mardi 28 juin 2011

Pepe Mujica fait rouvrir 88 affaires de disparition [Actu]

En dessous du gros titre sur la Ley de Caducidad, vous reconnaissez les amis du River, dégringolés en seconde division dimanche après-midi

Hier, 27 juin 2011, les Uruguayens commémoraient le 38ème anniversaire du coup d'Etat militaire qui avait mis en place la longue dictature qu'ils ont subie entre 1973 et 1985 et contre laquelle l'actuel Président de la République avait pris les armes pour entrer dans la guerrilla urbaine.

C'est le jour que ce Président, José Mujica, a choisi pour annoncer qu'il allait utiliser son pouvoir exécutif pour faire rouvrir les enquêtes sur 88 cas de disparition sous la Dictature, en débit du maintien en vigueur de la Ley de Caducidad (loi d'amnistie), qui n'a été que légèrement amendée cet été à la suite d'une condamnation de 3 de ses articles par la Cour Interaméricaine des Droits de l'Homme (voir mon article du 25 mars 2011 au sujet de cette condamnation de l'Uruguay et mon article du 21 mai 2011 sur la tentative avortée d'abolir complètement la loi il y a un mois).

Aussitôt l'Armée a fait savoir son opposition en criant à l'acte anticonstitutionnel mais le Pouvoir Judiciaire semble avoir trouvé la parade en déclarant nuls tous les actes administratifs posés entre 1985 et 2005, ce qui enlève aux bourreaux qui pourraient encore être inquiétés par ces 88 enquêtes (parce qu'ils sont encore vivants) le bénéfice de cette loi d'amnistie derrière laquelle tous les criminels de la Dictature trouvaient jusqu'à présent à s'abriter. Et le Président a procédé par décret pour ouvrir aux autorités judiciaires les archives du ministère de la Défense pour les 88 dossiers sélectionnés, dont plusieurs concernent des parents de citoyens argentins ou de résidents en Argentine.

C'est une pétition de l'ONG HIJOS, qui rassemble en Argentine des enfants de disparus en Argentine, qui a déclenché cette décision à la Présidence de la République uruguayenne, dont rien pour le moment ne nous assure qu'elle pourra aller à son terme, la résistance des Uruguayens à faire la lumière sur ce passé douloureux étant beaucoup plus forte que dans les pays qui les entourent, lesquels mènent progressivement en oeuvre les procès des criminels toujours en vie.

Pour aller plus loin :
lire l'article d'hier de La República, annonçant la décision de Mujica
lire l'article d'aujourd'hui de La República sur le décret sur l'extraction des dossiers
lire l'article de El País (le quotidien de Montevideo, et non celui de Madrid)
lire l'article de Página/12 (quotidien argentin favorable à la recherche de la vérité sur les crimes des dictatures)
lire l'article de Clarín (quotidien argentin nettement plus circonspect sur ces affaires politico-judiciaires).