿cuál es su postura sobre ese tema? Para que quede claro...
–En principio nadie tiene derecho a juzgar a las personas si no existen las pruebas contundentes. Creemos, por lo que la propia Hebe dice, porque ella misma los denuncia, que hay un grupo de 16 personas que serían responsables de los delitos de los que se los acusan. Ella dijo abiertamente que se iba a avenir a lo que la Justicia resolviera. No niega que se investigue y, lógicamente, si está exenta de esto nada la va a tocar. No tenemos que acusar injustamente pero tampoco endiosar, porque todos somos seres humanos. La exageración en cualquier sentido no es buena. Somos nada más que mujeres en lucha.
Estela de Carlotto, dans Página/12

- De toutes les façons, les dépôts de plainte contre Sergio Schoklender existent, Hebe de Bonafini elle-même les soutient. Quelle est votre position là-dessus ? Pour que tout soit bien clair...
- En principe, personne n'a le droit de juger les personnes s'ils n'existent pas de preuves incontestables. Nous croyons, selon ce que dit Hebe elle-même, puisqu'elle-même porte plainte, qu'il y a un groupe de 16 personnes qui seraient responsables des délits dont ils sont accusés. Elle-même a dit ouvertement qu'elle s'en tiendrait aux décisions de justice. Elle ne refuse pas qu'on enquête et, logiquement, si elle est en dehors de tout ça, rien ne va l'atteindre. Nous ne devons pas accuser injustement mais nous ne devons pas non plus porter aux nues, parce que nous sommes tous des êtres humains. L'exagération n'est bonne ni dans un sens ni dans l'autre. Nous ne sommes rien d'autre que des femmes qui combattent.
(Traduction Denise Anne Clavilier)

Pour aller plus loin :
lire l'article de Página/12 sur le communiqué officiel des 4 ONG
Pour lire en direct le communiqué des ONG, rendez-vous sur leur site respectifs dont vous trouverez les liens dans la Colonne de droite, partie inférieure, dans la rubrique Droits de l'homme.

(1) Les ONG visent le groupe de presse Clarín ainsi que le quotidien La Nación, qui sont tous les deux très hostiles à la politique conduite par l'actuel Gouvernement argentin, alors que la Présidente jouit d'une telle popularité qu'elle est presque assurée d'être réélue au premier tour en octobre, alors qu'elle n'a pas même encore annoncé sa candidature à un second mandat. Elles visent également les forces politiques de droite libérale, qui constituent la principale force d'opposition dans le pays. C'est cette droite libérale qui a traditionnellement soutenu en Argentine la plupart des coups d'Etat depuis 1930, mis à part le coup d'Etat du GOU, en 1946, qui s'assimile à un coup de force militaire formant une sorte d'union nationale contre l'entrée en guerre imminente du pays et pour la mise en place d'un scrutin constitutionnel pour désigner un nouveau chef d'Etat (ce sera Perón, en 1946). A la toute fin de la guerre froide, c'est cette droite libérale qui a soutenu la Dictature militaire, qui a fini d'asservir le pays aux intérêts économiques, stratégiques et politiques des Etats-Unis.
(2) Les Argentins traitent de génocidaires les responsables des exactions de la dictature contre les droits de l'homme car il y a eu un projet de la part de ce régime de faire disparaître l'identité argentine. Il ne s'agit cependant pas d'un génocide au sens défini à Nüremberg, sens qui est appliqué aux événements qui se sont produits en Europe sous le joug de l'Allemagne nazie, au massacre des Arméniens par les Turcs en 1915, au massacre des intellectuels et des dissidents dans le Cambodge de Pol Pot ou à la persécution sanglante des Tutsis dans le Rwanda des années 1990. Les procès historiques dont il s'agit ici sont essentiellement le procès de l'ESMA, où sont jugés des tortionnaires emblématiques, comme Astiz, et le procès des enfants volés, où comparaissent deux anciens chefs d'Etat, pour avoir organisé le système de rapt en bas âge des enfants des opposants arrêtés et exécutés, ceux-là mêmes que recherche l'association Abuelas de Plaza de Mayo. Ces deux procès ont lieu actuellement, un autre s'est tenu l'année dernière et a abouti à de très lourdes condamnations. D'autres procès en cours concernent des tortionnaires de moindre niveau hiérarchique et des apropiadores, parents adoptifs d'enfants volés connaissant les origines des enfants qui leur étaient confiés.
(3) Sont visés là tous les collaborateurs qui ont tiré parti de la Dictature pour obtenir des prébendes, des avantages, s'emparer de biens de disparus et sous cette définition très large, c'est le scandale de Papel Prensa qui est clairement désigné. Papel Prensa est l'unique papeterie argentine produisant du papier journal. Cette entreprise jusqu'alors indépendante est passée sous le contrôle du groupe de presse Clarín sous la Dictature dans des conditions très glauques, en particulier la mort suspecte du propriétaire qui refusait de vendre et les ennuis judiciaires rencontrés par ses enfants après sa disparition dans un accident de voiture. Le scandale a éclaté il y a bientôt un an lorsque le Gouvernement a publié un rapport officiel sur les irrégularités de la vente de la papeterie au groupe Clarín.
(4) Les Foulards Blancs sont le symbole de Madres de Plaza de Mayo et de Madres de Plaza de Mayo Linea Fundadora. Il s'agit de langes de bébé que les fondatrices du mouvement ont choisi de nouer sur leurs cheveux pour aller manifester sous les fenêtres de la Dictature. Ces langes étaient ceux de leurs enfants disparus à l'âge adulte et qui avaient à l'époque de leur disparition entre 20 et 30 ans pour la plupart d'entre eux.
(5) Sergio Schoklender est un homme d'affaires auquel Madres de Plaza de Mayo avait confié la gestion de sa fondation de promotion immobilière qui gère son programme de construction de logements sociaux. Il est inculpé dans une affaire de détournement de fonds publics et de blanchiment d'argent depuis quelques semaines mais il avait donné sa démission dès décembre 2010. Les journaux du groupe Clarín ainsi que La Nación mènent tous deux campagne pour essayer de faire retomber le scandale sur l'assocation elle-même, dont la Présidente a pourtant pris tout à fait ses distances avec cet homme et 16 autres personnes, impliquées dans des agissements financiers suspects, faisant actuellement l'objet de l'enquête de justice. Cliquez sur le sigle JDH dans le bloc Pour chercher, para buscar, to search, ci-dessus, pour avoir accès à l'ensemble des articles concernant ces enjeux de justice et droits de l'homme en Argentine et en Uruguay.
(6) Il s'agit de la fille et du fils adoptifs de la propriétaire et actionnaire majoritaire du groupe Clarín, une ancienne salariée du journal qui a épousé le vieux patron qui est mort très peu de temps après sans lui laisser d'enfants. Leur adoption en 1976, l'année même du coup d'Etat qui a établi la dernière dictature en Argentine, est entachée de nombreux vices de forme, dont certains sont très graves. Il y a donc de fortes probabilités qu'ils puissent être nés pendant la captivité de leurs parents ou de leur mère, sans doute arrêtés et exécutés sous la Dictature. La famille Noble Herrera s'oppose depuis 10 ans et par tous les moyens, avec leurs avocats, à toutes les démarches officielles qui sont engagées pour établir l'identité de naissance des deux jeunes gens.
(7) Néstor Kirchner, président de l'Argentine entre 2003 et 2007, est mort le 27 octobre 2010 à l'âge de 60 ans. Au début de son mandat, il est monté à la tribune des Nations Unies et là il a déclaré que les Argentins étaient tous les enfants des Mères de la Place de Mai. C'était la première fois depuis la fin de la Dictature qu'un Chef d'Etat argentin rendait hommage au combat de ces femmes. Sa femme, Cristina Fernández, est l'actuel Chef de l'Etat, elle lui a succédé en décembre 2007.
(8) Je suppose qu'il y a là une coquille. Je traduis Quieren involucran et non quienes involucrar.
(9) En lisant Barrio de Tango, vous vous êtes peut-être rendu compte que bien souvent la plus grande couverture de presse sur les identifications obtenues par Abuelas, c'est bien dans Página/12 qu'on la trouve alors que Clarín et La Nación se contentent de petits articles un peu anecdotiques, voire de simples entrefilets, et parfois du silence le plus complet.
(10) Une loi votée depuis 2 ans, toujours en attente de pouvoir entrer en vigueur. Elle limite les monopoles et oligopoles en la matière et établit un cahier des charges pour chaque type de média, notamment des quotas de diffusion des oeuvres nationales sur les chaînes de radio et de télévision. Or le groupe Clarín possède plusieurs quotidiens, des magazines pour tous les âges et de nombreux secteurs sociaux, une société de fourniture d'accès Internet, une chaîne de télévision, plusieurs radios, etc...
(11) Il faut qu'elle en ait gros sur le coeur, Estela de Carlotto, pour parler ainsi, en prononçant des accusations aussi ciblées, elle qui d'ordinaire est très vgilante à ne pas prendre la place de la justice et à éviter le ton polémique. Là, elle se montre très accusatrice mais les circonstances sont particulièrement extraordinaires et les attaques particulièrement odieuses, ceci expliquant peut-être cela.