Photo extraite du site du quotidien
La Feria de Mataderos, dans le sud-ouest de Buenos Aires, est une fête populaire qui se tient tous les dimanches et qui se caractérise par son caractère fortement imprégné de ruralité typiquement pampera (le quartier est celui des abattoirs et, de tout temps, en tout cas, après 1580, il a été la zone tampon entre la ville, de plus en plus grande, surtout à partir de 1880, et la campagne environnante qui l'approvisionne), ses danseurs et ses musiciens folkloristes, ses grillades et son marché artisanal, tandis que la Feria de San Telmo, un peu plus centrale, est, quant à elle, caractérisée par ses brocantes et ses chineurs dominicaux.
Dimanche dernier, la Feria de Mataderos fêtait donc ses 25 ans. Dans Clarín, Sara Vinocur, créatrice de la manifestation, raconte :
“Con la vuelta de la democracia empecé a trabajar en el programa cultural en los barrios que tenía la Municipalidad. Por una de esas actividades descubrí el Mercado de Hacienda, y me fascinó desde el principio, porque me hacía acordar a San Germán, el pueblo bonaerense donde nací. Entonces surgió la idea de hacer una feria que fuera un rincón del campo en la Ciudad, un espacio para los porteños y para los del Interior que viven aquí”.
Sara Vinocur, dans Clarín
Avec le retour de la démocratie, j'ai commencé à travailler sur le programme culturel des quartiers que menait la Municipalité (1). A travers l'une de ces activités, j'ai découvert le Marché rural et ça m'a fasciné dès le début, parce que ça me rappelait San Germán, le village où je suis née dans la Province de Buenos Aires. Alors a surgi l'idée de faire une feria qui serait un coin de campagne dans la Ville, un espace pour les Portègnes et les gens de l'Intérieur qui vivent ici.
(Traduction Denise Anne Clavilier)
A l'occasion de cet anniversaire, le Ministre de la Culture, Hernán Lombardi, qui a aussi en charge le développement du tourisme (dont il est un professionnel, de formation et de carrière, assez efficace qui plus est), a rappelé que la Ville a apporté récemment quelques aménagements à la Feria, en installant un nouveau podium, des toilettes publiques et de nouveaux panneaux de signalisation. Autre information : il songe à inclure la Feria dans les parcours touristiques officiels. Vu le type de tourisme développé par le Gouvernement portègne sous la direction libérale actuelle, ce n'est peut-être pas une très bonne idée si on veut que, dans 5 ans, la Feria de Mataderos fête ses 30 ans avec les Portègnes et non pas uniquement avec des cars crachant leur cargaison interchangeable de Japonais, de Chinois, d'Allemands, de Français et de Canadiens venant se repaître d'exotisme de pacotille comme c'est déjà le cas, ô rage, ô désespoir, de Caminito, dans le quartier voisin de La Boca...
Pour en savoir plus :
lire l'article de Clarín du 13 juin 2011
(1) Buenos Aires n'était pas encore une entité autonome dotée d'une constitution et donc d'un Gouvernement et d'une Chambre législative (Legislatura) comme aujourd'hui. Elle était une simple municipalité qui avait la particularité, depuis 1880, de n'appartenir à aucune Province et de dépendre pour une partie du Gouvernement national et pour l'autre partie d'un Conseil Municipal dirigé par un Maire (Intendente), ce qui rendait ubuesque la gestion de cette mégalopole. Buenos Aires s'est dotée d'un Gouvernement et d'une Legislatura dans les années 90. La gestion est tout aussi ubuesque, par moments, mais plus pour les mêmes raisons. Notez aussi l'expression "retour de la démocratie" en lieu et place de "retour à la constitutionalité". Cette identification de la démocratie avec la constitutionnalité vous explique un peu les bizarreries que je relève de temps à autre dans les pratiques politiques locales. En fait, la démocratie,qui dépasse de loin le simple respect d'une constitution, n'a pratiquement pas existé en Argentine avant décembre 1983, même si un ordre constitutionnel, qui en tient lieu dans l'esprit des gens, qui n'ont par ailleurs pas beaucoup de points de comparaison, a bel et bien existé, notamment dans les années 1916-1930 puis 1946-1955. De là à parler de démocratie telle qu'elle fonctionne aujourd'hui en Argentine, il y a un fossé assez large...