lundi 22 octobre 2012

Buenos Aires, le roman national argentin et la culture populaire, jours 10 et 11 [Agenda de Barrio de Tango]


Museo Casa Carlos Gardel

Nous y voici donc enfin : les deux jours consacrés exclusivement au tango argentin, dans toutes ses dimensions artistiques et culturelles, qui ne se limitent donc pas et de loin à la danse...

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Avant-dernier épisode de ma série d'articles hebdomadaires, ouverte le 18 septembre dernier, pour vous décrire le programme du séjour culturel que je vous propose de faire à Buenos Aires dans l'automne austral.

Rappel des épisodes précédents (pour lire les articles, cliquez sur le lien) :
le programme des jours 2 et 3 (le jour 1 est celui du vol aller)
Tous ces articles sont rassemblés sous le mot-clé Viaje, sur lequel vous pouvez cliquez dans le bloc Pour chercher, para buscar, to search, ci-dessus.

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Le 10ème jour de notre séjour sera consacré, à tout seigneur tout honneur (1), à Carlos Gardel. Le titre de la journée : Carlos Gardel, un immigrant comme les autres ?

Promenade matinale (à une heure raisonnable, on est en vacances) dans le quartier dit El Abasto, où il passa une bonne partie de sa vie, depuis son enfance (il est arrivé à Buenos Aires à tout juste deux ans, en mars 1893), et presque jusqu'à sa mort, intervenue au retour d'une tournée de dix-huit mois, à Medellín, en Colombie, le 24 juin 1935, alors qu'il n'avait pas encore 45 ans.

Ce quartier est habité encore aujourd'hui par son souvenir presque palpable. Il est partout sur les murs et dans les esprits. Le coin doit son nom aux anciennes Halles aux fruits et légumes (Abasto), qui commencèrent comme un marché de plein air en 1893. Il y gagna un peu sa vie en déchargeant des cageots et en aidant les maraîchers et les marchands. A partir de 1936, le marché s'abrita dans ce qui est maintenant le shopping (centre commercial) del Abasto. Un magnifique bâtiment ! Tout près de là, il y avait ce bar où, tout jeune, il gagnait quelques autres sous en imitant les chanteurs lyriques du Teatro Colón où il allait le soir faire la claque ou donner un coup de main aux machinistes. Ce café, fréquenté autrefois par les forts de halles, est devenu un cena-show ultra-sélect, la Esquina Carlos Gardel, dîner-spectacle où les Portègnes ne mettent jamais les pieds. C'est dans ce coin qu'il a habité à partir de 1927 dans une maison toute neuve qu'il avait achetée et qui est aujourd'hui le Museo Casa Carlos Gardel, dont je vous parle quasiment toutes les semaines, rue Jean Jaures 735.

C'est là que nous aurons rendez-vous avec le tango-danse, en fin de matinée, vers 11h sans doute, dans ce patio où il aimait répéter : cours exclusif avec Aurora Lubiz et Luciano Bastos (2).
En fonction du groupe que nous formerons, ce sera soit un cours d'initiation, pour faire cette expérience physique de déplacement culturel (si vous voulez, personne ne vous forcera), soit un autre type de cours, si les danseurs ont déjà une certaine pratique (encore que le retour aux bases n'est jamais mauvais, surtout avec des bons profs ! L'humilité, c'est la seule voie du progrès en tout), soit un mixte des deux.
Les Argentins sont très forts pour s'adapter aux situations les plus variées, je fais entièrement confiance à Aurora et Luciano dans ce domaine comme dans le reste...
Cours exclusif comme il se doit, avec une professeur argentine qui se débrouille en jonglant entre espagnol, italien et anglais, avec une touche de français par ci par là (ça aussi, ça fait partie intégrante de l'expérience du tango-danse, qui est né comme une danse entre des gens qui ne parlaient pas la même langue), et un professeur, brésilien, qui parle français (+ espagnol + portugais + anglais, enfin bref, la totale !).

Après le cours, nous irons déjeuner au Café de los Angelitos, qui était un peu la cantine de Gardel à partir du moment où il a gagné suffisamment bien sa vie avec son art pour se permettre d'aller manger au restaurant toutes les nuits, à partir de 1911 ou 1912.
Dix ans après sa mort, José Razzano, le partenaire de duo de Gardel jusqu'en 1925, écrivit, avec Cátulo Castillo, un tango sur cet établissement pour rendre hommage à l'ami disparu. Ce tango s'intitule Café de los Angelitos et vous pouvez l'écouter, chanté ici par Libertad Lamarque, dans l'audiothèque du site argentin Todo Tango.

Pour ma part, j'ai au Café de los Angelitos le très beau souvenir d'une merienda (five o'clock tea, à la mode argentine) avec mon ami Chilo Tulissi, qui nous a quittés le 11 septembre dernier (voir mes articles sur lui)... Il m'y avait invitée après une longue promenade que nous avions faite en devisant tous les deux le long de Avenida Rivadavia... Que de beaux souvenirs !


Après ce déjeuner, qui est bien entendu compris dans le prix du voyage, nous nous rendrons, sans doute en métro, jusqu'au cimetière de la Chacarita, où la tombe de Gardel (illustration ci-dessus) fait l'objet d'un véritable culte des plus étranges pour nous. Les plaques dont le monument est recouvert au point de presque disparaître sont autant d'ex-votos adressés à un homme qui est presque devenu un dieu. Gardel es Dios, dit-on en Argentine (on le dit aussi de Maradona, d'ailleurs !).
On ne pourra pas voir tout du cimetière de la Chacarita. Il est immense. Mais on passera devant d'autres tombes, qui sont autant de témoignages de ce qu'est la culture populaire là-bas. Car la Chacarita, c'est avant tout le cimetière populaire. Le beau monde préfère reposer du dernier sommeil à la Recoleta...
Sur la photo, vous repérerez (avec de bons yeux, la photo est petite), le monument du poète Celedonio Esteban Flores, l'un des partenaires de création de Gardel : il y a, tout au bout de l'allée, sur la gauche de l'image, une masse grise sous les branches des arbres...

En fin d'après-midi, nous retournerons à notre point de départ : el Abasto et le Museo Casa Carlos Gardel, où nous prendrons le temps de regarder les expositions du moment, l'exposition permanente dans les deux premières pièces et l'exposition temporaire, qui occupe la troisième pièce, tandis que la quatrième est occupée par l'exposé de la carrière de Gardel au cinéma, avec écran sur lequel défilent des extraits de ses films. Dans le patio, quelques recoins fonctionnels évoquent la vie quotidienne, surtout celle de sa mère, qui mourut dans ces murs en juillet 1943 (elle l'a rejoint dans sa tombe de la Chacarita).

A 18h30, comme tous les lundis ou presque, nous pourrons assister au concert habituel, Mis tardes con Gardel, avec les artistes qui seront programmés à ce moment-là...

On sortira très probablement entre 20h30 et 21h. Il sera donc temps d'aller dîner dans un restaurant du coin, ou de rentrer directement à l'hôtel (dînette dans la kichnette dont chaque chambre est équipée et trempette à la piscine ou au jacuzzi pour dormir comme un bébé ?), ou enfin d'aller danser dans l'une des milongas du lundi (la liste est publiée dans les deux revues spécialisées que sont La Milonga Argentina et El Tanguata, dont vous avez les liens permanents dans la Colonne de droite de ce blog, à la rubrique Eh bien ! dansez maintenant).

Le lendemain, nous continuons avec la suite de l'histoire du tango argentin.
C'est Gardel qui lui a donné sa dimension mythique, identitaire, poétique, vocale et son prestige international. Mais il y a un tango après et à côté de Carlos Gardel...

Le lendemain, après le petit-déjeuner, nous commencerons donc notre journée par la visite, à cent mètres de notre hôtel dans la même rue, de la Casa del Bandoneón, du maître-facteur Oscar Fischer.
Ce n'est pas seulement un musée. C'est aussi un atelier de fabrication d'instruments, un atelier d'accordeur, car le bandonéon ne peut pas être accordé par l'instrumentiste, et une école artisanale où Oscar Fischer veut transmettre les bons gestes, la bonne technique, le respect du métier et son éthique (un programme ambitieux et humble à la fois !). Oscar, c'est toute une figure. Cordial, passionné, patriote, cultivé, goguenard... C'est lui qui est à l'initiative de la loi qui protège l'instrument en Argentine et en surveille la sortie du territoire (et ça marche, malgré les doutes que cette mesure avait fait naître en 2009 ! Les douaniers contrôlent en effet, à l'entrée et à la sortie du pays !). Lire à ce propos mon article du 3 novembre 2009 (du temps où la Casa del Bandoneón se trouvait encore, mal logée, dans la rue Defensa, à San Telmo).

Après le déjeuner ou avant (car il y a plein de restaurants sympas de ce côté-là), nous nous retrouverons dans ce carrefour mythique qu'est la esquina Corrientes y Callao. C'est là qu'est implanté le plus emblématique disquaire de Buenos Aires, celui qui offre le choix le plus vaste, même si le phénomène du téléchargement illégal, un désastre en Argentine, l'affaiblit tous les ans un peu plus : Zivals expédie même ses commandes dans le monde entier, à travers sa boutique en ligne tout à fait sécurisée (voir les liens permanents dans la rubrique Les commerçants du Barrio de Tango, dans la partie basse de la Colonne de droite). En face, une autre institution : l'hôtel Bauen, repris de force il y a plusieurs années par ses salariés licenciés qui en ont relancé l'activité à travers une coopérative, l'une des formes de la résistance ouvrière au capitalisme sauvage, dérégulé, des années Menen, qui a conduit le pays dans le mur à Noël 2001 (3).

Après une visite chez le disquaire -ça s'impose quand on est à Buenos Aires- nous prendrons doucement l'avenue Corrientes qui est l'axe historique et névralgique de la culture populaire et du tango comme nous le monteront les théâtres, les musées, les cafés, les librairies, les plaques commémoratives que nous ne pourrons même pas compter, tantôt sur le trottoir nord, tantôt sur le trottoir sud, jusqu'au Luna Park, en passant par l'Obélisque et cette Plaza de la República qui est le grand lieu où les Portègnes se rassemblent dès qu'il y a quelque chose à fêter : la neige tombée le 9 juillet 2007 (ça n'arrive jamais à Buenos Aires, ça !), le Bicentenaire de la Révolution de Mai, un grand match de foot type Argentine-Brésil ou Argentine-Uruguay, une demi-finale de coupe du monde de rugby (si les Pumas ont des chances d'aller en finale) ou n'importe quoi d'autre du moment que c'est un peu exceptionnel.
Cet Obélisque, je vous en parle parfois : il est à Buenos Aires ce que la Tour Eiffel est à Paris, la notoriété mondiale en moins. Il n'imite pas celui de la place de la Concorde comme les Français ont tendance à le croire. Il imite celui qui se dresse sur le National Mail à Washington, celui que l'on voit dans les champs larges des retransmissions de prestation de serment des présidents des Etats-Unis (surveillez votre écran de télé en janvier prochain !). L'Obélisque de Buenos Aires rappelle quatre grandes dates de l'histoire nationale, à commencer par les deux fondations de Buenos Aires. Il a été érigé là en 1936, pour les 400 ans de la première fondation, par Pedro de Mendoza. En mai 2011, en avant-première de la fête nationale du 25 mai, Clarín lui avait consacré un article fouillé auquel j'avais bien entendu fait écho ici, en français (voir mon article du 22 mai 2011).
Avant d'arriver au Luna Park, stade et scène mythiques, nous nous recueillerons devant "Corrientes 348"... Cela ne vous dit rien ? C'est pas possible !
Mais si ! c'est le tout début d'un très célèbre tango qui est au genre ce que La vie en rose est à la chanson française : A medialuz (ici chanté par Gardel, dans l'audiothèque de Todo Tango) (4)

De part et d'autre de l'avenue Corrientes, on rencontre aussi une montagne d'éléments de la tradition du tango.
C'est dans une des rues adjacentes, Uruguay, que se trouve l'adresse où Berthe Gardes a habité avec son fils à partir de 1893.
C'est dans une des rues adjacentes, Montevideo, que se trouvait la fameuse parilla de Bachín, celle rendue si célèbre par la valse de Astor Piazzolla et Horacio Ferrer, Chiquilín de Bachín (à écouter aussi sur Todo Tango) (5).
C'est dans une des rues adjacentes que se dresse la Confitería la Ideal, fondée par un Français, aujourd'hui l'une des meilleures milongas d'après-midi de Buenos Aires.
C'est dans une rue adjacente que l'on lit la plaque qui rappelle l'emplacement du Chantecler, le célèbre cabaret où Juan D'Arienzo connut ses plus beaux succès dans les années 30 et 40.
C'est dans une rue adjacente qu'on trouve le célèbre Teatro Maypo...
Tous les grands du tango ont laissé des souvenirs dans ces parages : Troilo, Di Sarli, Pugliese, Caló, Canaro, Discépolo, Piazzolla sans reparler de Gardel qui est partout.

C'est une des raisons pour lesquelles Corrientes a tant inspiré les auteurs et compositeurs de tango.
Je vous ai fait une petite sélection dans l'audiothèque de Todo Tango :
Café Domínguez, où Pugliese commença sa carrière de pianiste dans la formation de la bandonéoniste Paquita Bernardo (une plaque commémorative marque la hauteur du café disparu sur la façade du CCC Floreal Gorini)
Corrientes y Esmeralda, autre carrefour qui a certes bien changé depuis les années 20 que raconte Celedonio Flores (6)
Tristeza de la calle Corrientes, qui parle des artistes sans le sou "qui se voyaient déjà en haut de l'affiche" et qui ne s'en sortent pas vraiment. Rien n'a beaucoup changé en revanche de ce côté-ci... (7)
et dans le répertoire post-piazzollien, ce Obelisco, de Hipólito Torres, pas très connu comme à peu près toutes les œuvres postérieures à 1975 mais il n'en mérite pas moins un coup d'oreille (8).

Nous finirons notre journée, à un horaire raisonnable, par une visite du Palacio Carlos Gardel, qui n'est autre que le siège de notre chère Academia Nacional del Tango et là, je vous fais mettre, comme au Museo Casa Carlos Gardel, les petits plats dans les grands. Je vous ferai bien entendu moi-même les honneurs du Museo Mundial del Tango, voulu et décrété par le président, Horacio Ferrer, et constitué et conservé par ce collectionneur qu'est Gabriel Soria, premier vice-président de l'institution. Ce sera pour moi une joie particulière, comme vous pouvez l'imaginer.
Et nous nous retrouverons ensuite dans le Salón de los Angelitos Horacio Ferrer pour écouter une conférence en français, donc en exclusivité pour nous : José María (Pepe) Kokubu nous parlera de la longue continuité de l'art vocal occidental qui a abouti au tango-canción tel que Carlos Gardel l'a inventé il y a environ un siècle et tel qu'il continue d'exister de génération en génération, depuis l'art vocal du Moyen-Age en passant par le chant baroque, la dramatisation inventée par Mozart pour la scène d'opéra et par l'île de Cuba, où s'est développé le fonds musical afro-américain qui a ensuite ensemencé toute la musique américaine, le ragtime, le blues et le jazz puis le rock au nord du continent, et au sud, la salsa, la samba, la rumba et jusqu'au candombe, à la milonga et au tango, à travers l'influence de la habanera... Un vrai bijou de conférence que Pepe délivre indifféremment en espagnol, en anglais, en français, en japonais (et je crois bien aussi en italien)... Et si notre Président est à Buenos Aires à cette date sans être occupé à l'autre bout de la ville, il viendra nous saluer ! Il y tient, je vous le promets...

Palacio Carlos Gardel
(au rez-de-chaussée et en sous-sol, le Gran Cafe Tortoni)

Nous finirons donc notre soirée vers 21h30. Donc en début de soirée pour des Argentins. Comme la veille, il restera donc encore pas mal de temps, soit pour aller danser, soit pour aller dîner (un dîner plus festif que ce qu'on peut faire si on enchaîne ensuite sur une milonga), soit pour rentrer sagement à l'hôtel et profiter ou non de la piscine et du jacuzy... Vous faites ce que vous voulez !

Pour aller plus loin :
Sur la Academia Nacional del Tango, le Museo Casa Carlos Gardel, Carlos Gardel, Pepe Kokubu, Gabriel Soria et Horacio Ferrer, vous pouvez en savoir plus avec les articles déjà publiés sur ce blog en cliquant sur leur nom soit dans le bloc Pour chercher, para buscar, to search, ci-dessus, soit dans la liste Vecinos del Barrio, dans la Colonne de droite (partie haute).
Dans la rubrique Eh bien ! dansez maintenant, dans la Colonne de droite, vous trouverez le lien vers le site Internet de Aurora Lubiz.
Sur la Buenos Aires de Carlos Gardel, voir mon article n° 1000 du 23 novembre 2009


(1) J'ai déjà utilisé cette expression pour la journée consacrée au Général San Martín et en effet, ils sont deux figures argentines majeures, chacun dans son domaine, San Martín pour la politique et la Révolution, Gardel pour la culture populaire, appelée à devenir peu à peu, dans les décennies qui viennent, la culture argentine tout court. Borges relève lui d'un autre domaine, la culture élitaire et élitiste avec une aspiration affichée à l'universalisme que le tango a pu obtenir en cultivant une idiosyncrasie, notamment linguistique que Borges méprisait copieusement... C'est d'ailleurs souvent dans l'enracinement local que se forge l'universalité d'un genre ou d'une œuvre, mais rarement en recherchant délibérément cette qualité.
(2) Aurora Lubiz et Luciano Bastos sont les deux danseurs dont la photo orne la couverture de mon libre, Barrio de Tango, recueil bilingue de tangos argentins, éditions du Jasmin, mai 2010.
(3) Depuis, le gouvernement fait ce qu'il peut pour rétablir un équilibre régulateur au sein d'un système capitaliste dont le libéralisme n'est tempéré que par la loi. Encore faut-il que cette loi ne soit pas lettre morte, or en Argentine et en matière d'économie, la loi n'est pas toujours respectée...
(4) Chiquilín de Bachín est présenté et traduit dans Barrio de Tango, ouvrage cité, p. 156.
(5) A media luz, dans Barrio de Tango, ouvrage cité, p. 100
(6) Corrientes y Esmeralda, dans Barrio de Tango, ouvrage cité, p. 194.
(7) Tristezas de la calle Corrientes, dans Barrio de Tango, ouvrage cité, p. 207
87) J'ai moi-même présenté à travers mes deux anthologies de nombreux morceaux consacrés à la rue, devenue avenue, Corrientes, et à Carlos Gardel, tant dans Barrio de Tango que dans Deux cents ans après, tant ces deux symboles du tango occupent de place dans le répertoire depuis 1916 jusqu'à aujourd'hui. Mais Todo Tango ne les présente pas tous encore, loin de là...