A Th. P. en signe d'amitié
et à tous les amis footeux que j'ai de l'autre côté de l'Océan, Cucuza, Lucio Arce, Héctor Negro...
Aujourd'hui, l'Argentine footballistique, autrement dit la presque totalité du pays, communie dans la célébration des 25 ans de deux buts qui ont fait entrer El Diez (le n° 10) dans le panthéon du ballon rond. Pas de doute que toutes les chaînes de télévision et de radio vont repasser en boucle tout au long de la journée des bribes d'un certain match, qui eut lieu dans le nord, un jour d'enthousiasme et de liesse pour une Argentine plantée devant ses petits écrans et tout fraîchement sortie du cauchemar militaire.
et à tous les amis footeux que j'ai de l'autre côté de l'Océan, Cucuza, Lucio Arce, Héctor Negro...
Aujourd'hui, l'Argentine footballistique, autrement dit la presque totalité du pays, communie dans la célébration des 25 ans de deux buts qui ont fait entrer El Diez (le n° 10) dans le panthéon du ballon rond. Pas de doute que toutes les chaînes de télévision et de radio vont repasser en boucle tout au long de la journée des bribes d'un certain match, qui eut lieu dans le nord, un jour d'enthousiasme et de liesse pour une Argentine plantée devant ses petits écrans et tout fraîchement sortie du cauchemar militaire.
C'est en effet le 22 juin 1986, au Stade Azteca de Mexico-City (Mexico Ciudad), qu'un joueur argentin marquait contre une équipe d'Angleterre, aussi abasourdie qu'une légion romaine après le passage d'une tribu gauloise gavée de potion magique, deux buts qui portaient les Albicelestes au rang de Champions du Monde pour leur deuxième étoile et qui vengeaient du même coup le Cono Azul de l'humiliante déroute des Malouines, lorsque la Junte Militaire avait tenté, en avril 1982, de récupérer cet archipel à moutons de l'Atlantique Sud, conquis par l'Angleterre contre une jeune Argentine à peine remise de ses guerres révolutionnaire et civile, en janvier 1833.
Pour vous régaler dans la langue de Gardel avec ces souvenirs argentins, je vous invite à aller lire le récit du deuxième but, celui qu'on appelle el gol del siglo (le but du siècle) (1), quand Maradona a traversé tout le terrain de bout en bout en gardant le ballon au bout de sa chaussure gauche (la galera mágica, comme l'appelle le chroniqueur de Clarín) avant de l'envoyer dans la cage anglaise devant un gardien de but qui en voyait 36 chandelles (c'est donc dans Clarín, qui vous montre aussi les images télé de l'époque) ainsi qu'une anthologie de 25 petites phrases du buteur de légende pour raconter ce match immortel (et ça c'est dans La Nación). Or Dieu sait que Maradona, el Diego, El Diez, comme on le surnomme encore parfois aujourd'hui, a le verbe haut, le vocabulaire fleuri et une sympathique mauvaise foi, aussi colorée que parfaitement assumée en réserve... La forte actualité politique de ces derniers jours ne me laisse pas le temps de vous traduire tout ça et je le regrette, croyez-le bien (2).
(1) Le premier but, vous savez comment on l'appelle ? La mano de Dios. C'est l'expression qu'avait employée Maradona lui-même pour justifier, peu après le match, cette enfreinte aux règles du jeu (pour les non footeux, c'est un but qu'il a marqué de la main, au nez et à la barbe de l'arbitre qui a enregistré le point au grand dam des Anglais qui avaient vu la faute mais n'ont jamais pu la prouver sur le terrain). En Europe, on a beaucoup glosé sur cette outrecuidance, qui n'en est pas une. Maradona ne s'est pas pris pour Dieu ce jour-là, il a donné une interprétation nettement politique à son geste qui a été comprise comme telle partout en Amérique Latine et que nous n'avons absolument pas saisie, même en Espagne, incapables que nous sommes de comprendre à quel point en Amérique du Sud, le sport et surtout le foot est le lieu d'une ardente compétition politique contre l'hémisphère nord, c'est-à-dire nous.
(2) L'auteur-compositeur interprète Alorsa (1970-2009), dont j'ai eu la chance d'être l'amie et dont je suis devenue ensuite la traductrice, a évoqué ce match et cette assurance sans vergogne dans plusieurs de ses oeuvres mais en particulier dans Para verte gambetear, une chanson-candombe que vous pouvez lire en version bilingue dans Barrio de Tango, recueil bilingue de tangos argentins, que j'ai publié en mai 2010 aux Editions du Jasmin. C'est à la page 138. Le poète Alejandro Szwarcman a lui aussi consacré un très beau tango à Maradona, avec le compositeur Javier González, Pompeya para Diego era París, chanté par Patricia Barone dans leur disque Gestación. Vous en trouverez le texte, en version bilingue, dans ma seconde anthologie, Deux cents ans après, le Bicentenaire de l'Argentine à travers le patrimoine littéraire du tango, publiée en janvier 2011, chez Tarabuste Editions, dont il constitue le Supplément 2010 de la revue Triages (p. 121, avec comme illustration la partition manuscrite de Javier en vis-à-vis sur la page 120). Je pense aussi à ce grand amateur de foot qu'est l'auteur-compositeur-interprète Lucio Arce, dont je n'ai encore introduit aucune des letras ni dans ce blog ni dans aucun livre... Cela viendra bien un jour. Patience.